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Comme des dominos en mal d’amour…

EDITO –… Ils tombent, ils tombent, ils tombent. Pusillanimes, menteurs, hypocrites, arrivistes, corrompus. Les représentations mentales de l’homme politique sont rarement mélioratives. Les événements de ces dernières semaines n’auront contribué qu’à agrandir le fossé entre les citoyens et les acteurs du pouvoirs.

Curieux appareil médiatique que celui de la France. Pourquoi, de l’éclatement d’un scandale s’en suit-il forcément un grand déballage de petites affaires en rapport direct ou indirect avec le premier barouf ? Est-ce simplement parce-que l’exposition médiatique d’une première affaire permet aux journalistes de pousser l’investigation plus loin ? Ou peut-être, la presse française est-elle jalonnée de souterrains d’informations, jamais appelées à déferler sur la place publique, stoppées par les connivences avec le pouvoir ?

Mardi 2 Avril, Jérôme Cahuzac avoue posséder un compte en Suisse. Le lendemain, on apprend que l’ouverture du compte non déclaré de l’ancien ministre du budget a été opéré par un proche de Marine Le Pen. Le sur-lendemain, les activités du trésorier de campagne de François Hollande – qui détiendraient plusieurs sociétés offshore aux Iles Caimans – font également les choux gras de la presse. Sans parler, bien sûr, des coïncidences chronologiques troublantes. La mise en examen de Nicolas Sarkozy quelques jours avant, la perquisition chez Patrick Buisson, conseiller de campagne de l’ancien président de la République… Hasards ou non, le tohu-bohu dicte sa loi, et force les portes du scandale.

Du capharnaüm à droite au capharnaüm à gauche, au capharnaüm partout

On aurait pu croire, au premier abord, que la droite sortirait renforcée de cette grande cacophonie, qui fait rage au sein du gouvernement socialiste. Tous les acteurs politiques français, des extrêmes au centre, tirent à boulets rouges sur François Hollande et sa république corrompue. A priori du pain béni pour Jean-François Copé, qui voit sans doute là une occasion de redorer le blason de l’UMP, sali et fragilisé par des mois de crises. Maigre consolation ? Non, coup mal calculé. Car le flocon se mue en gros flocon, puis en boule de neige. Tour à tour, les politiques font la lumière sur leur patrimoine, comme si l’Epée de Damoclès menaçait leur nuque. Tous les bords politiques sont concernés. Pierre Moscovici, Cécile Duflot, François Fillon révèlent tour à tour leurs biens, comme s’ils avaient compris que c’est de cet acte qu’adviendra – ou non – la sentence électorale. Dans le même temps, grand jeu de poker-menteur. L’enjeu de ces derniers jours, c’est de prouver que le camp d’en face était au courant des agissements du désormais ex-ministre du budget. A droite, on ne cesse de clamer que Bercy connaissait l’existence du compte non déclaré de Jérôme Cahuzac. L’Hebdomadaire Valeurs Actuelles affirme que «  le 7 décembre, soit trois jours après le premier article de Mediapart mettant en cause Cahuzac, le ministre de l’Économie et le directeur général des Finances publiques, Bruno Bézard, ont chargé une quinzaine de fonctionnaires » d’enquêter secrètement sur la véracité de ces affirmations ». Quelques jours après la première invective de Libération, qui révélait le 5 Avril dernier, que d’anciens collaborateurs d’un ministre UMP (Xavier Bertrand) avaient reconnu avoir été alertés avant même l’élection de François Hollande. La parole d’une presse de gauche, contre celle d’une presse de droite.

« Tous pourris »

Ils tombent, les dominos. Ils tombent dans les sondages. C’était prévisible, le grand tohu-bohu a un impact sanglant sur l’opinion publique. Selon le baromètre Yougov du 11 Avril 2013, 76% des français n’ont pas confiance en leurs politiques. Soit + 9 points en un mois. Quant aux côtes de confiance de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, elles sont – sans grande surprise – constamment baissières (20% pour le premier, et 16% pour le deuxième). Le scepticisme ambiant se mue, lentement mais sûrement, en vraie défiance à l’égard du politique.

François Hollande voulait incarner une république irréprochable. Créer la rupture avec les gouvernements précédents, où les scandales politico-financiers germaient comme des bourgeons à l’approche du printemps. Mais il se heurte, en ce début du mois d’Avril, au mal qui vérole mais qui caractérise le politique : le mensonge. Comment oublier avec quel aplomb et apparente sincérité, que Jérôme Cahuzac avait juré, la main sur le cœur, devant les députés, qu’il n’avait pas les mains sales ? Ce même Cahuzac, qui, en juin dernier, avait demandé à l’association Anticor (spécialisée dans la lutte contre la corruption) d’établir une chartre éthique qui devait stipuler l’inéligibilité à vie d’un homme politique en cas de délit fiscal ?

François Hollande a déclaré vouloir « moraliser la vie politique ». Comprenez « légiférer le mensonge ».

La France. Ce pays où, en période de ménage de printemps, le désordre est encore plus grand.

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