Le 13 novembre 2015, des enfants ont entendu les sirènes, vu les images, mais surtout ressenti la peur. Aujourd’hui, une interrogation reste la même : comment expliquer ce traumatisme national aux enfants ?
Dans le jardin May Picqueray, l’ambiance est spéciale. Pourtant, les deux tables de ping-pong sont occupées par des joueurs, concentrés dans leur partie. Des personnes sont aussi assises en train de manger sur des bancs, et des coureurs passent à travers l’espace de verdure. Mais au milieu de cette scène banale s’érige une stèle. Nous sommes le mardi 11 novembre 2025 et à quelques mètres du Bataclan, l’atmosphère est au recueillement. La plaque commémorative est entourée de fleurs, de bougies et de mots pour tous ceux qui nous ont quittés il y a maintenant 10 ans. Face à ce lieu de mémoire se dresse un parc pour enfants.
Il y a 10 ans, le 13 novembre
Le 13 novembre 2015, une série d’attaques ont frappé différents lieux à Paris et proche banlieue. Des personnes sont allées dans des cafés, dans un concert, à un match de foot, comme elles l’avaient déjà fait d’autres fois. Ce soir-là, plusieurs attaques coordonnées ont visé ces lieux de vie. Le bilan est lourd, 132 morts et plus de 400 blessés. Dans un tel contexte, comment aborder ce type d’événement avec des enfants ? Comment trouver les bons mots, même dix ans après, sans dramatiser, minimiser, mais en aidant à comprendre ?
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Les enfants à l’époque des attentats
À la suite des attaques de Paris, les médias français et internationaux ont rapidement pris la mesure de l’impact potentiel sur les enfants, tant en tant que témoins indirects qu’en tant que publics vulnérables. Certains journaux destinés aux jeunes, comme Le Petit Quotidien, ont publié des éditions spéciales pour expliquer l’événement aux enfants avec un vocabulaire adapté, posant des questions telles que « Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi ? Que se passe-t-il ensuite ? ».
Parallèlement, des professionnels des médias pour enfants ont recommandé d’éviter les mots trop violents comme « carnage » ou « massacre », et préconisé d’accompagner l’information par des explications rassurantes sur la sécurité et le rôle des adultes.
Expliquer pour les enfants maintenant
Aujourd’hui, il faut encore expliquer l’évènement aux nouvelles générations. Lorsque l’on s’attèle à expliquer un attentat comme celui du 13 novembre aux enfants, il ne s’agit pas de reconstruire tous les détails. Ce que les enfants ne peuvent ni intégrer ni gérer totalement. On peut aider l’enfant à comprendre que quelque chose de très grave s’est passé.
Mardi 11 novembre 2025, 15 heures 24. Nous sommes témoin d’une scène entre une mère et son fils. Aux abords de la plaque commémorative, une famille rentre dans le parc. La mère laisse échapper : « Ho, ils ont mis une plaque pour les attentats« . L’enfant lui répond naïvement : « C’est quoi un attentat ?« . La mère, l’air surpris, lève ses sourcils et cherche ses mots : » C’est qu’il y a des gens qui sont morts« . Le jeune enfant prend soudainement un air grave, et regarde l’édifice. Après quelques instants, son attention est attirée par les autres enfants qui jouent dans le parc juste en face. Il les rejoint, pendant que ses parents restent quelques minutes devant la stèle.

Un peu plus tard, près de la plaque commémorative du Bataclan. Baptiste, père de deux enfants de 11 et 13 ans, évoque son cas à notre micro : « C’est important d’expliquer aux enfants ce qui s’est passé le 13 novembre« , déclare-t-il « Évidemment, ils ont des questions, pourquoi ? Comment ?« . Il rajoute en regardant ses enfants jouer dans le parc : » C’est parfois difficile de trouver les bons mots, de mettre une réalité derrière. Mais malgré la violence des événements, il faut faire perdurer la mémoire. »
Le 13 novembre à l’école ?
Aujourd’hui, le média BFM TV rapporte que dans les établissements scolaires, l’évocation des attentats du 13 novembre 2015 reste un défi pédagogique. Si les enseignants proposent désormais des temps d’échanges en classe. Ils estiment que le sujet n’est pas encore solidement inscrit dans les programmes et que les ressources pour l’aborder avec les enfants sont encore limitées, selon un article publié par BFM TV.