À l’occasion de la diffusion du premier teaser de ‘Germinal’, nous vous proposons de découvrir quelques éléments clés pour comprendre l’oeuvre classique dont sera issue la nouvelle série de France 2.
Qui était Émile Zola ?
Né en 1840 à Paris, Émile Zola a grandi dans le sud de la France, à Aix-en-Provence, aux côtés de son père. Il ne rejoindra sa mère dans sa ville natale qu’en 1858, où il se créera rapidement un cercle d’amis proches qui l’inspireront tout au long de sa carrière. Parmi eux, de célèbres artistes comme Paul Cézanne — qu’il connaissait déjà depuis son enfance —, Édouard Manet ou encore Stéphane Mallarmé.
Dès son plus jeune âge, Zola se destine à devenir écrivain. Passionné de littérature, il découvre tout d’abord le monde de l’édition auprès de Louis Hachette avant de se lancer dans la conception de ses propres romans. Considéré comme le chef de file du mouvement naturaliste, Émile Zola est aujourd’hui l’un des plus grands écrivains que la France ait jamais connu (ou tout du moins l’un des plus célèbres). Auteur du grand projet des Rougon-Macquart — dont sont issus plusieurs romans comme ‘La Curée’ (1871), ‘Au bonheur des dames’ (1883) ou encore ‘L’Assommoir’ (1877) —, Émile Zola était également célèbre pour ses écrits politiques, comme sa lettre ouverte ‘J’accuse … !’, publiée dans le journal L’Aurore en janvier 1898 dans le cadre de l’affaire Dreyfus.
‘Germinal’ : le roman engagé de Zola
Publiée en 1885, ‘Germinal’ s’impose encore aujourd’hui comme l’une des oeuvres phares d’Emile Zola. Et pour cause ! Dans cette oeuvre de presque 600 pages, Emile Zola a su mettre en lumière son engagement vis-à-vis d’une question pour le moins sensible à son époque : celle de la lutte des classes.
‘Germinal’ raconte l’histoire d’Étienne Lantier, jeune chômeur venu trouver du travail dans les mines de Montsou, dans le nord de la France. Là-bas, il fait la connaissance d’une famille de mineurs, les Maheu, et plus particulièrement de leur fille, Catherine, dont il tombe amoureux.
Cependant, Étienne est bien vite rattrapé par la réalité des travailleurs de la mine. Entre un travail harassant, des employeurs à la limite de l’exploitation et des conditions de vie misérables, le jeune homme est révolté par ce à quoi les habitants de Montsou sont confrontés jour après jour. En quête de justice, Étienne Lantier lance alors une véritable révolte parmi les mineurs, qui décident de se mettre en grève contre la compagnie — symbole du capitalisme — qui les emploie après que celle-ci ait décidé de baisser leur salaire. Finalement, ce mouvement se solde quelques semaines plus tard par un échec, alors que les mineurs se retrouvent contraints de reprendre le travail après l’intervention de l’armée. L’auteur clôt le roman sur l’image d’Étienne Lantier qui, défait après un accident dans la mine qui aura coûté la vie de Catherine ainsi que celles de bon nombres de mineurs, retourne à Paris.
« Fichez-moi donc la paix, avec votre évolution ! Allumez le feu aux quatre coins des villes, fauchez les peuples, rasez tout, et quand il ne restera plus rien de ce monde pourri, peut-être en repoussera-t-il un meilleur. »
‘Germinal‘ (1885), Émile Zola
Le drame social et politique illustré dans ‘Germinal’ se place ainsi comme un véritable symbole de la lutte des classes et de l’idéologie marxiste, florissante au XIXe siècle, sur laquelle Zola s’est appuyé pour construire son roman. Bien que se terminant par la défaite des mineurs, ce roman illustre avec brio la théorie de la domination des plus pauvres par les classes bourgeoises et capitalistes, tant au niveau économique que politique.
Illustrer le naturalisme de Zola : un ‘livre-documentaire’
L’un des éléments qu’il est nécessaire de prendre en compte à la lecture des oeuvres de Zola est le fait que l’écrivain français était fortement influencé par la théorie naturaliste dont il est considéré comme l’inventeur. Le naturalisme, mouvement littéraire né au XIXe siècle, repose sur deux principes essentiels.
Le premier, celui du déterminisme, soutient l’idée que la nature et la vie de tout être humain sont déterminés par l’hérédité (ce dont on hérite de sa famille) et par l’environnement (son milieu social). Entre autres, le personnage principal de ‘Germinal’, Étienne Lantier, est lui-même une représentation du déterminisme (héréditaire) dans le roman de Zola, déterminisme qui le prédestine d’une certaine manière à assassiner l’amant de Catherine, Chaval, à la fin du roman.
Le second, moins théorique, consiste à l’usage d’une documentation minutieuse afin que l’oeuvre créée soit la plus fidèle au réel possible. Encore un aspect du naturalisme qu’Émile Zola n’a pas manqué d’appliquer dans son roman, qui s’appuie non seulement sur de nombreux témoignages de mineurs — que l’écrivain a rencontrés au cours d’un voyage dans le Nord-Pas-de-Calais lors de la grève des mineurs d’Anzin, en 1884 —, mais également sur les évolutions et les difficultés économiques rencontrées dans le secteur minier à cette époque.
© Roger-Viollet, site internet du Musée national de l’immigration
Bonus ! ’Germinal’ de Claude Berri : un véritable succès cinématographique
En 1993, Claude Berri sortait l’un de ses plus grands succès cinématographiques, ’Germinal’, directement inspiré de l’oeuvre d’Émile Zola.
Avec Gérard Depardieu dans le rôle de Toussaint Maheu, Renaud dans celui d’Étienne Lantier et plus de 8 000 figurants recrutés pour le tournage, la production de ce film a coûté pas moins de 27,4 millions d’euros. Un budget colossal pour l’époque, mais qui a cependant été largement amorti alors que ce film épique a rencontré un franc succès dès sa sortie, tant auprès du grand public que des critiques. Nominé 12 fois aux Césars, ‘Germinal’ aura finalement remporté deux prix — le César de la meilleure photographie et celui des meilleurs costumes — en 1994.
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