Second volet de notre dossier sur la crise grecque. La Grèce de Tsipras se retrouve dos au mur et s’enfonce dans une crise qui devient de plus en plus politique.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
L’arrivée de Syriza avec Alexis Tsipras au pouvoir en janvier 2015 a cependant changé la donne. Depuis janvier 2015, Alexis Tsipras ne trouve pas d’accord avec ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) malgré les 16 Eurogroupe (réunion des ministres des finances des pays de la zone euro) organisés. Principal point d’achoppement : les réformes à faire. Athènes juge les mesures trop strictes et contraires à son programme social de base, notamment celles sur les coupes dans les petites retraites et la TVA à 23 % sur l’électricité. Sauf que sans accord, la Grèce ne peut recevoir de l’argent, elle qui attend toujours le versement de la tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros bloquée par le FMI depuis l’été.
La Grèce est aux abois
Or, la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI à la fin du mois. Elle a échappé, in extremis, au remboursement qu’elle devait opérer aux échéances du 5, 12, 16 et 19 juin, les regroupant toutes à la date du 30 juin. En effet, le gouvernement grec a sorti un joker au dernier moment, en utilisant une clause du règlement du FMI, qui n’avait été utilisée qu’une seule fois dans l’histoire, il y a trente ans. Elle doit, en outre, régler 6,7 milliards d’euros à la BCE en juillet et août, faute de quoi elle ne pourra bénéficier du prêt des 7,2 milliards d’euros et connaître un défaut de paiement. Le dernier plan d’aide international arrivant à échéance le 30 juin.
Un Alexis Tsipras intransigeant
Bien que la menace d’une sortie de la Grèce de l’euro pèse sur le pays, le gouvernement grec ne semble pas céder pour autant. Il ne décampe pas de ses positions et impute une « responsabilité criminelle » au FMI qu’il accuse d’être le principal responsable de la situation du pays. Il a également exprimé son indignation face aux bailleurs de fonds qui auraient la volonté d’ « humilier » son gouvernement et qui auraient, sous couvert de réclamation de nouvelles coupes budgétaires, des ambitions politiques. Pour attester ce pourquoi il a été élu, il a déclaré qu’il souhaitait un accord favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro, tout en réaffirmant sa volonté de mettre fin à l’austérité.
Le prochain Eurogroupe se tient le jeudi 18 juin au Luxembourg et le bras de fer risque de continuer. Depuis quelques temps, les négociations tournent au dialogue de sourds. Les deux camps espèrent cependant poser au moins les prémisses d’un accord pour sortir d’une crise qui pourrait recréer une défiance dans la zone euro.
Clarisse Duppré