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Corrida: culture ou torture?

En pleine saison des corridas sur la péninsule ibérique, la tauromachie se retrouve une fois de plus au cœur des débats et ne manque pas d’agiter l’opinion publique, qui a de plus en plus de mal à accepter cette tradition controversée.

Une foule enflammée, presque fanatique, applaudissant les exploits d’un homme sur le point d’enlever la vie à un taureau. Le spectacle est subjuguant, en effet. Après quelques heures de combat sans merci, le moment si attendu arrive enfin: le torero s’apprête à donner le coup de grâce à l’animal. Une situation pareille est presque banale. De fait, la célèbre « corrida de toros » est un rituel profondément ancré dans la culture espagnole: datant du Moyen Age et à l’origine destinée à divertir la haute noblesse, elle s’est aujourd’hui transformée en véritable fête populaire. Un événement qui attire de nombreux touristes, impatients d’assister à ce qui représente aujourd’hui la culture espagnole. Car il est facile de s’apercevoir que le taureau, objet d’un véritable culte, est devenu le symbole du pays, présent sur tous les petits souvenirs des Duty Free. « Une barbarie! », s’exclame Reyes, membre d’une association anti-corrida, indignée par l’image cruelle que renvoie son pays.

Or il s’agit ici d’une question qui divise les citoyens espagnols: l’État investit chaque année, avec une aide de l’Union Européenne, dans l’industrie de l’élevage des taureaux de combat. Le gouvernement actuellement dirigé par le Partido Popular (parti de droite) a officiellement déclaré que la corrida est un « bien d’interêt culturel ». Cependant, cela ne fait que contribuer au développement de différentes associations qui considèrent la corrida comme une action inhumaine et immorale. Cette opposition se propage grâce à un changement progressif des mentalités, dont les résultats sont déjà visibles: selon des données du sondage Gallup de 2002, 68,8 % des Espagnols ne montraient « aucun intérêt » pour la corrida. Par ailleurs, suite à une pétition signée par 180 000 personnes, la Generalitat de Catalogne a émis une loi qui interdit l’organisation de « fiestas de toros » sur son territoire – une initiative mal vue par le reste du pays, et perçue comme une provocation.

 

Activistes manifestant contre la corrida

Activistes manifestant contre la corrida

Enfin, si on parle souvent de la corrida dans l’art, notamment avec le célèbre tableau de Picasso « Corrida : la mort du torero », on oublie souvent de mentionner l’engagement de certains artistes pour dénoncer cette pratique. Par exemple, l’écrivain Isabelle Nail déplore la violence de la corrida dans son livre « Ni art ni culture ». De même, le groupe de rock Ska-P critique violemment la corrida dans la chanson « Verguenza », soulignant le caractère obsolète de cette tradition.  Selon eux, « appeler culture le sadisme organisé est une insulte à notre société évoluée ». A méditer…

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