La Maison Européenne de la Photographie a inauguré quatre expositions, mardi 25 juin, présentant les chefs-d’œuvre de grands noms de la photographie. Parmi eux, Costa-Gavras, génie du grand écran, réalisateur de films mythiques, tels que l’Aveu, Z ou encore Capital.
Au cinquième étage de la Maison Européenne de la Photographie, située en plein cœur de Paris, sont exposés quelques soixante-dix clichés, signés de la main du célèbre cinéaste, Costa-Gavras. Si pour lui, le 7ème art témoigne de son engagement politique et de sa vision du monde, la photographie en est tout autre. Intermittent de l’image par excellence, sa passion pour l’instantanée reste campée au stade d’amateurisme. « Je n’ai jamais pensé faire une expo avec ces photos, nous confie-t-il. Moi je fais des photos depuis que je suis sorti de l’école du cinéma. Des photos de famille, des photos d’amis… Je ne vais pas au-delà ! »
Des scènes de la vie quotidienne, des portraits de famille, un geste, un regard… Tout passe sous son objectif, dans des extraits pris à la dérobée, sans intentionnalité. «Je n’ai jamais pensé qu’il fallait faire des photos extraordinaires, j’ai toujours un appareil photo dans ma veste. Et quand quelque chose m’intéresse, crac, je le photographie. » Durant ses 54 années de carrière, ce géant du cinéma a parcouru le monde entier pour tourner une vingtaine de films. Amérique Latine, Russie, Algérie, Palestine… ses clichés, témoins d’une vie extraordinaire, nous entraînent dans une aventure rocambolesque,
Et pourtant ses photographies noir et blanc n’ont rien d’inédites, elles ne sont que le produit du pur plaisir. Dès qu’un évènement intéressant se présente, il sort son appareil et crac, l’action est capturée, dans son intégralité, dans une simplicité parfaite, spontanément, sans recherche. Hors de question de demander à ses cibles de poser ! Tout doit rester naturel, harmonieux, sans quoi la photo perd de sa valeur. On doit retrouver dans le cliché l’expression du mouvement qui naît de l’image, une action non pas inanimée mais bien vivante dans le présent. Costa-Gavras pose la spontanéité dans l’instant présent comme technique fondamentale de cet art, hors de toute intentionnalité.
« La difficulté de la photo c’est de prévoir la photo avant que l’évènement se passe. Alors j’essaye de prévoir la photo qui va se passer, c’est ça qui m’intéresse. » Portrait de proches ou de célébrités, manifestation politique, photographie de rue au cours de ses multiples pérégrinations, rien n’échappe au regard de cet humaniste de l’image. Voyageur en quête de l’extraordinaire par l’ordinaire, de l’irréel par le réel, Costa-Gavras se voit comme un témoin qui raconte, dans une simplicité extrême et si touchante, les bonheurs et les difficultés de la vie.
Le cinéaste balaie cependant toute comparaison trop simpliste entre la photographie et le grand écran. Certes « il y a ce travail de cadrage, [… ]trouver des situations et manipuler l’info » avoue-t-il, « mais j’aime la photographie car une seule photo peut raconter une histoire, ce que ne peut pas faire le cinéma, où il y a 24 images par seconde. Il en faut des milliers pour raconter une histoire. Alors qu’avec un coup d’œil et sur une feuille de papier, l’image nous raconte une histoire. Ça c’est magique. Les grands photographes réussissent des choses miraculeuses parce que tout d’un coup on comprend avec une seule photo tout un évènement dans son ensemble. »
Les Carnets Photographiques de Costa-Gavras seront exposés jusqu’au 15 septembre, à la Maison Européenne de la Photographie, dans le 4e arrondissement de Paris.