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Coup de projo… sur Gabriel Yared Compositeur et membre du Jury de Cannes 2017

Membre du Jury du 70ème Festival de Cannes, le compositeur Gabriel Yared a écrit la musique d’un très grand nombre de films. Retour sur 3 d’entre eux, complété par ses propos.

C’est suffisamment rare pour s’en féliciter. Gabriel Yared, compositeur de très nombreuses musiques de films est membre du Jury du 70ème Festival de Cannes, présidé par Pedro Almodovar. Le compositeur a à son actif plus d’une centaine de musiques de films de 37°2  le matin à Camille Claudel en passant par Bon Voyage, Chocolat ou Juste la fin du monde. Depuis 1980 l’essentiel de son activité est consacrée à la composition de musiques de films dont certaines lui ont valu de prestigieuses récompenses mais il lui a fallu attendre 1997 pour s’imposer au niveau international et remporter un Oscar, un Golden Globe et un Grammy Award pour la musique du film Le Patient Anglais  d’Anthony Minghella. Mais avant d’exploser ses thèmes pour de nombreux films français lui ont valu une grande notoriété. Retour sur trois d’entre eux alors que le Festival de Cannes bat son plein.

37°2 le matin (1986)

Réalisé par Jean-Jacques Beineix

Avec : Jean-Hugues Anglade, Béatrice Dalle, Gérard Darmon…

Mais c’est quoi déjà… 37°2 le matin ? Zorg, trente-cinq ans, commence à avoir une certaine expérience de la vie, il est revenu de beaucoup de choses et s’apprête à souffler un peu. C’est ce moment que choisit Betty pour débarquer avec ses valises, son coeur en « skai mauve » et même pas un ticket de train…

D’abord la révélation magistrale de Béatrice Dalle qui dévoile une nature insatiable et une sensualité ravageuse. Elle est l’âme du film de Beineix, dont la mise en scène est une symphonie vertigineuse, orchestration d’un destin magnifique où la virtuosité du réalisateur transcende son récit. L’adaptation miraculeuse du roman de Philippe Djian, pleine de poésie ainsi que la douceur et le regard amoureux de Jean-Hugues Anglade, achèvent de faire de 37°2 le matin un film débordant d’ humanité, parvenant à bouleverser les spectateurs avec un grand mélodrame contemporain. Un film de chair et de sang, transposition parfaite d’une histoire d’amour incandescente portée à son firmament par les mots, les images et des comédiens d’exception.

« Le succès pour Beineix comme pour moi n’est arrivé qu’en 86 avec 37°2 le matin. Beineix m’a beaucoup nourri avant le début du tournage, en me parlant, en me faisant lire le scénario et le roman. Puis comme il l’avait fait pour La lune dans le caniveau, il m’a fait rencontrer les acteurs. La scène où Béatrice et Jean-Hugues jouent ensemble au piano, n’existe pas chez Djian. Beineix l’a rajoutée parce qu’il savait que ma musique constituerait un élément dramatique et émouvant. Ce morceau au piano n’est peut-être pas une grande création musicale, mais ça prouve que lorsqu’on est très impliqué dans un film, on peut agir avec la musique même sur le scénario… »

Camille Claudel (1988)

Réalisé par Bruno Nuytten

Avec : Isabelle Adjani, Gérard Depardieu…

Mais c’est quoi déjà… Camille Claudel ? Camille Claudel voue ses jours et ses nuits à sa passion, la sculpture. Soutenue par son père et son frère Paul, elle rêve d’entrer dans l’atelier du grand maître Auguste Rodin. Après lui avoir démontré son talent et sa détermination à travailler avec lui, Rodin l’engage comme apprentie avec son amie Jessie. Camille tombe rapidement éperdument amoureuse du maître. Elle devient son égérie et ravive son imagination quelque peu éteinte. Très vite, elle travaille de plus en plus pour Rodin… 

Un film fou dans tous les sens du terme porté par le couple Adjani/Depardieu alors au sommet, réalisé par Bruno Nuytten chef opérateur du tout cinéma français de l’époque. Une histoire bouleversante où l’émotion irrigue tout le récit, de l’histoire d’amour intense entre les deux amants jusqu’à leur rupture et la déchéance de Camille Claudel et son glissement progressif vers la folie. Si Depardieu tout en retenu est un Auguste Rodin charismatique, la performance d’Isabelle Adjani, d’une intensité sans commune mesure, lui fait atteindre des sommets. Entre le classicisme de la forme et la passion échevelée du fond Camille Claudel est une film d’amour flamboyant qui imprime sa marque dans le cœur et l’esprit de ses spectateurs.

« Le film a été tourné, monté et mis en musique avant que je n’intervienne. Autres temps, autres mœurs ! Bruno avait posé, sur tout le montage des musiques d’un compositeur mort dans les années 70 mais sans avoir fait les demandes de droit nécessaires. Il a alors fait appel à moi… Je me suis donc retrouvé dans un gros film avec Depardieu et Adjani sans avoir le temps de faire la moindre recherche mais à l’époque j’étais habité par une symphonie inachevée de Mahler – je n’ai pas honte de citer mes références, nous sommes tous des voleurs, j’avais envie d’un orchestre à cordes et d’une écriture serrée, tendue. J’ai écrit nuit et jour. Camille Claudel me ressemble beaucoup. Parce que j’avais envie de ce romantisme presque morbide, de cette douleur même… « 

Les Marmottes (1993)

Réalisé par Eli Chouraqui

Avec : Gérard Lanvin, Christopher Thompson, Jacqueline Bisset…

Mais c’est quoi déjà… Les Marmottes ? Comme chaque année, Léo Klein rejoint son chalet de Chamonix pour passer les fêtes de Noël avec sa tribu : ses deux fils, leurs épouses, leurs enfants… 

Un joli film de tribu, chaleureux, tendre et dramatique, dans lequel passe la vie et porté par une distribution exceptionnelle. Tout le spectre de l’amour représenté par plusieurs couples pour autant de générations d’acteurs (Daniel Gélin/Anouk Aimée, André Dussollier/Jacqueline Bisset, Gérard Lanvin/Christine Boisson, Jean-Hugues Anglade/Marie Trintignant, Christopher Thompson/Virginie Ledoyen) Sur un scénario de Chouraqui et de Danièle Thompson, Les Marmottes sent le vécu et est traversé de moments de vérité tantôt amusants, tantôt bouleversants qui en font tout le prix.

« Il (Elie Chouraqui NDLR) m’avait déjà contacté pour faire la musique de Paroles et Musiques mais il n’y avait pas de budget… Pour Les Marmottes, le thème central du film était d’abord un morceau classique au piano. Et puis on a trouvé que ce serait trop triste. J’ai mis un mois et demi à réadapter le thème. La musique est une grâce toujours renouvelée. Mais si on la galvaude, elle vous quitte. »

Propos de Gabriel Yared recueillis par Juliette Michaud pour Studio Magazine Juin 1994

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Journaliste pôle séries et La Loi des Séries, d'Amicalement Vôtre à Côte Ouest, de Hill Street Blues à Ray Donovan en passant par New york Unité Spéciale, Engrenages, Une famille formidable ou 24, la passion n'a pas d'âge! Liste non exhaustive, disponible sur demande!
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