Michel Hazanavicius revient sur la croisette pour présenter Le Redoutable avec Louis Garrel, Pour l’occasion, retour sur 3 films marquants de son parcours
Alors qu’il revient à Cannes présenter son nouveau film Le Redoutable où il met en scène Louis Garrel dans le rôle de Jean-Luc Godard et qu’il conte la relation du réalisateur avec Anne Wiazemsky, il est bon de revenir sur le parcours de Michel Hazanavicius dont le passage par le drame The Search est le seul réel échec. Séduira t-il le Jury de Pédro Almodovar avec ce nouveau long métrage? En attendant de le savoir, regardons dans le rétroviseur.
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La Classe Américaine (1993)
Réalisé par Michel Hazanavicius, Dominique Mezerette
Avec John Wayne, Spencer Tracy, Paul Newman…
Mais c’est quoi déjà… La Classe Américaine ? Des extraits des films Warner Bros sont montés et doublés à « leur manière » par des acteurs français : George Abitbol, « l’homme le plus classe du monde » meurt en prononçant les mystérieux mots « Monde de merde ». Les journalistes Dave, Peter et Steven mènent l’enquête…
De John Wayne à Robert Mitchum, de Dustin Hoffman à Robert Redford, de Gene Kelly à Henry Fonda en passant par James Stewart ou Dean Martin, La Classe américaine, montage d’images de dizaines de films américains pour construire au final un polar hilarant et absurde, regorge du casting le plus prestigieux qui soit. Mais si Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette n’ont jamais dirigés les comédiens cités plus haut, leur travail d’orfèvre a donné une œuvre culte parmi les cultes, où les répliques sont des trésors incommensurables. Diffusé à l’origine sur Canal+ en 1993, le programme deviendra petit à petit une véritable institution mais n’a jamais pu être commercialisé en raison d’inextricables problèmes de droits. Mais tout cela construira ce qui deviendra l’essence même du cinéma d’Hazanavicius.
OSS 117, Le Caire Nid D’Espions (2006)
Réalisé par Michel Hazanavicius
Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, Aure Atika
Mais c’est quoi déjà… OSS 117, Le Caire Nid D’Espions ? Égypte, 1955, le Caire est un véritable nid d’espions. Tout le monde se méfie de tout le monde, tout le monde complote contre tout le monde : Anglais, Français, Soviétiques, la famille du Roi déchu Farouk qui veut retrouver son trône, les Aigles de Kheops, secte religieuse qui veut prendre le pouvoir. Le Président de la République Française, Monsieur René Coty, envoie son arme maîtresse mettre de l’ordre dans cette pétaudière au bord du chaos : Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117.
En 2006, Michel Hazanavicius, avec Jean-François Halin, l’un des auteurs historiques des Guignols, ressuscitait Hubert Bonisseur de la Bath. Connu sous le matricule de OSS117, né sous la plume du romancier Jean Bruce, le plus gaffeur et le plus séduisant agent secret français prenait les traits de Jean Dujardin pour ce qui n’allait pas s’avérer juste une parodie de James Bond, mais un vrai film baignant dans l’humour absurde et plaçant la comédie française bien plus haut qu’elle ne puisse aller. Seconds rôles sont savoureux (Bérénice Bejo, Aure Atika, François Damiens…) le film doit l’essentiel à son acteur principal. Jean Dujardin qui devient Hubert Bonisseur de la Bath en parvenant à alterner avec maestria les séquences comiques et les séquences d’action improbables. Prodigieux avatar entre Belmondo et le James Bond époque Sean Connery, rejeton des Nuls et des ZAZ pour l’absurde, il donne au film toute la noblesse et la folie dont il avait besoin.
The Artist (2011)
Réalisé par Michel Hazanavicius
Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo…
Mais c’est quoi déjà… The Artist ? Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L’arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l’histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l’orgueil et l’argent peuvent être autant d’obstacles à leur histoire d’amour.
Splendide démonstration qu’un hommage peut célébrer un genre tout en le transcendant et sans le pasticher, l’aventure The Artist, de Cannes aux César et jusqu’aux Oscars est la preuve éclatante qu’un exercice de style peut devenir un film populaire à la fois drôle et nostalgique et profondément moderne. Formellement splendide, réussissant un rendu d’un film de l’âge d’or hollywoodien plus vrai que nature et osant en 2011 un film muet et en noir et blanc, The Artist, pépite absolument superbe est une merveille de bout en bout. Bérénice Béjo dépasse son statut de jeune comédienne prometteuse pour devenir une star et Jean Dujardin traverse la route qui mène les bons comédiens aux étoiles incandescentes. The Artist est leur réussite et celle d’un Hazanavicius qui parvient systématiquement à ce que la forme et le fond se confondent! The Artist c’est lui!