Doté d’une filmographie qui regorge de films marquants Tony Scott a laissé une empreinte indélébile. Retour sur 3 de ses films emblématiques
Le 19 août 2012 Tony Scott se donnait la mort et laissait ses admirateurs béats de stupeur et de tristesse. Le metteur en scène laissait derrière lui une filmographie atypique aux contours formels forts et tranchés et sa virtuosité technique n’avait d’égale que sa capacité à embrasser des projets populaires sur lesquels il posait une empreinte indélébile dessinant en creux une œuvre riche et cohérente. Des Prédateurs (1983) en passant par Le Flic de Beverly Hills 2 (1987), USS Alabama (1995), Ennemi d’État (1998) ou Domino (2005), Tony Scott aura ravi les cinéphiles par sa personnalité de réalisateur, toujours friand de faire de vraies propositions de cinéma. Retour sur trois des films emblématiques de celui qui n’était pas que le frère de Ridley Scott, mais un artisan essentiel d’un cinéma qui n’a rien perdu de son panache.
Top Gun (1986)
Avec Tom Cruise, Kelly McGillis, Val Kilmer
Mais c’est quoi déjà… Top Gun ? Jeune as du pilotage et tête brûlée d’une école réservée à l’élite de l’aéronavale US (« Top Gun »), Pete Mitchell, dit « Maverick », tombe sous le charme d’une instructrice alors qu’il est en compétition pour le titre du meilleur pilote…
Tony Scott s’est fait connaitre au cinéma en réunissant Catherine Deneuve et David Bowie dans Les Prédateurs (1983). Trois ans plus tard, on le retrouve à la tête de Top Gun, superproduction mise en chantier par le duo de producteurs qui transforme tout ce qu’il touche en or : Jerry Bruckheimer et Don Simpson. Avec en tête d’affiche un jeune comédien qui commence à se faire un nom, Tom Cruise, qui jouait l’année d’avant dans Legend réalisé par le grand frère de Tony, Ridley Scott. Avec Top Gun, Tony Scott met en scène des valeurs qu’il porte à leur paroxysme comme l’héroïsme et qu’il transcende par une réalisation extrêmement léchée, empilant les plans iconiques avec une palette chromatique du plus bel effet. Porté par sa star en devenir, Top Gun est un film paradoxal, aussi classique dans sa structure et son récit que moderne dans sa forme. Tout concourt à faire du film un triomphe: Cruise, les avions, Kelly McGillis, Val Kilmer, la chanson du groupe Berlin, Take my Breath away, tube intersidéral, et bien évidemment la patte à nulle autre pareille d’un Tony Scott qui impose un style unique. Tony Scott retrouvera Tom Cruise pour un Top Gun sur roues avec Jours de Tonnerre en 1990.
Le Dernier Samaritain (1991)
Réalisé par Tony Scott
Avec Bruce Willis, Damon Wayans, Chelsea Field…
Mais c’est quoi déjà… Le Dernier Samaritain ? Détective privé alcoolique et cynique, Joe Hallenbeck fut autrefois un héros des services secrets. Sa carrière a tourné court, tout comme celle du footballeur noir Jimmy Dix, qu’il rencontre dans une boîte de nuit où se produit Cory. L’assassinat de cette dernière va lancer les deux hommes dans une enquête difficile et musclée…
Le Dernier Samaritain est en apparence un buddy cop classique dont les années 80 et 90 étaient friandes. Écrit par Shane Black qui avait explosé avec le scénario de L’Arme Fatale en 1987, produit par Joel Silver, le film est un festival de punchlines toutes plus savoureuses les unes que les autres. Confiée à Tony Scott, qui après Top Gun s’était frotté au Flic de Beverly Hills 2 et qui a donc l’expérience de ce genre de production où action et humour interagissent avec fluidité, la mise en scène du Dernier Samaritain est caractéristique du style de son réalisateur. Bruce Willis, qui était encore acteur, joue un détective fatigué, qui a un penchant pour la bouteille et qui va se sentir revivre lorsqu’une affaire va le confronter à ses démons et voir sa famille être en danger. Il est tout bonnement parfait dans le costume froissé de Joe Hallenbeck. Face à lui, Damon Wayans en joueur de foot en perdition lui renvoie la balle avec dextérité. La confrontation entre les deux est digne des meilleurs duos du genre. Humour au second degré à tout va, action tonitruante, la formule à succès fonctionne parfaitement et si le film ne rencontrera malheureusement pas le succès escompté il deviendra avec le temps un incomparable film culte et l’esthétique apportée par Tony Scott et son sens du rythme n’y sont évidemment pas étrangers.
True Romance (1993)
Réalisé par Tony Scott
Avec Christian Slater, Patricia Arquette, Dennis Hopper…
Mais c’est quoi déjà… True Romance ? Le jour de son anniversaire, Clarence Worley rencontre la splendide Alabama dans un cinéma miteux. Coup de foudre immédiat. Après une nuit d’amour, Alabama avoue a Clarence qu’elle a été en fait engagée par le patron de Clarence comme cadeau d’anniversaire. De là va commencer une folle aventure.
Deux ans après Le Dernier Samaritain, Tony Scott met en scène le scénario d’un jeune auteur qui vient de réaliser son premier film: Quentin Tarantino. La rencontre entre les deux hommes donne un film totalement incandescent incarné par leurs deux styles distincts mais complémentaires. Le savoir-faire technique de Scott allié à l’originalité du traitement de Tarantino offre un objet décalé pop et infiniment cool. Un vrai casting de stars (Dennis Hopper, Christopher Walken, Brad Pitt, James Gandolfini, Gary Oldman, Samuel L. Jackson, Val Kilmer…) entoure le duo flamboyant Christian Slater-Patricia Arquette. Romantique, violent, sanglant, sarcastique, drôle, intense, True Romance est une déflagration jouissive, une sorte de Roméo et Juliette du crime emballant de bout en bout avec ses scènes et ses dialogues cultes qui permettent à Tony Scott de signer une œuvre résolument moderne qui s’inscrira dans le temps comme un classique.