Dalida le film de Lisa Azuelos sur la vie de la chanteuse sera en salles le 11 janvier. Du coup focus sur cinq films autour de chanteurs ou musiciens célèbres.
Faire un film sur la vie et la carrière de Dalida ne coulait pas forcément de source même si le destin romanesque de la chanteuse n’aurait sans doute pas pu être imaginé par un scénariste. Lisa Azuelos, la réalisatrice de Lol et de Une Rencontre s’y est essayée. Avant la critique du film que l’on a beaucoup aimé, on revient sur cinq biopics qui ont été consacrés à des chanteurs ou musiciens célèbres. Choix forcément subjectif mais ces films-là nous ont marqués d’une façon ou d’une autre et témoignent, qu’on les aime ou pas, de véritables partis pris artistiques. Musique Maestro.
Amadeus de Milos Forman (1984)
Avec Tom Hulce, F.Murray Abraham…
Mais c’est quoi déjà… Amadeus ? A Vienne, en novembre 1823. Au cœur de la nuit, un vieil homme égaré clame cette étonnante confession : « Pardonne, Mozart, pardonne à ton assassin ! » Ce fantôme, c’est Antonio Salieri, jadis musicien réputé et compositeur officiel de la Cour.
Dès l’enfance, il s’était voué tout entier au service de Dieu, s’engageant à le célébrer par sa musique, au prix d’un incessant labeur. Pour prix de ses sacrifices innombrables, il réclamait la gloire éternelle. Son talent, reconnu par l’empereur mélomane Joseph II, valut durant quelques années à Salieri les plus hautes distinctions. Mais, en 1781, un jeune homme arrive à Vienne, précédé d’une flatteuse réputation. Wolfgang Amadeus Mozart est devenu le plus grand compositeur du siècle. Réalisant la menace que représente pour lui ce surdoué arrogant dont il admire le profond génie, Salieri tente de l’évincer.
En racontant la lutte entre le génie inné et imprévisible de Mozart et le talent dénué d’étincelle d’Antonio Salieri, Milos Forman réussit une œuvre baroque irrésistible qui fit sensation à sa sortie et remporta huit Oscars et un succès international probant… Inspiré de la pièce de Peter Shaffer, Amadeus, sans être réellement un biopic relate les dernières années de la vie de Mozart, campé par un Tom Hulce tout bonnement ahurissant. En face de lui F. Murray Abraham n’est pas en reste et la mise en scène virevoltante de Forman emmène le film sur des sommets.
Les Doors de Oliver Stone (1990)
Avec Val Kilmer, Meg Ryan…
Mais c’est quoi déjà… Les Doors ? L’ascension de Jim Morrison jusqu’au sommet de la gloire, et à travers lui, l’histoire d’un des plus célèbres groupes de rock de tous les temps : les Doors.
Oliver Stone ne réussit peut-être pas le film parfait sur ce groupe mythique mais son portrait de Jim Morisson est tellement intense et profond et Val Kilmer y démontre une telle implication et un tel magnétisme que le film est une expérience viscérale qui va bien au-delà de la simple musique qui vous colle des frissons. Un film à l’image de son réalisateur, contestataire et abrasif, qui fait découvrir un personnage déterminant dans l’évolution des mœurs la jeunesse du milieu des années 60.
Bird de Clint Eeastwood (1987)
Avec Forest Whitaker, Diane Venora…
Mais c’est quoi déjà… Bird ? Bird est une interprétation cinématographique de la vie de Charlie « Yardbird » Parker, jazzman visionnaire et musicien accompli qui éleva le saxophone à un niveau d’expression inédit. Le film dépeint alternativement la jeunesse et la maturité de cet homme et de ce créateur de génie, sa carrière et ses drames personnels.
Charlie Parker fut une énigme. La puissance et la beauté de son style firent de lui un précurseur, mais sa vie privée fut un enfer. Ce film tente d’éclairer le penchant de Parker pour la drogue, l’alcool et les femmes, de comprendre la nature de sa passion pour Chan Richardson, la complexité de sa vision et, surtout, sa musique.
Bird n’est pas le premier film sur le jazz mais c’est sans doute l’un de ceux qui exprime le mieux la personnalité de son réalisateur, mélomane et fou de jazz, réalisateur efficace au service de récits traditionnels mais capable de hisser son talent jusqu’à une certaine sophistication formelle. Ce treizième film de Clint Eastwood est aussi celui qui le fit pour de bon basculer dans le camp des auteurs aux yeux de l’establishment. Par la grâce d’un Forest Whitaker éblouissant (qui remportera pour ce rôle le Prix d’Interprétation masculine au Festival de Cannes et le Golden Globe du meilleur acteur), Bird est un film étourdissant de classe et d’envolées lyriques, véritable masterpiece.
Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar (2010)
Avec Eric Elmosnino, Laetitia Casta, Lucy Gordon….
Mais c’est quoi déjà… Gainsbourg (vie héroïque) ? La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 1940, jusqu’au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier. Le film explore son itinéraire artistique, du jeune homme épris de peinture à la consécration de sa musique dont l’avant-gardisme en a fait une véritable icône de la culture française. Mais aussi la complexité de sa vie adulte à travers ses amours tumultueuses.
Voici un film qui démontre un parti pris d’auteur qui peut paraître déconcertant de prime abord mais qui, si l’on y adhère est une expérience réjouissante de par sa réussite formelle et son audace allégorique. Mélange d’anecdotes réelles et fantasmées, osant aller au-delà des conventions et du classicisme, le film de Joann Sfar transpire l’élégance et la légèreté et pétille comme une bulle de champagne. La réussite n’en est que plus belle grâce à des comédiens plus vrais que nature qui de Laetitia Casta à Lucy Gordon en passant par Anna Mouglalis ou Philippe Katerine donnent vie à ces artistes marquants tandis qu’Eric Elmosnino accomplit une performance exceptionnelle en devenant un Gainsbourg impérial, plus vrai que le vrai.
Cloclo de Florent-Emilio Siri (2012)
Avec Jérémie Rénier, Joséphine Japy…
Mais c’est quoi déjà…. Cloclo ? Cloclo, c’est le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes… Cloclo ou le portrait d’un homme complexe, multiple ; toujours pressé, profondément moderne et prêt à tout pour se faire aimer.
Fresque étourdissante d’un destin fauché en pleine gloire, Cloclo en met plein la vue grâce à une reconstitution précise, une photo splendide et des plans d’une rigueur et d’une beauté folle. Débordant d’émotion, par la grâce d’une fin extrêmement pudique et subtile, traversé de moments éblouissants et d’une interprétation exceptionnelle d’un Jérémie Rénier au sommet, Cloclo s’impose comme la Rolls des biopics auquel le Dalida de Lisa Azuelos fait penser à de nombreux égards.