Daniel Andreyev s’est rendu sur la scène de Japan Expo pour Gaijin Dash, podcast n°1 sur la pop culture japonaise qu’il co-anime avec Nicolas Verlet et Grégoire Hellot. Cette fine équipe, qui décortique les productions de l’archipel sans langue de bois, compte désormais parmi les rendez-vous incontournables du salon. Rencontre décontractée avec un daron sûr.
Pour commencer, on peut dire que tu es très actif sur Internet !
Étant freelance, j’écris naturellement pour beaucoup de médias dont Slate, L’Obs, Le Monde… Pour aller à l’essentiel, je travaille pour Gamekult où je co-anime avec mes amis Nicolas Verlet (alias Puyo) et Grégoire Hellot (alias Goldengreg) l’émission Gaijin Dash, qui traite de la culture japonaise. C’est ce qu’on sait faire de mieux : trois mecs assis autour d’une table et qui discutent. Je suis surpris à chaque fois par le succès que ça a, on parle pronostics, anecdotes et nostalgie, et finalement tout le monde s’y retrouve. Je participe aussi parfois aux podcasts de Biiinge by Konbini, notamment NoCiné et NoGame. On peut suivre tout ça sur mon compte Twitter : @KamuiRobotics.
De mon côté je produis également deux podcasts dans ce qu’on appelle déjà entre nous le « Robotics Podcast Universe » (rires) : After Hate, où on joue les snipers avec Benjamin François (alias Kwyxz) qui intervient en duplex depuis Los Angeles. J’ai également lancé Super Ciné Battle avec Stéphane Bouley (alias Papa), podcast de ciné où nos auditeurs nous envoient des listes de trois oeuvres qu’on classe ensuite avec notre subjectivité, pour en faire la master list des meilleurs films de tous les temps. À nous deux on est un peu les messagers de la justice ! (rires) On fait ça avec humour, on est des sacrés cinéphiles même si c’est toujours difficile de trancher entre Robocop, Akira et Blade Runner.
D’où vous est venu le concept de Gaijin Dash ?
On voulait le faire depuis très longtemps, même s’il y avait un pas à sauter. Au bout d’un moment on s’en battait les steaks : trois caméras, un micro et un Hubert (régisseur de Gamekult, ndlr), on s’est lancés. Pour le nom, on a suivi une private joke : quand on traverse au bonhomme rouge au Japon en bons Français, on lève les bras comme dans les sentais en criant « Gaijin Dash ! » (littéralement : « charge des étrangers », ndlr). Ça s’est imposé tout seul.
On a fini par devenir le deuxième programme le plus populaire de Gamekult. On est même suivi par des gens qui n’aiment pas la japanime ! Ça nous fait un plaisir fou. Si je devais résumer notre succès, il tient à la fois au bagou et au sourire carnassier de Puyo, aux punchlines de Greg, et plus largement à nos anecdotes. On partage une vraie alchimie que les auditeurs ressentent. En fait, on est des potes de très longue date : en 1994, Greg et moi on se demandait déjà quel était le meilleur robot de Super Robot Taisen !
Vous êtes présents sur scène pour la deuxième année consécutive à Japan Expo. C’est important pour vous de rencontrer votre public ?
Gamekult est partenaire, ça crée forcément un pont. Le truc classique, c’est de basher Japan Expo alors qu’en fait une fois passé le RER et les Naruto, ça va… pour peu qu’on se soit un minimum préparé. On essaie de participer au maximum à notre mesure, sans forcer. L’important c’est de rester naturel, pour tout te dire je ne sais même pas si je vais changer de chemise ! (rires)
Au Japon tout est très filtré. Ils contrôlent tout, jusqu’au bout du déroulé commercial à l’étranger. Nous, on garde l’énergie d’un tweet de 140 caractères sur deux heures, sans se poser de questions. Gaijin Dash va bien au delà du Japon et du jeu vidéo, on essaie de s’inscrire dans l’ère du temps. On peut parler de tout, des coups durs, sans aucun tabou, même sur scène. On est cash, parce que le format le permet.
Des guests et autres surprises à prévoir ?
Hélas Greg est très occupé, il fait la scène avec Square Enix et Kurokawa où il reçoit des invités de Saint Seiya tout en gérant le boom de One Punch Man. On espère qu’il pourra malgré tout se libérer.
Cette année on reçoit Ken Bogard de JeuxVidéo.com et Oscar Lemaire, le monsieur chiffre de Gamekult, qui sort avec William Audureau (journaliste à Pixels, ndlr) un bouquin sur l’histoire des plus grandes mascottes du jeu vidéo, disponible aux éditions Pix’n Love. Ce numéro sera en grande partie consacré aux meilleures adaptations de mangas sur consoles.
Quelles sont tes sensations depuis ton arrivée au salon ?
Je regarde toujours tout ce qui se passe. Rien que dans le RER, il y a de moins en moins de Naruto et de plus en plus de cosplays Hatsune Miku ! C’est un peu un changement de cycle. Autre tendance, chaque éditeur essaie d’avoir son twist. Par exemple Ki-Oon a une animation vidéo où tu peux incarner tes persos et ils te filent le film sur clé USB. Il y a énormément d’argent en jeu, chacun essaie d’être mémorable à sa façon. Là je reviens du concert Splatoon, on pourrait croire que la vague est passée mais Nintendo prend ça très au sérieux !
Il faut dire que Tsubasa Sakaguchi (le jeune papa de Splatoon, ndlr) s’était incrusté dans les valises de Miyamoto l’année dernière, et qu’il avait reçu un sacré accueil…
Même un an après, ils ne lâchent pas la grappe. Japan Expo, c’est plein de niches mises ensemble qui font un tout pour atteindre les 200.000 personnes ! Je grogne à chaque fois que je dois venir, mais au final je suis toujours assez content de ce que j’y vois. Les marchands du temple reçoivent toujours la visite des douanes, mais c’est toujours intéressant de voir un salon si japonisant expurgé de toute la hiérarchie nippone, dans un esprit très français. À titre perso, je fais tous les Comic-Con dans le monde et Japan Expo a une atmosphère très particulière : c’est l’été, les gamins ont eu leur bac, là on tombe en plein Euro avec la fin du Ramadan… Le contexte joue beaucoup.
Ces dernières années, le jeu vidéo japonais n’est plus réellement le fer de lance des grands-messes occidentales comme l’E3. L’industrie n’aurait-elle pas un coup à jouer avec Japan Expo ?
Sur le plan stratégique, Japan Expo fait moins bouger la presse en termes de médias… Les rédactions sont pratiquement toutes en vacances ! En revanche, c’est la dernière étape avant le tsunami des annonces de septembre. Il y a donc un vrai coup à jouer pour l’industrie : l’impact médiatique reste important et le timing est idéal. Avec le temps c’est devenu un vrai rencard, limite leur virée annuelle. Tous les ans, les reporters japonais viennent faire des sujets, à tel point que c’est devenu un véritable marronnier pour les chaînes de télé.
Pour finir, qu’est-ce que tu penses du retour en force du format podcast ?
J’en pense vraiment que du bien. Plus il y en a et plus les gens s’y intéressent, c’est une excellente dynamique. J’écoute beaucoup de podcasts américains. C’est un rythme très particulier : chacun crée sa propre conso. Mes auditeurs m’envoient souvent quelques moments de vie où ils écoutent nos podcasts : l’un d’entre eux nous a envoyé une capture où il montait une balancelle ! J’adore l’idée qu’on puisse être réceptif à un sujet tout en faisant avancer quelque chose dans sa vie.
Retrouvez dès maintenant le dernier numéro de Gaijin Dash sur Gamekult.
Remerciements : Daniel Andreyev, Nicolas Verlet, Grégoire Hellot
Crédits photo : Gamekult