Tout Pour Réussir, dix minutes d’interview avec Saad Merzak, chaque mardi. Un retour sur la carrière d’une personnalité du monde médiatique, artistique ou économique, et les raisons de leur succès. Aujourd’hui Saad reçoit David Kessler, président d’Orange Studio, auparavant directeur du CNC, de France Culture, des Inrocks ou encore conseiller de François Hollande.
Saad Merzak : Quel bilan tirez-vous pour toutes ces expériences professionnelles ?
David Kessler : Je considère que j’ai eu beaucoup de chance car justement j’ai pu avoir des expériences très différentes comme La télé, la radio, le cinéma, le conseil politique. Ça m’a donné une vision panoramique de tous ces secteurs, de rencontrer énormément de gens. J’ai à chaque fois fait des choses pour lesquelles j’ai pris beaucoup de plaisir.
SM : Vous êtes désormais à la tête d’Orange Studio, en quoi consiste votre travail ?
DK : Orange Studio est une entreprise qui a maintenant dix ans, et qui a été créée pour deux raisons essentielles : co-produire des films, et constituer un catalogue, détenir des droits sur des films afin de les vendre.
J’accompagne une vingtaine de collaborateurs qui travaillent dans ces différents secteurs, qui sont des professionnels. Ça consiste à recevoir des scénarios, les lire et les sélectionner, discuter avec les producteurs dans quelles conditions on peut financer leur films.
Et puis il faut accompagner leur sortie, les vendre… L’idée est d’avoir une vision globale du travail que l’on mène.
SM : Nous assisterons dans quelques semaines au 70ème Festival de Cannes, quels films produits par Orange seront présentés ?
DK : En réalité, Orange sera représenté par deux filiales à Cannes. Orange Studio d’une part, et OCS, une chaîne payante du groupe Orange qui pré-achète, à l’image de Canal+, un certain nombre de films. OCS a cinq films en compétition, et nous un hors-compétition. Il s’agit du film de Claude Lanzmann, Napalm, un long-documentaire original sur la Corée du Nord.
SM : En pleine actu d’ailleurs…
DK : Eh oui qui plus est, c’est dû à un hasard de calendrier.
SM : Ce n’est pas la première fois que vous allez à Cannes, David Kessler… Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
DK : J’ai beaucoup de souvenirs ! Je me souviens de mon premier, j’étais jeune à l’époque. J’avais fait une mission pour le CNC, et Dominique Vallon (ndlr : le directeur du CNC à ce moment-là) m’a invité trois jours.
On se souvient évidemment de (notre) premier Cannes car c’est une découverte, une magie. Mais les meilleurs souvenirs restent avec le CNC car ont rencontre toutes les stars, les membres du jury, les responsables du cinéma. C’est très international, on ne les rencontre habituellement qu’à l’écran.
SM : À vous confronter avec tous ces amoureux du cinéma, auriez-vous pu être tenté par une carrière d’acteur ?
DK : Non, je m’en sens incapable ! Et puis il faut savoir le porter en soi. C’est très bien de les accompagner, les soutenir. Mais je n’ai pas de regret à ne pas être passé de l’autre côté.
SM : Rapprochons-nous de l’actualité… Lorsque vous étiez à l’Élysée, vous avez côtoyé un certain Emmanuel Macron, quels souvenirs gardez-vous de lui ?
DK : Je suis resté deux années à l’Élysée où il était secrétaire général adjoint. J’étais conseiller pour la culture et les médias, on ne se voyait donc pas tous les jours. C’était un garçon extrêmement brillant et sympathique sur le plan humain.
Si vous m’aviez dit qu’il se présenterait trois ans après pour la Présidentielle, je n’y aurais pas cru ! Non pas que je n’y aurai pas pensé en le voyant, mais je ne lui aurai pas dessiné des choses aussi vite, aussi radicalement. Je suis admiratif de ce parcours.
SM : Votre parcours est aussi admiratif, car avec tous les postes que vous avez occupé dans votre carrière, vous pourriez être légitime au poste de ministre de la Culture. Est-ce un poste qu’on vous a déjà proposé ?
DK : Non, non-non. Pas réellement. Mon nom a couru de temps en temps mais dans les gens qui s’intéressent au sujet, on n’est pas si nombreux que ça. On pense donc toujours un peu aux mêmes gens.
Quand on compose un gouvernement, il y a toujours cette question : est-ce qu’on prend un politique, comme ces dernières années, ou une personne de la société civile. En fonction de ce choix, votre nom peut courir ou pas.
Après, je pense que c’est un poste absolument magnifique, extrêmement difficile car vous avez affaire à plein de catégories sectorielles, qui ont pris l’habitude d’avoir un rapport à la fois privilégié et quelques fois dans la demande permanente avec l’État.
En d’autres temps, je me serais laissé tenter car c’est un poste sublime, le plus beau que je puisse imaginer au vu de ce que j’ai fait. Mais aujourd’hui je suis passé à autre chose, je vois mon avenir dans cette maison qu’est Orange.