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ELECTIONS MUNICIPALES : « A défaut, on pense que la sphère locale n’est pas propice à la mise en place de mesures libérales »

Le Parti Libéral Démocrate a pris le flambeau des idées libérales dans l’Hexagone. Ivanne Poussier, sa Conseillère nationale et Déléguée nationale au Projet nous dévoile une feuille de route ambitieuse, à l’approche des élections municipales, tout en livrant ses convictions riches et vitaminées pour réinventer de nouveaux modes de gouvernance.

1/ Quel a été l’élément déclencheur de votre engagement ?

Ma famille n’est absolument pas politisée et pourtant elle m’a donné des modèles d’engagement. Mon père est médecin sapeur-pompier, engagement qui s’ajoute à son activité déjà chargée de médecin en plein désert médical, dans le Cher. Ma grand-mère intervient dans un quartier de Chartes comme bénévole dans une association d’alphabétisation pour adultes issus de l’immigration, elle dont le seul diplôme est le certificat d’études ! Ces exemples m’ont conduit à faire du soutien scolaire bénévole dans mon quartier pendant mes études, et aujourd’hui je m’implique à la fois dans l’association des anciens de mon école et dans une association d’insertion pour accompagner des jeunes diplômés et des demandeurs d’emploi (parrainage, mentoring…).

L’engagement est une façon d’avoir prise sur son environnement, de le remettre en question et de l’améliorer, pour soi et les autres. La politique est un champ d’action parmi d’autres (associatif, syndical, artistique…) mais c’est sans doute celui qui a la portée la plus grande car il conditionne et rend possible le reste.

A l’adolescence, vers 14-15 ans, j’en ai eu assez de regarder passivement Les Guignols de l’Info, qui donnent une piètre image de la politique, souvent méritée malheureusement ! Je ne me suis pas engagée tout de suite, mais cela a été le déclencheur de mon intérêt pour la politique et c’est comme ça que j’ai décidé d’aller étudier à Sciences Po. Mon engagement politique n’a commencé véritablement qu’à mon adhésion au Parti Libéral Démocrate, à 25 ans, à la suite de ma première Université d’été, qui m’a enthousiasmée. J’ai ensuite participé à des réunions nationales, où j’ai été repérée et où j’ai pu proposer des actions. J’ai été élue Conseillère nationale et j’ai rejoint le Bureau nationale l’été dernier, pour un mandat de 2 ans.

2/ Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes de force que vous comptez impulser dans le cadre de votre mandat au sein du Parti Libéral Démocrate?

Notre Président Aurélien Véron m’a nommée Déléguée Nationale en charge du pôle Projet en décembre dernier. Mon rôle est de coordonner la production et la mise en musique des éléments de doctrine et de programme du Parti, avec mes deux adjoints et en lien avec les Secrétaires Nationaux, chacun spécialiste d’un sujet. Un travail participatif qui demande de l’organisation et de la méthode ! Et pour donner de la visibilité à nos travaux, plusieurs événements seront organisés au cours de l’année : conférences-débats, réunions dans les fédérations, etc.

En plus de ma façon de faire les choses, j’apporte ma propre vision. Les Libéraux sont très compétents en matière de philosophie politique et de politique économique, on ne peut pas le leur reprocher, ces sujets ont largement été théorisés, depuis les Lumières, par les philosophes libéraux dont nous nous réclamons. Mais le programme du Parti serait inconsistant sans une vision élargie à l’ensemble des questions de société. N’étant ni juriste, ni économiste, je suis attachée à impulser des travaux de réflexion qui constituent progressivement un corpus à la fois cohérent et innovant, mais aussi pragmatique et concret, pour répondre aux préoccupations de nos concitoyens, notamment en matière de solidarités ou d’éducation. En particulier, je suis attachée à faire intervenir des jeunes et des femmes dans nos travaux, afin de diversifier les points de vue.

Comme les travaux ont tout juste démarré, je ne peux pas révéler pour le moment les grandes lignes du programme, mais simplement vous dire qu’il vise à réconcilier l’individu et le collectif, loin des clichés généralement véhiculés sur le libéralisme.

3/ Quelle dynamique auriez-vous envie d’impulser au sein de la vie locale ?  

On pourrait penser que la sphère locale n’est pas propice à la mise en place de mesures libérales, tant le système institutionnel français est centralisé, notamment sur le plan réglementaire et sur le plan financier. L’Etat multiplie les normes qui contraignent fortement l’action publique locale, mais c’est le aussi le premier contributeur au budget des collectivités, par le mécanisme des dotations et des subventions. Dans ces conditions, comment intéresser, responsabiliser et impliquer les citoyens dans la vie locale ?

Le PLD a conduit une réflexion approfondie sur le sujet en vue des élections municipales de mars prochain. La première conclusion qui en est ressortie consiste pour les candidats à se soumettre à une charte d’engagements autour de six points : exemplarité, bonne gestion, transparence, facilitation, vision, légalité et action. Un bon exemple est donné par la liste « SERVIR ANGERS ». Cette exigence éthique s’est imposée à nous comme essentielle pour restaurer la dignité de la fonction et surtout pour ressusciter la confiance des Français dans la politique.

Voilà comment nos candidats comptent faire. Mais pour faire quoi au juste ? Je ne crois plus à l’action publique locale centrée sur une collectivité qui aspire des impôts et exerce en échange sa mainmise sur des services publics locaux au mieux bureaucratiques, au pire inopérants. Surtout qu’ils ne donnent pas pleinement satisfaction aux usagers qui leur sont assujettis ! Au PLD, nous nous retrouvons dans le concept de « services publics 2.0 » défini par l’Institut de l’Entreprise dans son récent rapport. Nous voulons œuvrer dans ce sens et impulser des initiatives visant à rendre les citoyens acteurs et coproducteurs de services d’intérêt général, grâce à une administration qui s’efface et se transforme en plateforme d’outils, notamment numériques. Ainsi au Japon, le kippu est la monnaie virtuelle qui vous rémunère lorsque vous aidez une personne âgée de votre quartier, ensuite vous pouvez la transférer à vos parents âgés pour qu’ils se fassent aider, ou l’échanger vous-même contre un autre service, comme du jardinage ou un cours de bricolage… Je rêve d’un système équivalent en France !

4/ Existe-t-il aujourd’hui en Europe et dans le monde des modes de gouvernance qui se distinguent par leur caractère innovant ?

En voilà une question technique ! Je vais prendre une définition large de la gouvernance, comme mode de régulation sociale qui inclut toutes les parties prenantes concernées par un sujet donné. Votre question me fait penser à une technique de résolution des conflits qui m’a particulièrement marquée lorsque je l’ai découverte, car elle est très éloignée de la culture française. Le Ho’oponopono ou « cercle à résoudre les conflits » vient de Hawaï. Il permet à la société civile de régler des conflits du quotidien, en veillant simultanément à la réparation et à la réconciliation.

Dans le cas d’un jeune délinquant qui commet un vol pour aider sa famille à payer des soins médicaux à sa sœur, un sage sert d’intermédiaire pour que chaque protagoniste raconte sa version des faits (le délinquant, sa famille, la victime, les voisins…). Chacun assume sa part de responsabilité. L’absence de générosité de la part des plus riches est invoquée car, au-delà du vol qui doit être puni, la détresse de cette famille interpelle le reste de la communauté. Après une étape de pardon, plusieurs mesures sont prises : en réparation du vol, le délinquant doit jardiner bénévolement pour sa victime, qui décide quant à elle, avec le reste du voisinage, d’aider la famille à couvrir ses frais médicaux. L’histoire est retranscrite sur une feuille qui est brûlée pour y mettre fin symboliquement. [note : d’après « Des mondes pour la paix », John Galtung, textes présentés dans l’exposition « Penser la paix » au Mémorial de Caen en 2003].

Que l’histoire soit enjolivée ou pas, et sans tomber dans l’angélisme, je pense que ce mode de gouvernance doit nous inciter à revoir nos politiques de lutte contre la délinquance et la récidive. A quoi servent les Conseils Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance si les habitants ne peuvent y participer et proposer eux-mêmes des solutions ?

Les outils de gouvernance ne doivent pas être des gadgets lors de concertation sur les projets urbains ou les agendas 21… Je suis convaincue de l’intérêt d’impliquer toutes les parties prenantes dans la vie locale. C’est pourquoi au PLD nous défendons une action politique pragmatique et dédiée à l’intérêt général, qui mette chacun, chaque famille et, plus largement, la société civile au cœur des initiatives, dans tous les domaines (sécurité, emploi, éducation, sport, culture, solidarités, etc.).

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