Le député écologiste, Denis Baupin sort de son silence en accordant sa première interview à l’Obs depuis l’éclatement de l’affaire.
Accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles, Denis Baupin nie toutes les accusations révélées le 9 mai dernier par l’enquête de Médiapart et de France Inter. Il affirme « de toute [sa] vie n’avoir jamais commis de harcèlement sexuel ni d’agression sexuelle » dans une interview au site internet du magazine l’Obs publiée ce mercredi 1er Juin. « Je ne suis pas le DSK des Verts ». Il justifie son comportement par des « jeux de séduction » et « des échanges de SMS de nature érotique, entre adultes consentants ». Pourtant, les accusations sont tellement nombreuses qu’elles en deviennent difficilement récusables. Il dénonce une vengeance politique suite à ses prises de position récentes et à son départ d’Europe Ecologie Les Verts. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Mais comment sa défense pourra-t-elle tenir jusqu’à son possible procès ?
Treize témoignages accablants contre Denis Baupin
Les journalistes Lénaig Bredoux de Médiapart et Cyril Graziani de France Inter ont révélé le 9 mai dernier 8 témoignages de femmes politiques écologiques ou de militantes accusant le député écologiste de les avoir harcelées ou agressées sexuellement. Une des porte-paroles d’EELV actuellement en poste, Sandrine Rousseau, explique s’être fait plaquer contre le mur contre sa volonté en 2011 par l’élu dans la tourmente. Elen Debost, adjointe à la mairie du Mans depuis 2014, et Isabelle Attard, députée du Calvados depuis juin 2012 ayant quitté le parti écolo en novembre 2013, révèlent que leur collègue leur aurait envoyé des SMS à caractère sexuel. De nombreux témoins voulant rester anonymes accablent également le député.
Depuis ces premières révélations, cinq nouvelles femmes ont voulu prendre la parole pour révéler de nouveaux faits d’agression et de harcèlement sexuel dont Geneviève Zdrojewski, qui accuse Denis Baupin de l’avoir agressée sexuellement à deux reprises lorsqu’elle était chef de cabinet de l’ex ministre de l’écologie Dominique Voynet. Laurence Mermet, chef de la mission Communication, de la Direction de la Voirie et des Déplacements, incrimine l’élu écolo d’avoir eu des gestes déplacés envers elle. Ces nombreuses accusations ont conduit le député Baupin à démissionner du poste de vice-président de l’assemblée nationale qu’il occupait depuis le 27 juin 2012.
Une vengeance politique pour quel but ?
Denis Baupin prétend que ces accusations proviennent des divisions récentes du mouvement sur sa participation ou non au gouvernement. « Il est possible que du fait des désaccords politiques profonds à EELV, il puisse y avoir une relecture d’épisodes anciens. Nous sommes à un moment où des clivages profonds, stratégiques et anciens resurgissent à l’occasion de la participation des écologistes [au gouvernement de Manuel Valls]. » Néanmoins, Denis Baupin n’était pas le seul écologiste à soutenir la participation de membres de son ancien parti au gouvernement et ne fut qu’un des nombreux parlementaires à avoir quitté le mouvement. Son départ du parti EELV le 18 avril aurait-il accéléré la dénonciation de ce scandale ?