Aux urnes, citoyens ! Écoute, disponibilité, pragmatisme et dynamisme composent la boussole de la candidature de Corinne Narassiguin, candidate PS aux législatives des Français résidant en Amérique du Nord. Un scrutin inédit qui appelle à recomposer un ADN républicain de l’expatriation en plaçant les organisations publiques au cœur de dynamiques de changement. De l’audace, de l’inventivité avec un regard attentif sur la jeunesse entreprenante et créative. A lire !
INTERVIEW DE CORINNE NARASSIGUIN, CANDIDATE PS AUX LÉGISLATIVES DES FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER DANS LA 1ERE CIRCONSCRIPTION AMÉRIQUE DU NORD
1/ Beaucoup de jeunes expatriés déplorent un début de campagne consternant. Face à l’angoisse ressentie à une étape de la vie si préoccupante, de nombreux candidats usent de formules creuses, répètent des slogans et débitent des idées reçues. En quoi votre candidature peut-elle introduire un principe de réalité, un nouveau souffle et un projet ?
Dans la 1ère circonscription, le grand nombre de candidatures de droite et indépendantes basées sur des ambitions individuelles plutôt que sur des convictions claires et des projets construits fait grandement baisser le niveau du débat de fond.
Ma méthode de travail a été très différente de celles des autres candidats. J’ai préféré opérer un grand rassemblement le plus tôt possible entre le Parti Socialiste dont je suis issue, et Europe Écologie Les Verts, dont est issu mon suppléant Cyrille Giraud. Nous avons des parcours très complémentaires, Cyrille au Canada et moi aux États-Unis. Nous sommes tous les deux d’abord et avant tout des militants associatifs et politiques de terrain, et je suis élue à l’Assembléé des Français de l’étranger depuis 2009.
J’ai préparé ma candidature depuis 2010, date à laquelle j’ai été investie par les militants PS, et je parcours la circonscription depuis un an et demi pour préparer cette élection. Je l’ai fait sans agitation ni bruits médiatiques pendant une grande partie de l’année 2011, car ma préoccupation était d’abord et avant tout de prendre le temps d’aller à la rencontre des Français de la circonscription dans toutes les régions. Je crois qu’ill est important de connaître la diversité des Français d’Amérique du Nord, et de bien appréhender les spécificités de chaque région, dans leurs problématiques comme dans leurs potentiels. Grâce à ce long travail préliminaire, j’ai pu construire une équipe nombreuse, diverse et motivée à l’échelle du continent, et préparer un projet bien en phase avec les attentes et les besoins de nos concitoyens, pour défendre leurs intérêts et faire entendre leurs perspectives à l’Assemblée Nationale.
Le résultat, c’est ce programme précis, qui s’intègre dans le programme de gouvernement du PS et d’EELV, porté par un réseau de sympathisants et de militants.
Écoute, disponibilité, pragmatisme et dynamisme, voilà le nouveau souffle que je veux apporter.
2/ Un think tank a récemment préconisé que les pouvoirs publics soutiennent l’émergence d’une « Overseas Youth Bank » : structure bancaire dédiée aux jeunes expatriés. Quel regard portez-vous sur une telle initiative ?
Tout ce qui peut faciliter la mobilité internationale en général, et celle des jeunes en particulier, est une bonne chose. Je suis donc tout à fait ouverte à la discussion sur ce sujet, qui mériterait d’être analysé en détails : missions, ressources, conditions d’accès pour les jeunes – étudiants, salariés ou entrepreneurs, structure de gouvernance.
Le président Hollande annonce dans son projet la création d’une banque publique d’investissement. Je veillerai pour ma part à ce que les Français de l’étranger y trouvent toute leur place, avec un service dédié, lorsqu’ils recherchent des investisseurs, en particulier pour les jeunes entrepreneurs, si souvent ignorés des banques.
Par ailleurs, je soutiens la création de bourses pour les échanges universitaires internationaux (notamment hors Erasmus), et la mise en place d’une Coopérative Financière pour les Français de l’étranger (modèle Crédit Union aux USA ou Caisses Populaires au Canada) afin de faciliter l’accès au crédit bancaire dans le cadre des législations et régulations locales.
3/ Plusieurs collectifs de jeunes expatriés attendent, à l’horizon de ce prochain scrutin, des candidats capables d’injecter du management dans la tradition administrative française. Votre parcours d’entrepreneur vous donne-t-il l’envie d’imaginer de nouvelles idées qui pourraient simplifier la vie des expatriés, des familles, des associations, des chefs d’entreprises face à la rigidité administrative du réseau consulaire et diplomatique ?
J’ai démarré ma carrière à New York dans une petite entreprise française et j’ai toujours travaillé dans le secteur privé. L’entrepreneuriat est pour moi un sujet majeur, et entreprendre, cela peut être de gauche !
J’entretiens d’ailleurs des liens étroits avec la Silicon Valley. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs, dont certains qui me soutiennent et ont contribué à mon projet.
Qu’on se le dise : les bons gestionnaires, depuis de nombreuses années, sont à gauche. L’état de l’administration laissée par la droite en est l’illustration. Il y des disparités importantes entre consulats, qui ne sont pas jusitifiées. Le nombre de Français inscrits sur les registres consulaires de notre circonscription a augmenté de près de 10% depuis 2010, alors que les moyens mis en oeuvre n’ont pas été adaptés – que l’on parle de moyens humains ou d’améliorations pour plus de fluidité. Je prônerai donc un rééquilibrage des moyens – humains et financiers -, en fonction des besoins réels.
Par ailleurs, je connais bien le secteur des télécoms et je constate aujourd’hui que les outils utilisés par notre administration pourraient être améliorés. L’usage qui est fait de l’Internet est encore insuffisant, alors que des outils web pourraient simplifier des démarches comme les demandes de bourses scolaires ou le renouvellement des passeports – grâce aux “valises biométriques” mobiles.
Je proposerai donc qu’on mette en place des outils innovants au service de l’usager, notamment autour de la plateforme MonConsulat.fr, pour assurer un meilleur relais avec les administrations nationales – impôts, sécurité sociale, retraites, etc.
Toute ces mesures auront un impact direct sur les relations entre l’administration consulaire et ses administrés.
4/ Quelle réforme majeure souhaiteriez-vous engager pour transformer en profondeur le fonctionnement du Ministère des affaires étrangères ?
Cette question concerne le “service public de proximité” offert à travers le monde par les services consulaires aux Français de l’étranger mais aussi aux étrangers, individus ou entreprises, qui souhaitent se rendre en France.
Un changement de fond que je souhaite insuffler parlera à tous ceux qui vivent en Amérique : je veux promouvoir une plus grande culture du service dans l’administration française. Même avec un budget limité, c’est l’expérience de l’usager qui doit être la priorité de l’administration.
La réforme majeure que je défendrai pour ce ministère consistera donc à organiser son fonctionnement autour de l’idée d’un meilleur service rendu. Des mesures de la qualité seront effectuées au travers d’enquêtes. Je veux que ce grand ministère apprenne à écouter ses usagers et s’adapte mieux à leurs besoins.