Deux reporters de l’agence de presse Reuters ont été condamnés ce lundi pour détention de secrets d’Etat. Ils enquêtaient alors sur l’assassinat de dix Rohingyas dans un village de l’ouest du pays.
Wa Lone et Kyaw Soe Oo, ont été condamnés par la justice birmane pour détention de documents relatifs aux force de sécurité birmane. Ils ont été arrêtés et placés en détention provisoire le 12 décembre. L’un des policiers, témoin au procès, a confirmé que le rendez-vous, donné aux journalistes pour leur remettre les documents secrets, était un « piège » visant à les empêcher de continuer leur enquête. Wa Lone et Kyaw Soe Oo enquêtaient sur l’assassinat de dix Rohingyas dans un village de l’Etat d’Arakan, dans l’ouest de la Birmanie, pendant un opération de l’armée. Quelques jours après leur arrestation, l’armée a reconnu que le massacre avait bien eu lieu. Des militaires et villageois bouddhistes ont exécutés de sang-froid les Rohingyas détenus. Sept soldats ont été condamné à dix ans de prisons.
Le président de Reuters News a commenté, « c’est un triste jour pour la Birmanie, les journalistes Wa Lone et Kyaw Soe Oo et la presse partout dans le monde« . Les organisations de défense de la presse, avec l’ONU et nombre de pays occidentaux ont regretté le coup porté à la liberté d’expression et la liberté de la presse.
Avant d’être poussé dans le fourgon qui le ramenait en détention Wa Lone à pu déclarer, « je n’ai pas peur. Je n’ai rien fait de mal. Je crois en la justice, en la démocratie et en la liberté. » Son premier enfant, une fille, est née le mois dernier. Il ne l’a toujours pas vue.
Tensions avec la communauté internationale
Depuis 2017, 700 000 Rohingyas, des musulmans, originaires de l’Etat d’Arakan, ont fuit la Birmanie. Ils veulent échapper aux répressions commises par l’armée birmane et des milices bouddhistes. Ce qui était qualifié de « nettoyage ethnique » par l’ONU est maintenant considéré comme « génocide ». Lundi 27 août, une mission d’enquête mandatée par l’ONU a reconnu des massacre et des viols collectifs contre les Rohingyas avec « intention génocidaire ». Les enquêteurs ont demandé que les principaux généraux birmans soient jugés. Ils ont également accusé Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et à la tête du gouvernement civil, pour son silence. Les institutions birmanes ont rejeté les conclusions de l’enquête.
Pour le cas des journalistes de Reuters, le représentant de l’ONU en Birmanie, Knut Osby, a déclaré, « Nous continuerons à demander leur libération« , peu après le verdict.