Jimmy Carter est décédé à l’âge de 100 ans. Ancien président des États-Unis, philanthrope engagé et défenseur infatigable des droits de l’homme, il laisse derrière lui un héritage qui a marqué la politique américaine et internationale.
Originaire de la petite ville de Plains, en Géorgie, James Earl Carter, Jr., dit Jimmy Carter, était né le 1er octobre 1924. Issu d’une famille modeste, il a grandi dans un milieu agricole et a développé un profond attachement aux valeurs de travail, d’honnêteté et de compassion.
Sa carrière politique commence en 1963, lorsqu’il est élu sénateur de l’État de Géorgie. Il acquiert alors rapidement la réputation d’un politicien intègre et soucieux du bien-être de ses concitoyens. Il occupe ensuite le poste de gouverneur de Géorgie (1970 -1975). Le 12 décembre 1974, il annonce sa candidature à la présidence des États-Unis, remporte l’investiture de son parti au premier tour de scrutin de la Convention nationale démocrate de 1976. Il est élu président le 2 novembre 1976, gagnant cette élection avec 50,1 % du vote populaire contre 48 % à Gerald Ford (Parti Républicain) et 0,9 % à Eugène McCarthy (indépendant). En remportant l’élection à la présidence des États-Unis, il s’impose comme un homme du peuple, porteur d’espoir et de changement.
39ème président des États-Unis (1977-1981)
Il fut le 39ème président des États-Unis, du 20 janvier 1977 (date de son investiture) au 20 janvier 1981. Sa présidence fut marquée par différents évènements majeurs.
L’un des faits marquants de la présidence de Jimmy Carter a été ses efforts pour promouvoir la paix au Moyen-Orient. Jimmy Carter fut en effet l’artisan des accords de Camp David, deux accords-cadres signés le 17 septembre 1978, par le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous la médiation de Jimmy Carter, après treize jours de négociations à Camp David, lieu de villégiature officielle des présidents des États-Unis. Des accords qui établiront les conditions de la paix entre l’Égypte et Israël et qui seront suivis du premier traité de paix israélo-égyptien signé le 26 mars 1979, mettant fin à trente années de belligérance. Cet « Pax Americana » de 1979 permettra à l’Égypte de bénéficier d’une aide économique et militaire américaine considérable.
On retient aussi de la présidence de Jimmy Carter les traités sur le canal de Panama (canal dont on reparle beaucoup avec les dernières prises de position de Donald Trump).
Le 7 septembre 1977 est la date des traités Torrijos-Carter, deux accords signés au siège de l’Organisation des États Américains (OEA), à Washington. Entrés en vigueur le 1er octobre 1979, ils abrogeaient le traité Hay-Bunau-Varilla de 1903 relatif au contrôle de la zone américaine du canal de Panama et venaient garantir la rétrocession de cette zone américaine aux autorités panaméennes dans un délai de vingt ans.
Une présidence marquée également par les négociations sur la limitation des armes stratégiques : des négociations menées entre les États-Unis et l’URSS, connues sous l’acronyme SALT (Strategic Arms Limitation Talks), et qui aboutissent aux traités SALT I et SALT II. Jimmy Carter aura œuvré également pour l’établissement de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine.
Sur le plan de la politique intérieure, il aura marqué sa présidence par un programme énergétique mené par un nouveau ministère de l’Énergie, des programmes éducatifs majeurs relevant d’un nouveau ministère de l’Éducation, mais aussi des lois sur la protection de l’environnement.
La présidence de Jimmy Carter prend fin avec les élections présidentielles de 1980. Il est alors battu par le candidat républicain Ronald Reagan.
The Carter Center : paix, démocratie, droits de l’homme
Après avoir quitté la Maison Blanche, l’ex-président et l’ancienne première dame, Rosalynn Carter, ont fondé, en 1982, le Carter Center, une organisation non gouvernementale, dont les objectifs affichés sont : « (…) améliorer la vie des habitants de plus de 80 pays en résolvant des conflits ; faire progresser la démocratie et les droits de l’homme ; prévenir les maladies ; et l’amélioration des soins de santé mentale. »
Des programmes de paix sont institués par la fondation. Jimmy Carter s’est posé en médiateur dans de nombreux conflits internationaux, notamment en Éthiopie et en Érythrée (1989), en Corée du Nord (1994), en Haïti (1994), au Soudan et Ouganda (1999), depuis 2003 au Moyen-Orient, ou au Mali depuis 2018. L’ex-président a joué par ailleurs un rôle actif dans les opérations d’observation des élections dans de nombreux pays, contribuant ainsi à renforcer les processus démocratiques et à promouvoir la transparence électorale.
Membre de Habitat for Humanity
La construction de logements abordables a été un aspect important de sa vie après la présidence. En 1984, Jimmy Carter et son épouse deviennent membres bénévoles d’Habitat for Humanity. Pendant plus de 35 ans, jusqu’en 2019, Jimmy Carter aura utilisé sa notoriété pour sensibiliser à la crise du logement et aider à la construction de maisons pour les familles dans le besoin. Ainsi, selon Habitat for Humanity, Jimmy Carter et son épouse ont travaillé aux côtés de plus de 100 000 volontaires dans 14 pays pour construire, rénover et réparer plus de 4 000 maisons.
Prix Nobel de la Paix (2002)
Jimmy Carter reçoit le prix Nobel de la Paix le 10 décembre 2002. Le Comité Nobel lui discernera ce prix « pour ces décennies d’efforts infatigables pour trouver des solutions pacifiques aux conflits internationaux, pour faire progresser la démocratie et les droits de l’homme et pour promouvoir le développement économique et social ». Dans son communiqué, le comité soulignait alors que « dans une situation fréquemment marquée par les menaces de l’utilisation de la puissance, (Jimmy) Carter a tenu sur les principes de résolution des conflits autant que possible par la médiation et la coopération internationale fondée sur la loi internationale, le respect des droits de l’homme et le développement économique ».
« (…) passer le temps qu’il lui restait à la maison avec sa famille »
Dans un communiqué publié par The Carter Center, le 12 août 2015, Jimmy Carter avait révélé être atteint d’un cancer en phase avancée, puis quelques mois plus tard, en décembre de la même année, il annonçait sa guérison. En novembre 2019, il avait été hospitalisé à deux reprises.
Le 18 février 2023, après plusieurs séjours à l’hôpital, un communiqué du Carter Center avait annoncé que l’ancien président recevait des soins palliatifs à son domicile : « Après une série de courts séjours à l’hôpital, l’ancien président américain Jimmy Carter a décidé aujourd’hui de passer le temps qu’il lui restait à la maison avec sa famille et de recevoir des soins palliatifs au lieu d’une intervention médicale supplémentaire. (…) ».
Décédé ce jour, Jimmy Carter laisse derrière lui un héritage durable de service public et de dévouement à la cause des plus démunis. Il fut tout à la fois un homme d’État visionnaire, un humanitaire passionné, un modèle de citoyenneté engagée, et une véritable icône de la diplomatie.