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Divine, icône trash, de nouveau au cinéma

Etrange créature qu’était Divine… Entre monstre et travesti, Harris Glenn Milstead s’était proclamé l’être « le plus immonde de la terre ». C’est à l’occasion de la sortie du documentaire de Jeffrey Schwarz, I am Divine, que l’on peut découvrir ou redécouvrir un personnage haut en couleur bien plus complexe que ses déguisements le laissaient montrer.  A la fois grotesque et étrange, la drag queen a été source d’inspiration dans une culture underground en pleine expansion. 

divine-icone-trash-de-nouveau-au-cinemaSorti depuis le 26 mars 2014 dans seulement 9 salles en France, et c’est bien dommage, le documentaire de Jeffrey Schwarz retrace le parcours de Divine, icône trash des années 70 et 80 aux Etats-Unis. Ce film, loin de l’extravagance de son principal sujet, a le mérite de rendre honneur à cette reine du grotesque et de l’absurde, malheureusement peu connue en France. Mêlant images d’archives de la carrière et de la vie privée de Divine et entretiens, le réalisateur permet de donner un dernier éclairage sur cette trash lady devenue star du cinéma indépendant devant la caméra de John Waters.

Des débuts … prometteurs

Quel destin particulier que celui de Harris Glenn Milstead, né dans le Maryland en 1945, au sein d’une famille de la classe moyenne américaine. Adolescent malmené par ses camarades d’école à 16 ans,  c’est sa rencontre avec John Waters qui le met en route vers les marches de la célébrité. Le délivrant de ses complexes, Milstead devient au fur et à mesure Divine, diva monstrueuse, image de la vulgarité dans son sens le plus pur. Trash est le mot d’ordre, d’un niveau bien supérieur que Rihanna et autres Miley Cyrus. Aller au-delà de l’acceptable, toujours plus dans le transgressif, telle était la perspective de ces deux amis.

L’une de leurs premières collaborations remonte à Eat Your Makeup (1967), reconstitution de l’assassinat du président américain JFK, où Divine apparaît en Jacky Kennedy. Son personnage entreprend de kidnapper des mannequins et de les forcer à manger leur propre maquillage. Trois ans plus tard, dans Multiple Maniacs, elle joue un criminel psychopathe qui se fait violer par un homard géant. « Les gens aiment être choqués, disait Harris Glenn Milstead. Donc, c’est mon rôle de les choquer. »

Mais ceci ne représente que les prémices de ce que sera définitivement Divine. Avec la rencontre de Van Smith, maquilleur de la troupe de drag queens, The Cockettes, Milstead parachève sa transformation : maquillage outrancier, grands sourcils noirs dessinés sur le front, et crâne en partie rasé sont alors de la partie.

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Le tournant Pink Flamingos

Avec John Waters, un nouveau degré dans l’obscène va être franchi en 1972, avec Pink Flamingos. Divine devient la personne la plus immonde sur terre. La scène de fin, assez répugnante il faut le dire, où elle mange des excréments de chien, permet au film de devenir un blockbuster dans la culture underground, et en fait de Harris Glenn Milstead la reine incontestée. Il avouera par la suite : « Ce fut un tournant décisif dans ma carrière et dans celle de John, mais, en même temps, je ne sais pas si je dois être embarrassé ou fier. »

Deux ans plus tard, sort Female Trouble, où le personnage de la diva, Dawn Davensport, finit par être exécuté sur une chaine électrique en raison de caractère violent. Ce film permet à cette dernière d’apparaître sur des tee-shirts à son effigie. Celle qui avait toujours voulu être célèbre voit son rêve pleinement concrétisé.

Une recherche de reconnaissance

Malgré son succès grandissant, Harris Glenn Milstead veut la reconnaissance d’une légitimité au-delà du grotesque dont le personnage de Divine a fait preuve. Il se détache peu à peu de John Waters, celui qui a fait sa célébrité, et commence sa carrière théâtrale sur les planches du Women Behind Bars et du Neon Woman, cabarets branchés de Manhattan où toute l’élite sociale new-yorkaise vient rire de ses histoires et autres gags.

Ainsi, pas uniquement actrice, mais aussi chanteuse, Divine sort quatre albums dans sa carrière ainsi que plusieurs disques. Star underground, mais aussi star du disco, la vie reste cependant difficile pour l’artiste, les deux activités ne payant pas assez pour lui assurer un revenu suffisant.

Toujours en quête de légitimité, le comédien décide de jouer dans Polyester, dans le rôle d’une vraie femme, et en délivre une performance qualifiée de « tour de force » à l’époque. Malgré cela, l’image de Pink Flamingos le poursuit. En 1985, Lust in the Dust, un western spaghetti de Paul Bartel, lui donne l’occasion d’exprimer ses talents d’acteur et lui vaut une première reconnaissance de la critique. Trouble in mind, sorti la même année, lui permet de tenir son premier grand rôle masculin. « Je voulais aussi montrer à moi même que je pouvais jouer un genre de rôle différent et jouer un homme. (…) C’était le rôle le plus difficile que j’ai eu à jouer. »

Capture d’écran 2014-03-30 à 12.21.43

Les critiques dithyrambiques de Hairspray en 1988 lui apportent la reconnaissance définitive de ses qualités d’interprète. Il y joue à la fois le rôle d’un homme et d’une femme. La même année, il rejoint le casting de la série à succès Married… with Children (Titre français : Mariés, deux enfants), mais la nuit avant le début du tournage, Harris Glenn Milstead meurt d’une crise cardiaque dans son sommeil à l’âge de 42 ans.

Loin d’être une éclipse la sphère du star-system, Divine a d’ailleurs inspiré des générations entières de créateurs. Elle est, par exemple, à l’origine du personnage d’Ursula dans La Petite Sirène de Walt Disney, monstre tentaculaire venu hanter nos douces nuits d’enfance.

A l’image d’une société en plein changement, le personnage de Harris Glenn Milstead a oscillé sans cesse entre avant-gardisme et rejet des lignes de bienséance. Toujours dans la transgression et la vulgarité, Divine se révèle aujourd’hui une diva dont les talents allaient bien au-delà de la simple grossièreté.

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I am Divine, de Jeffrey Schwarz, au cinéma depuis le 26 mars 2014

Crédits images : © Zelig Films Distribution

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