Jeudi 21 avril 2011, à Nantes, une mère de famille et ses quatre enfants, âgés de 13 à 20 ans, sont retrouvés enterrés dans le jardin familial après avoir été froidement assassinés. Le corps du père n’est quant à lui pas retrouvé. Xavier Dupont de Ligonnès devient alors le principal suspect aux yeux des enquêteurs. Quatre ans après le drame, le quintuple meurtre demeure non élucidé.
L’affaire Dupont de Ligonnès débute mystérieusement le 4 avril 2011, date à partir de laquelle la famille, à l’exception du père, n’a plus été aperçue par son entourage. Si tous s’inquiètent de cette disparition soudaine et imprévue, Xavier Dupont de Ligonnès se veut pourtant rassurant. Il contacte les établissements scolaires de ses enfants ainsi que l’employeur de sa femme, prétextant d’abord une maladie les empêchant de se rendre à leurs lieux de travail respectifs, puis évoque quelques jours plus tard une mutation en Australie les contraignant à quitter le pays au plus vite.
Suspicieuse, une voisine proche de la famille alerte la police qui pénètre dans le domicile familial le 13 avril. Toutefois, celui-ci a entièrement été vidé et nettoyé, corroborant la thèse d’un départ à l’étranger. Les armoires sont vides, la vaisselle absente des meubles de cuisine, les draps retirés des lits. Tout laisse donc à penser que la famille est bel et bien partie vivre à l’étranger.
Les policiers prennent alors connaissance d’un courrier envoyé par Xavier à sa famille le 8 avril. Il y prétexte un voyage impératif aux Etats Unis dans le cadre d’un programme de protection de témoins dont il bénéficierait pour avoir secrètement œuvré pour le démantèlement d’un trafic de stupéfiants. Il évoque alors une impossibilité de communiquer de quelques façons que ce soit pour les prochains mois, voire prochaines années, pour des questions de sécurité. La thèse d’une mutation en Australie disparaît alors pour laisser place à un étonnant programme de protection de témoins. Le plus surprenant demeure néanmoins la longue liste de tâches que Xavier Dupont de Ligonnès confie à sa famille pendant son absence, à l’instar de la vente de la voiture et de la maison, ou encore de la nécessité de ne pas déplacer les débris présents sur la terrasse pour la vente de la propriété.
Le 20 avril, après plus de deux semaines sans aucunes nouvelles de la famille, le Procureur de la République de Nantes, Xavier Ronsin, ouvre une information pour disparition inquiétante de la famille. Le lendemain, il convoque les journalistes à une conférence de presse au Palais de Justice. Les corps de la mère de famille et de ses quatre enfants ainsi que ceux des deux chiens, ont été retrouvés sous la terrasse du domicile, cette même terrasse que Xavier Dupont de Ligonnès avait pris le soin d’éloigner de tout soupçon dans la lettre qu’il avait adressée à sa famille quelques jours plus tôt, comme pour s’assurer que les corps ne soient pas découverts. Aussi, l’absence d’indices laissés sur la scène de crime du quintuple meurtre laisse à penser à un meurtre parfaitement préparé et orchestré par l’assassin.
En remontant le fil des paiements par carte bancaire, les policiers réalisent que le dernier signe de vie de la famille fût donné dans la nuit du 3 au 4 avril 2011, après que la famille ait passé la soirée au cinéma puis au restaurant. Aussi, l’appareil d’oxymétrie nocturne de la mère de famille, chargé d’enregistrer ses respirations en raison de ses troubles du sommeil, est retrouvé par la police arrêté aux alentours de 3 heures du matin cette même nuit, confirmant la thèse d’un assassinat survenu durant la nuit.
Les corps ont été enterrés dans des fosses recouvertes de différents matériaux, de terre et de gravats, de ciment ou encore de toile, suivant une orchestration minutieuse et parfaitement répétée, ne laissant aucune place à l’improvisation. Ils ont même été entourés de chaux vive, matériau ayant la particularité d’empêcher l’exhalation des odeurs liée à la putréfaction des corps.
Aucun corps ne présente de traces de violence. De fait, les victimes ont été tuées à bout touchant durant leur sommeil, après avoir été droguées à d’importantes doses de somnifères retrouvées dans leurs sangs par les médecins. Aussi, le choix de l’arme fût décisif dans la procédure d’agissement du tueur. Une carabine 22 long rifle, dotée d’un silencieux, possède en effet la particularité d’être extrêmement discrète, permettant au meurtrier d’assassiner ses victimes l’une après l’autre, sans qu’aucun son ne soit perceptible par quiconque.
Le père de famille demeure introuvable. La police continue alors l’étude de ses relevés bancaires et téléphoniques. Elle prend alors connaissance du fait qu’une arme identique à celle ayant servi au quintuple meurtre appartenait au père de Xavier Dupont de Ligonnès, décédé quelques mois plus tôt. S’ajoute à cela l’intérêt très soudain du père de famille pour le maniement des armes, matérialisé par une inscription au club de tir qu’il fréquentait très régulièrement. La suspicion des enquêteurs est alors confirmée par l’achat d’un silencieux par celui-ci deux semaines à peine avant le drame, ainsi que de matériaux ayant servis à enterrer les corps de sa famille dans un magasin de bricolage la veille du drame. Il est alors vu pour la dernière fois à Nantes le 9 avril.
Se sont donc écoulées plusieurs semaines avant que les enquêteurs acquièrent la certitude de la culpabilité de Xavier Dupont de Ligonnès. Bien conscient que tant que les corps n’ont pas été retrouvés il ne craint rien, il commence un périple de plusieurs jours durant lequel il sillonne la France mais ne se cache pas, comme l’attestent notamment ses paiements en carte bleue ou différents séjours dans des hôtels de la région. Le 15 avril, il abandonne sa voiture sur le parking d’un hôtel à Roquebrune-sur-Argens. Depuis, il n’a pas donné de signe de vie. Suspect numéro 1 dans le meurtre d’Agnès, Arthur, Thomas, Anne et Benoît Dupont de Ligonnès, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Pourtant, la semaine du 13 juillet 2015, une journaliste de Nantes aurait reçu une mystérieuse photo des deux enfants Dupont de Ligonnès, portant au dos les mentions « Je suis encore vivant », « De là jusqu’à cette heure », signée « Xavier Dupont de Ligonnès » et datée du « 11 juillet 2015 à Nantes ». Serait il toujours vivant ? La police judiciaire a alors immédiatement été saisie. Une expertise graphologique a été demandée et des analyses d’empreintes digitales et d’ADN seront effectuées afin de vérifier si Xavier Dupont de Ligonnès est oui ou non l’auteur de ce papier, auquel cas il s’agirait des premières nouvelles dont nous disposerions depuis ces quatre dernières années.