Devancé par Kurzawa au poste de latéral gauche, Patrice Evra n’a pas été convoqué parmi la liste des 23 joueurs sélectionnés pour le match amical Italie-France et pour la première rencontre de qualification à la Coupe du monde 2018 face à la Biélorussie mardi prochain. Suite à la bonne prestation de son concurrent Layvin Kurzawa lors de la première confrontation face à l’Italie ce jeudi (1-3), l’idée de revoir Evra reporter le maillot tricolore pourrait-elle s’éloigner peu à peu ?
Dans une sélection française éclairée par la jeunesse, Patrice Evra fait partie des doyens. Un statut qui ne l’empêche pas de s’entendre avec ses partenaires à l’image de Paul Pogba, avec qui on le voyait danser dans une vidéo à Clairefontaine durant l’Euro 2016. Mais dans une équipe qui incarne l’avenir et des potentiels encore largement exploitables, le défenseur de la Juventus appartient plutôt au passé de l’équipe de France, lui qui cumule quatre-vingt sélections depuis 2004. Aujourd’hui, avec la révélation du jeune Layvin Kurzawa (23 ans), Patrice Evra peut même avoir du souci à se faire pour sa place de titulaire.
Au-delà de ses performances sur le terrain, « Tonton Pat » – comme on le surnomme dans le vestiaire – s’imposait comme un meneur dans le mental par son expérience envers les jeunes pousses tricolores. Chambreur et ambianceur, il a toujours su s’intégrer dans le collectif. Seulement, l’influence d’Evra n’a pas toujours mené à bien le destin de l’équipe de France.
Une popularité salie par le passé
Considéré comme l’un des instigateurs du scandale de Knysna lors de la Coupe du monde 2010 où les joueurs avaient décidé collectivement de faire de faire grève à l’entraînement en préférant rester dans le bus, Patrice Evra avait baissé dans l’estime des Français. De polémiques en scandales, son arrogance souvent agressive en conférence de presse avait fait de ses sorties médiatiques un motif de contestation s’opposant à sa présence en équipe de France. Evra avait entamé un conflit par médias interposés avec certains journalistes et consultants comme Pierre Ménès, Rolland Courbis, Bixente Lizarazu ou encore Jean-Michel Larqué. Des propos injurieux qui avaient affecté sa popularité chez les supporters français. Selon un sondage TNS Sofres révélé en 2011, 62 % des Français ne souhaitaient plus voir Patrice Evra porter le maillot français.
Malgré les difficultés du passé, Patrice Evra a su mener à bien mentalement cette équipe de France.
Cinq ans plus tard et malgré sa cote de popularité de l’époque, Evra a su regagner un peu plus le coeur des Français pour s’intégrer dans une équipe qu’il a su mener psychologiquement jusqu’en finale de l’Euro où les Français ont connu une fin tragique et pas forcément méritée contre le Portugal. Ce match marqué par la désillusion pourrait peut-être bien être l’un des derniers en sélection pour l’ancien joueur de Manchester United. Toujours favorisé par Didier Deschamps, Evra a longtemps été préféré à ses deux concurrents (NDLR : Layvin Kurzawa et Lucas Digne) pour disputer l’Euro.
Kurzawa, symbole du renouveau
Suite à son retour réussi en équipe de France, Layvin Kurzawa a marqué des points face à l’Italie (1-3).
Après des matchs plus ou moins décevants lors de la compétition, le franco-sénégalais pourrait ne plus être de la partie pour la suite de l’aventure. Un choix que le sélectionneur explique en raison de son âge, mais aussi pour « donner du temps de jeu et des responsabilités à des joueurs plus jeunes. Patrice est toujours à son niveau mais je dois me projeter sur une Coupe du monde qui a lieu dans deux ans. Il a son âge, que vous savez (NDLR : 35 ans) », justifiait Deschamps à l’annonce de sa liste. Des responsabilités qu’il a choisi de donner au Parisien Layvin Kurzawa. Avec un but et une passe décisive face à l’Italie, ce dernier en a profité pour marquer des points en apportant un apport offensif intéressant. Même si le sélectionneur n’a pas fermé la porte à un éventuel retour en bleu, il est difficile de ne pas imaginer un départ définitif de l’ancien Niçois et Monégasque.
Dans la lancée d’un Euro riche en émotions, Didier Deschamps va devoir bâtir de nouveaux horizons à l’approche de la prochaine Coupe du monde 2018 qui se déroulera dans deux ans en Russie. Mais cette fois, l’aventure pourrait bien avoir lieu sans Patrice Evra.