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Edito : Ne soyons pas modérés, supprimons le mariage !

La récente élection de F.Hollande à la présidence de la République ouvre de nouvelles perspectives aux milliers d’homosexuels qui militent depuis des années pour la reconnaissance légale du mariage homosexuel. L’espoir est à la mesure de l’attente et les socialistes sont attendus au tournant sur une question de société de plus en plus sensible.
Hélas la traditionnelle prière du 15 août a ravivé les tensions avec une phrase : « Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère. », généreuse et innocente de prime abord, mais qui, dans la cohérence de la vision de l’Eglise est un vibrant appel à la préservation d’un modèle civilisationel fondé sur le couple hétérosexuel.

Voilà que le mot « mariage » cristallise à nouveau toutes les passions. Ce mariage si lourd de sens que définit-il exactement ? S’agit-il d’un sacrement fondamental qui consacre devant Dieu  deux individus, ou bien l’acte civil qui reconnait devant la loi une union ? Ou bien les deux ?
Peut-on penser, justement, que tout le débat ne réside que dans cette ambiguité ?
La réponse est bien plus complexe évidemment, pourtant cette différence de signification  est source de conflit selon les interprétations.  En effet l’idée d’une reconnaissance civile qui viendrait avaliser devant la loi des hommes l’union d’un couple est somme toute récente puisqu’auparavant l’union religieuse faisait office, au même titre que le baptême, d’actes officiels. Cette volonté se retrouve bien dans les adjectifs utilisés pour qualifier les deux types de mariage (religieux ou civil ).
Dès lors, et c’est là que,peut être, repose la clef du problème : le « mariage » ne serait-ce que dans le vocabulaire mais, aussi et surtout, dans les mentalités est une des dernières manifestations d’une séparation incomplète entre l’Eglise, l’Etat et la société. Exception dans la République c’est un statut civil  directement issu de l’imaginaire religieux.

De fait on change l’énoncé du problème : s’agit-il de créer un statut légal qui reconnait pleinement le droit pour un couple de vivre son amour  ou de conserver ou rénover un modèle de civilisation ? Plus qu’une question de conviction religieuse ou de simple question de société, il s’agit d’une réelle interrogation sur le rôle de l’Etat. De fait si on considère que le rôle de l’Etat est d’avaliser un phénomène existant et de permettre à chaque citoyen de vivre au mieux, la reconnaissance d’une union civile pleine et entière de deux personnes du même sexe coule de source, s’il s’agit de penser un nouveau modèle de civilisation à bâtir le sujet peut faire débat.
L’Eglise qui n’a plus aucun rôle législatif en est bien consciente et se bat  en toute cohérence pour la défense d’un modèle de civilisation qui lui est attaché.
L’Etat lui, ne devrait ni se poser la question du modèle de civilisation, ni intégrer dans ses lois des résidus d’un imaginaire religieux (le mariage).
C’est la société, que l’Etat encadre, qui devrait en fin de compte choisir le modèle de civilisation auquel elle aspire. L’Etat ensuite légifère mais qu’on ne s’y trompe pas, s’il y a débat, l’opinion de l’Eglise est aussi respectable que celle des militants homosexuels.

En définitive la mesure la plus cohérente serait probablement la suppression légale du sacrosaint mariage pour une reconnaissance légale  du couple  qui accorderait à tous les couples les mêmes droits mais qui exclurait de facto la symbolique religieuse que cristalise le « mariage ». Quant à la société il est véritablement temps de remettre totalement à plat ce modèle de civilisation alors qu’une partie de la population s’en voit priver et que plus de 4 mariages sur 10 finissent par divorcer.

La société doit trancher.
À titre personnel je remarque qu’Apollinaire déjà, puis aujourd’hui, F.Beigbeder dans un tout autre genre  affirmaient que l’amour n’était pas éternel et qu’il ne durait même que trois ans….

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