Plusieurs coups de théâtre frappent simultanément la scène politique italienne en cette fin d’année.
Le décor est plus que caucasse. Silvio Berlusconi fait son come back le 10 décembre, Mario Monti part le 21 après le vote de son budget, fait trois petits tours, et puis revient le 28. L’unique pièce manquante du puzzle : le président Giorgio Napolitano dissout le parlement le 22 et marque d’une pierre blanche la nouvelle année et l’arrivée imminente des élections législatives prévues pour février 2013.
Ainsi font, font, font / Les petites marionnettes,
Après avoir fait voter son budget, Il professore Monti démissionne de son poste de président du Conseil des ministres le 21 décembre. Mais finalement, une semaine plus tard, le chouchou des chefs européens décide de se présenter aux élections législatives de 2013.
La situation bascule à nouveau, défavorisant les autres candidats en lice, Berlusconi et Pierluigi Benansi, pour la présidence du conseil.
Un décor politique particulier
La politique italienne, qui a vécu sous le joug du même parti (celui de la Démocratie chrétienne) pendant 48 ans est complexe à comprendre et à organiser. L’unification effective est difficile, et les règles des autres pays européens ne sont donc pas applicables à ce pays où les coalitions de partis, parfois fragiles et souvent fastidieuses, sont fréquentes et nombreuses.
Les trois partis principaux en Italie, et donc les forces en présence dans ces élections, se distinguent clairement les uns des autres.
Des acteurs bien différents
La « droite »
Tout d’abord, on retient le PDL – peuple de la liberté ou Il Popolo della Libertà en version originale – créé en mars 2009 par Silvio Berlusconi. Il est le fruit de la fusion de deux grands partis italiens, Forza Italia (mouvement centre-droit) et Alliance Nationale (la droite conservatrice) ainsi qu’une montagne de partis moins influents comme la Démocratie chrétienne pour les autonomies ; le Nouveau Parti socialiste italien ; le Parti républicain italien ; les Libéraux-démocrates ; la Démocratie chrétienne…
« Nous avons cherché un leader, nous avons cherché, mais… nous ne l’avons pas trouvé. »Admet le chef du Milan AC devant les télévisions italiennes le 10 décembre dernier, comme pour signer le quatrième volume de son grand retour dans la politique. Il veut rassurer les italiens sur la santé économique de l’Italie et assure que son redressement sera établit par ses bons soins.
Qui ne douterait pas de cette proposition, aussi alléchante soit-elle ? Nul besoin de faire la chronologie de ses exploits médiatiques et autres berlusconades que l’on connait trop bien. Ses activités peu catholiques, qui alimentent la presse internationale depuis 23 ans, resteront probablement pour toujours ancrées dans les mémoires des italiens et des dirigeants européens qui doutent sévèrement de son efficacité au travail. Fausses déclarations, falsifications de bilan, corruption, mais aussi Bunga-Bunga en tout genre et show girls toutes jeunettes, autant de mots gravitant autour du Dragon de 74ans, visiblement toujours en pleine forme.
Espérons seulement -pour lui- que le directeur du groupe Mediaset – un média italien majeur regroupant télévision, presse écrite et web – toujours enlisé dans ses différents procès, aura plus d’une corde à son arc pour assurer la crédibilité de ses actions futures.
La « gauche »
Le Parti démocrate centre-gauche ou Partito Democratico fondé en octobre 2007 est connu sous le nom de la coalition de l’olivier, qui réuni plusieurs partis : les démocrates, le parti populaire italien, la fédération des verts, les socialistes et l’Union démocrate dont l’entente se révèle de plus en plus difficil.
Il n’a pas de majorité au Sénat, mais son secrétaire Pierluigi Bersani obtient la première place dans les sondages. En effet, ce dernier a été élu au sein de son parti avec une majorité écrasante de 61%. Tout portait à croire qu’il obtiendrait la présidence du conseil, mais l’émergence du nouveau centre pourrait compromettre le déroulement des élections.
Le » nouveau « centre » »
Monti se présente aux élections législatives comme le chef d’une coalition de centre établie le 30 décembre dernier et composée de ‘Futur et liberté pour l’Italie’, ‘Union de Centre’, et des libéraux italiens.
Il profesore, adepte d’une rigueur économique soutenue par une foule compacte de dirigeants européens. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, la chancelière allemande Angela Merkel ; le premier ministre hongrois Viktor Orban ; François Hollande (qui affirme ne pas voir « de perspective très sérieuse du côté de Berlusconi ») ; le président italien Giorgio Napolitano et même le Vatican votent pour le clan Monti. Au menu – intégralement europhile – de l’agenda Monti : une lutte accrue contre la fraude fiscale et la corruption, des dépenses publiques mieux surveillées, et des programmes visant la productivité et l’emploi. En bref, super Mario se révèle très volontaire pour intégrer pleinement l’Italie dans l’Europe et la réalité de cette union internationale.
Une affaire à suivre
D’après le quotidien Il sole 24 Ore, une étude révèle que 36% des Italiens voteraient en faveur de Bersani aux prochaines élections, contre environ 23% pour Monti et 22% pour Berlusconi.