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« En 2007, j’ai gagné, en 2012, j’ai appris » assure Nicolas Sarkozy

Hier soir sur France 2, Nicolas Sarkozy a lancé son opération séduction des Français, en vue de la primaire de la droite. Il a fustigé le bilan du gouvernement en matière de terrorisme et d’immigration, « Je n’ai jamais trahi la confiance des français » dans l’affaire Bygmalion a-t-il affirmé. Quand à la baisse de 100 milliards d’euros de dépenses publiques qu’il souhaite : « nous n’avons pas le choix ».

Il est venu, il a vu, et il s’est défendu corps et âmes. Premier invité de « l’Emission politique » de France 2 ce jeudi soir, Nicolas Sarkozy est passé à la moulinette de David Pujadas, Léa Salamé, Karim Rissouli et François Langlet durant deux heures. Le temps de faire un tour d’horizon de l’actualité, du programme de l’ex-président et de le confronter aux Français.

Le candidat à la primaire des Républicains a été interrogé sur ses propositions en matière d’anti-terrorisme, l’un des sujets majeurs de la campagne présidentielle. Il plaide pour qu’une personne fichée S considérée comme « dangereuse » soit « mise en rétention administrative« . Cette politique de la prévention se justifie selon-lui au motif que « l’état de droit doit s’adapter à la menace« . L’ancien président souhaite également la création d’un « parquet national antiterroriste » pour que les juges envoient les responsables d’attentats dans des « centres de déradicalisation« .

Migrants : « l’Europe ne peut pas accueillir toute l’Afrique »

Autre grand sujet de cette rentrée, les migrants, avec l’annonce d’un plan de répartition des 12.000 migrants de la jungle de Calais dans des centres d’accueil de diverses régions. « Il faut mettre une limite » critique M. Sarkozy.  Présent en plateau, Damien Carême (EELV), le maire de Grande-Synthe (Nord) qui a construit dans sa commune un camp d’accueil de réfugiés en partenariat avec MSF, tenait au contraire le pari de l’ouverture grâce à des corridors humanitaires de migrants amenés vers l’Europe.  « Le système d’intégration français est complètement submergé par le monde » rétorque l’ancien ministre de l’intérieur.  « L’Europe ne peut pas accueillir toute l’Afrique » poursuit-il.

Nicolas Sarkozy face aux questions de Karim Rissouli

Nicolas Sarkozy face aux questions de Karim Rissouli (crédits : France 2)

Société toujours, le candidat a abordé la place de l’Islam dans le pays, au coeur de nombreuses polémiques qui ont jalonné cet été, celle sur le « burkini » en tête. « Lorsqu’il y a des mosquées qui sont prises en main par des extrémistes, c’est aussi le problème des musulmans de France » lance-t-il. Pourfendeur de l' »identité heureuse » défendue par Alain Juppé, son principal concurrent pour la primaire, il glisse : « je ne serai pas le candidat qui parle pour la France pour qui tout va bien« .

Sur les réformes à conduire concernant l’éducation, il souhaite envoyer les élèves perturbateurs dans des internats et supprimer leurs allocations familiales « le temps que ces familles comprennent que l’Etat veut les aider« . Pour les jeunes décrocheurs, ces derniers devront effectuer un « service militaire obligatoire« .

 Les affaires : « ce qu’il fallait, c’était calomnier, salir et démolir »

L’ex-dirigeant de LR a voulu soigner son image de responsable politique. Mis en examen dans l’affaire Bygmalyon, le parquet a demandé son renvoi au tribunal correctionnel il y a quelques jours. Mais Nicolas Sarkozy dément toute responsabilité dans le dossier – « je n’ai jamais trahi la confiance des français« , et voit dans la concomitance de cette décision avec l’ouverture du procès de Jérôme Cahuzac, une volonté de « calomnier, salir et démolir« .

Comme il l’avait déjà fait dans son livre La France pour la vie sorti en 2016, l’ancien président se livre à l’auto-critique de sa pratique du pouvoir. « J’ai pu parfois blesser par l’énergie inépuisable qui est la mienne« .  « En 2007, j’ai gagné, en 2012, j’ai appris« . concède-t-il à propos de sa défaite.

L’ancien président a mis en valeur son propre bilan. « Moi quand j’ai changé la constitution, je l’ai réussi » dit-il à propos de l’introduction de la « Question prioritaire de constitutionnalité » dans le droit français en 2008 . Une façon de railler l’échec de la réforme constitutionnelle de François Hollande en 2015, qui prévoyait la déchéance de nationalité pour terrorisme.

Une cure d’austérité pour des raisons de « compétitivité »

Sur le front économique, Nicolas Sarkozy veut d’ailleurs supprimer le « compte pénibilité » mis en place par son successeur pour permettre de partir plus tôt à la retraite dans certaines professions usantes.  « La pénibilité, elle doit être actée pour des raisons médicales, » demande-t-il. Dégressivité allocations chômage, suppression de 300 000 fonctionnaires, 100 milliards de dépenses publiques en moins. Cette cure d’austérité est justifiée pour des raisons de « compétitivité« . Mais aussi pour financer des baisses d’impôt.

La concurrence déloyale induite par les travailleurs détachés ? « Je ferai changer les règles européennes » promet le candidat attaché au Vieux continent. « L’Europe, ça nous a amené la paix » clame-t-il en opposition à l' »isolement de la France » qu’entrainerait une arrivée de Marine Le Pen aux affaires.

38% Français et 78% des sympathisants LR ayant regardé l’émission convaincus

Accusé de revirement climatosceptique, après avoir déclaré à propos du réchauffement climatique que « l’homme n’est pas le seul responsable de ce changement« , l’ex-initiateur du Grenelle de l’environnement estime que « le premier défi aujourd’hui est le défi démographique« .

L’ex-chef des armées prend ses distances vis-à-vis des positions de la diplomatie française au Proche et Moyen-Orient. « Je n’aurais jamais conduit une politique de sanctions contre la Russie » affirme Nicolas Sarkozy, partisan d' »une seule coalition » internationale en Syrie. Quant à l’intervention française en Libye engagée sous sa présidence et le chaos qui y règne aujourd’hui, « il fallait aider cette jeune démocratie » et « nous avions un mandat des Nations unies » .

38% Français et 78% des sympathisants LR ayant regardé l’émission ont été convaincus par la prestation du candidat à la primaire de la droite, selon un sondage Harris Interactive réalisé par France 2. Un motif d’espoir pour l’ancien président, à deux mois du scrutin d’investiture. Mais la chronique judiciaire n’est jamais loin. Elle a même failli compromettre la venue de l’intéressé, après un bras de fer au sein de la chaine publique sur la diffusion d’un numéro d’Envoyé spécial consacré à l’affaire Bygmalion. « Elise Lucet a été placé en confinement au sous-sol donc elle ne vous embêtera pas » a plaisanté l’humoriste Charline Vanhoenacker en fin d’émission.

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