On en sait désormais un peu plus sur les causes de l’accident de train survenu près de Saint-Jacques-de-Compostelle, le 24 juillet dernier. Après analyse des boîtes noires, le tribunal supérieur de justice de Galice a en effet annoncé ce mardi que l’appareil circulait à 153km/h au moment du déraillement, et que son conducteur téléphonait.
À ce jour, la catastrophe ferroviaire, qui a frappé l’Espagne le 24 juillet, a coûté la vie à 79 personnes. 66 autres sont encore hospitalisées, dont 15 dans un état grave. Et, une semaine après le drame, les conditions du déraillement du train commencent à s’éclaircir. Le tribunal supérieur de justice de Galice a étudié les boîtes noires, et délivré ce mardi 30 juillet ses constatations. Ainsi, l’appareil roulait à 153 kilomètres/heure lorsqu’il a quitté ses rails. Une vitesse bien supérieure aux 80km/h autorisés. « Dans les kilomètres ayant précédé les lieux de l’accident, le train roulait à 192km/h », a même précisé le tribunal, ajoutant « qu’un frein avait été activé quelques secondes avant l’accident ». Et, alors que le déraillement s’est produit non loin de l’entrée en gare de Saint-Jacques, l’administration des infrastructures ferroviaires espagnoles (A.D.I.F) rappelle que, « comme les vitesses sont élevées sur la ligne TGV, pour pouvoir freiner facilement et correctement, dans des conditions de sécurité, il faut commencer à freiner plusieurs kilomètres avant d’arriver à la gare, et le train doit réduire progressivement sa vitesse. ». D’autant plus lorsque la ligne n’est pas équipée d’un dispositif de contrôle de vitesse et d’un système de freinage automatique, comme c’est le cas pour celle empruntée par le train accidenté.
Le conducteur « parlait au téléphone »
Auditionné il y a quelques jours par un juge, Francisco José Garzon Amo, le conducteur, avait reconnu avoir eu « une distraction » et ne pas avoir freiné à temps. Une thèse confirmée et expliquée par l’enregistrement audio des boîtes noires. Le tribunal affirme en effet que « le conducteur, au moment de l’accident, parlait au téléphone avec un membre du personnel de la Renfe (équivalent de la SNCF), semblant être un contrôleur qui lui donnait des indications ». La justice ajoute qu’en raison « du contenu de la conversation et du bruit de fond, il semble qu’il consultait un plan ou un document similaire en papier » en même temps. Autre précision apportée par les boîtes noires, M. Garzon Amo avait reçu, quelques minutes avant le déraillement, un appel sur son téléphone professionnel lui indiquant le chemin à suivre jusqu’à El Ferrol, sa destination finale. Et le travail d’expertise se poursuit.
Une alerte lancée à sa hiérarchie
Mardi, le syndicat des conducteurs de trains Semaf, en Galice, déclarait que le cheminot avait alerté sa hiérarchie sur la dangerosité du virage à plusieurs reprises avant la catastrophe. « Lui-même avait dit qu’il est incroyable qu’on ne contrôle pas la vitesse à cet endroit, qu’on ne pouvait pas passer de 200 km/h à 80 km/h directement, sans aucune supervision d’aucun système de sécurité. », rapporte Rafael Rico, porte-parole de ce syndicat. « Il nous l’a dit le jour suivant l’accident, quand il était à l’hôpital. Il a dit que c’est un endroit où tout le monde savait que c’était difficile de circuler. », ajoute M. Rico.
Mais, quoi qu’il en soit, la responsabilité de Francisco José Garzon Amo, âgé de 52 ans, a été mise en cause dès le lendemain de l’accident. L’homme, qui avait déjà effectué le trajet une soixantaine de fois, a été mis en examen dimanche pour « 79 faits d’homicides par imprudence » par le juge d’instruction Luis Alaez. Il a cependant été laissé en liberté conditionnelle, les magistrats estimant qu’il n’existait aucun « risque de fuite ni de destruction de preuves. ». M. Garzon Amo doit en revanche se présenter chaque semaine au tribunal, et ne peut ni quitter le territoire espagnol, ni exercer son métier pendant six mois.