Fantômas, un personnage de fiction devenu mythique. Et alors qu’une nouvelle adaptation est prévue pour 2027, il ne s’agira pas d’une comédie. De quoi surprendre ? au final… pas vraiment.
Depuis sa naissance en 1911, sous la plume de deux auteurs, le nom de Fantômas n’a cessé de hanter l’imaginaire populaire. Tour à tour criminel insaisissable, icône de l’épouvante, figure de l’aventure, et parfois héros de comédie cinématographique. Le personnage traverse les époques, évoluant constamment. Mais avant de le retrouver sur grand écran avec rires et cascades, il est né dans un univers bien différent. Alors que le mythe de Fantômas s’apprête à renaître en salles. Avec une toute nouvelle adaptation plus proche de l’original prévue pour 2027.
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Fantômas : une naissance dans le roman
Créé en 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas fait ses débuts dans une série de romans publiés mensuellement dans la collection « Le Livre populaire ». Dès le premier tome, l’ambiance est celle d’un « polar-populaire » sombre, souvent horrifique. Fantômas y apparaît comme un « génie du crime ». Il est impitoyable, cruel, sanglant. Les récits mêlent meurtres terribles, crimes spectaculaires, angoisse, parfois dans un Paris étrange ou quasiment cauchemardesque. On y retrouve déjà des personnages du film, comme l’inspecteur Juve.
« S’il s’assoupissait par instants, l’image de Fantômas se précisait dans son esprit, variant pourtant sans cesse ; tantôt il voyait un colosse à la face bestiale, aux épaules musclées ; tantôt un être pâle, maigre, aux yeux étranges et brillants ; tantôt encore une forme indécise, un fantôme… Fantômas !…«
Extraits de Fantômas, Tome 1 (Pierre Souvestre / Marcel Allain) 1911-1913,
L’intention première n’est ni drôle, ni légère. Les livres cherchent à effrayer, captiver le lecteur par le frisson, l’horreur, le mystère, les machinations, les identités mouvantes, le suspense. En ce sens, l’œuvre originelle de Fantômas s’inscrit fermement dans le registre du roman noir / populaire. Bien loin de la comédie.
Premiers pas au cinéma
Avant les films célèbres des années 1960 avec Louis de Funès, le personnage Fantômas a d’abord été adapté au cinéma très tôt. Sous la direction de Louis Feuillade, entre 1913 et 1914. Dans ces premières adaptations muettes, réparties en cinq épisodes, le criminel masqué conserve le rôle de maître du crime. Il use de déguisements, trompe l’inspecteur, organise vols et meurtres, et multiplie les tromperies. Le ton est alors celui du drame policier et du thriller : sombre, parfois spectaculaire, ancré dans les codes du crime et du suspense. Ces films ne visent pas le rire ni la légèreté. Ils cherchent, tout comme les romans originaux, à fasciner, effrayer ou intriguer.
Une adaptation cinématographique transformée en comédie-aventure
Lorsque le personnage arrive au cinéma, plusieurs décennies plus tard, il subit une métamorphose majeure, notamment avec le film Fantômas de 1964, réalisé par André Hunebelle. Ce film, et la trilogie qui en découle, adaptent le mythe à un public plus large, dans un esprit clairement « divertissement » : humour, cascades, poursuites spectaculaires, gadgets, identité multiple, et un ton globalement léger.
Dans cette version, le personnage du commissaire (incarné donc par Louis de Funès) prend des traits comiques. Une transformation qui peut être ainsi mise en parallèle du personnage d’OSS117. L’équilibre entre suspense, action et comédie fait du film un « polar-comédie » emblématique des années 1960, très éloigné de l’atmosphère sombre et terrifiante des romans.
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Pourquoi ce glissement ?
Le succès populaire des livres à la Belle Époque s’explique par leur format feuilleton : un épisode par mois, des intrigues haletantes, un style grand public.

Mais le cinéma, medium différent, requiert d’autres ressorts, rythme, divertissement, accessibilité, parfois légèreté. Dans les années 1960, avec le cinéma de genre, l’envie de spectacle, le goût pour l’humour et l’aventure. Le mythe de Fantômas est remodelé pour séduire un public plus large, en quête de loisir plus que de frissons littéraires. Ainsi, le criminel cauchemardesque se transforme en maître du déguisement dans des intrigues rocambolesques, savamment absurdes, teintées d’humour.
Ce glissement traduit moins un reniement qu’une réinterprétation, le mythe de Fantômas prouve sa plasticité : il peut être tour à tour incarnation du crime absolu ou star d’un cinéma populaire, selon le contexte culturel et les attentes du public.
Un retour aux racines du mythe Fantômas
Le retour de Fantômas au cinéma, prévu pour le 3 février 2027, suscite un vrai engouement. Cette nouvelle adaptation, réalisée par Frédéric Tellier (Goliath, L’Affaire SK1, Sauver ou périr), entend renouer avec l’esprit originel du personnage créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain, en le détachant volontairement du ton léger et comique des films des années 1960.
🚨OFFICIEL
— Cinéma Français hub (@Pathe_infos) February 21, 2025
Le nouveau Fantômas sort le 3 février 2027 !
Réalisé par Frédéric Tillier via la société @SNDfilms
La saga a été lancée en 1913 par Léon Gaumont et Louis Feuillade, et a bouleversé le cinéma (voir vidéo)
Il eut aussi une trilogie comique avec Louis De Funès en 1964. pic.twitter.com/4WZY2zs27h
Le projet s’annonce ambitieux : l’action se déroule en 1914, à Paris. Une ville plongée dans le chaos, secouée par une série de crimes spectaculaires signés du mystérieux “F.”. L’intrigue mettra en scène l’inspecteur Juve, chargé d’enquêter sur ces crimes, et, en face de lui, l’énigmatique maître du crime masqué, incarnant une menace insaisissable. Le casting réunit des figures fortes du cinéma français : Guillaume Canet, Romain Duris et Lyna Khoudri. Un trio qui promet une relecture intense, sombre et stylisée du mythe.
« Fantômas m’a toujours fasciné. C’est une histoire qui captive depuis plus d’un siècle. Avec ce film, je souhaite offrir une nouvelle perspective tout en restant fidèle à l’essence intemporelle du personnage. C’est un honneur de m’inscrire dans la lignée des cinéastes qui ont porté cet anti-héros mythique à l’écran, et de le faire découvrir à une nouvelle génération de spectateurs« ,
Frédéric Tellier (ici)
Ce renouveau marque donc un virage clair : le Fantômas de 2027 promet d’être une réinterprétation sombre, dramatique, ambitieuse. Un retour aux sources du personnage, en phase avec l’atmosphère de ses créateurs, tout en adaptant l’ensemble aux codes d’un cinéma contemporain.