Petite commune, petite salle cachée dans le fond d’une assez grande médiathèque ; lieu de concentration de la culture roquefortoise. Des murs blancs qui virent au beige, vue sur les rayonnages de livres usés. Le cadre ne paye pas de mine. L’exposition, elle, vaut le détour. Pas grands choses, l’essentiel et un ou deux extras. Quatre pans de mur. Moins d’une trentaine d’oeuvres. Environ vingt minutes de romantisme.
C’est mignon dis donc, ces petits personnages, comme des poupées chiffons. Ils s’aiment sous une pluie de gammes, dans des jardins d’Eden, dans les airs… L’amour se vit partout, même à vingt mille lieues sous les mers.
De la couleur. Du noir et blanc. De petits cadres, et des plus grands. De la peinture même, des jolis coups de crayons et de petits traits d’humour.
Gentlemen en chapeau melon, gentes dames en longues robes et gants. Forêts lugubres, poissons volants. Atelier de réparation de coeurs brisés, bal échangiste dans les nuages. En fait, Raymond Peynet, c’est un mélange de Mathias Malzieu, Tim Burton et Jane Austen ; fantaisiste, imagé, et romantico-attendrissant.
Sens de la visite, dans celui des aiguilles d’une montre. D’abord, des dessins en noir et blanc; illustrations d’une petite phrase à vocation comique. Un sourire, un rire discret et sans bruit, peut-être : « Tu ne seras jamais une femme d’intérieur », dit le mari chapeau melon à sa compagne à la main verte, qui cultive son jardin intérieur : une serre en plein milieu du salon. Subtilité d’esprit entre dessin et écrit.
Ensuite, arrivent les couleurs, balayant les pseudo-vannes de ses pigments pâles. La magie s’opère : Un nid d’amour dans les arbres, un poisson dirigeable… De l’amour, de l’amour, et de l’amour. Là, seulement sous sa plus belle forme. La sexualité faisant partie intégrante du sentiment amoureux, quelques femmes laissent s’exhiber un sein ou deux. Les hommes, ont aussi quelques fois les mains un peu baladeuses.
Dernier mur, love horoscope. Lion, sagittaire, balance, vierge et les autres signes du zodiaque. Représentation de l’amour selon les différents mois de l’année ? C’est juste amusant de voir lequel correspond à notre date de naissance.
Après ce tour de salle, c’est à la fois, attendri et perplexe qu’une grande question s’impose ; ce jeune homme, puisqu’il s’agit du même, est-il simple polygame ou véritable bourreau des coeurs ?
Exposition Peynet au Pôle image, à Roquefort-Les-Pins du 20 novembre au 26 février.