Au lendemain des attentats qui ont fait 129 morts, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé vouloir dissoudre les mosquées qui prêchent un discours radical. Mais la réponse sécuritaire est-elle vraiment une bonne réponse ?
La prévention. Voici vers quoi se dirige le Ministère de l’Intérieur pour éviter de nouveaux attentats barbares. Invité du JT de France 2 ce 15 novembre, Bernard Cazeneuve a affirmé avoir entamé des démarches pour la « dissolution de mosquées dans lesquelles des acteurs appellent ou profèrent la haine ». Il souhaite profiter de la mise en place de l’état d’urgence pour mettre le pied à l’étrier et approfondir son action.
Un arsenal législatif devra être créé en ce sens. Le ministre explique qu’« il faut absolument, pour aller plus loin, être plus efficace et plus rapide, modifier la législation en vigueur parce que ce que nous souhaitons, c’est agir contre le terrorisme dans le respect scrupuleux des règles de droit ». Le but : prendre le mal à la racine pour enrayer la montée de l’islamisme et éradiquer Daech.
Des mesures semblables avaient été prises en Tunisie il y a 5 mois. C’était lors du massacre de Sousse où 39 personnes avaient trouvé la mort. Le Premier ministre tunisien Habib Essid avait annoncé la fermeture des 80 mosquées qui n’étaient pas sous le contrôle de l’Etat, mosquées où les interprétations du Coran invitaient les jeunes à se radicaliser.
Dans les mosquées salafistes françaises, les interprétations du Coran poussent les jeunes vers le chemin du djihad. On y trouve les noyaux durs des réseaux, c’est-à-dire les membres de l’État islamique les plus impliqués dans toutes les étapes, du recrutement aux attaques directes. Il y a quelques mois, le Figaro estimait leur nombre à 89. Elles se trouvent dans les quartiers les plus défavorisés comme les banlieues parisiennes ou les quartiers nord de Marseille.
Seulement, la loi permet-elle vraiment de fermer des lieux de culte ? Du point de vue législatif, la réponse est compliquée. Selon l’article L 212-1 du Code de sécurité intérieure, il faudrait avoir la preuve que certains propos répréhensibles par la loi ont été tenus. Dans la pratique, il est presque impossible de réunir toutes ces conditions.
Par ailleurs, beaucoup sont sceptiques. Certains experts craignent une réaction disproportionnée. Comment faire la différence entre mosquée radicale et conservatrice ? Ne devrait-on pas davantage se concentrer sur les groupuscules périphériques et sur les réseaux internet ? Autant de questions qui méritent d’être posées.