Comme chaque samedi, VL vous propose le top 100 des Grands Prix de F1 qui ont marqué le XXIème siècle. Cette semaine, on continue avec les places 80 à 71, en se rapprochant doucement des courses les plus historiques de ce siècle. Doucement, mais sûrement.
PLACES 90 à 81 : https://vl-media.fr/formule-1-top-100-des-grands-prix-les-plus-marquants-du-xxi-siecle-places-90-81/
80 – Grand Prix de Chine 2009 : Le Taureau encorne la concurrence
Vainqueur : Sebastian Vettel (Red Bull) devant Mark Webber (Red Bull) et Jenson Button (Brawn GP)
La saison 2009 est placée sous le signe du changement, avec des monoplaces plus larges, une nouvelle technologie avec la récupération d’énergie et une redistribution des cartes qui ne va pas plaire aux écuries dites ‘’constructeurs’’, exemple de Ferrari et Mclaren qui vont devoir laisser la place à des outsiders : c’est le cas de Brawn GP, ex-Honda et reconstruite par l’ancien numéro 2 de Ferrari Ross Brawn, qui a vu Jenson Button s’imposer pendant les deux premiers Grands Prix de la saison. Mais une autre écurie outsider va faire sensation lorsque la F1 se déplace en Chine pour le troisième rendez-vous de la saison, sous le signe du taureau puisqu’en effet, Red Bull Racing, va créer la surprise en signant la première pole position de l’histoire de l’écurie grâce à un tour remarquable de Sebastian Vettel, sous le sec. L’Allemand signe la deuxième pole de sa carrière après le miracle de Monza 2008, le remplaçant de David Coulthard chez Red Bull veut impressionner à nouveau.
Au lendemain, une première bonne nouvelle se présente pour lui : il pleut des cordes, et on a déjà vu son talent sous des conditions difficiles. Elles vont y rester toute la course et pire encore, le brouillard est présent. Cette météo sera la conséquence de beaucoup de tête-à-queue et d’abandons aussi surprenants que d’autres, comme l’accrochage entre Jarno Trulli et Robert Kubica au 17ème tour ou encore la sortie de Adrian Sutil en fin de course. Si en Malaisie, le Grand Prix a été interrompue après une vingtaine de tours, celui-ci ira jusqu’au bout et se stabilisera pour les leaders : les Red Bull et les Brawn GP mènent la danse, mais ce n’est pas les voitures blanches à la ligne jaune fluo et Jenson Button qui remporteront leur troisième victoire en trois courses, mais bien l’équipe à la marque de boisson énergisante qui va aller chercher la première victoire de son histoire avec un capitaine, Sebastian Vettel, dont le bateau n’aura pas pris naufrage et marque ses premiers points de la saison avec ce succès. Mark Webber assure le doublé, Button les accompagne sur la troisième marche du podium.
A ce moment-là, difficile de se dire que l’écurie Red Bull remportera quatre titres mondiaux à l’avenir, mais ils se sont assurés d’une chose : après quatre saisons passées en tant qu’écurie de milieu de grille, elle est devenue à ce moment-là, une écurie de premier plan.
79 – Grand Prix de Hongrie 2011 : Button roi de la pluie
Vainqueur : Jenson Button (Mclaren-Mercedes) devant Sebastian Vettel (Red-Bull) et Fernando Alonso (Ferrari)
En cet été 2011, si Sebastian Vettel est largement en tête du championnat, l’Allemand connaît probablement sa plus mauvaise passe de la saison. Après une erreur au Canada le privant de victoire dans le dernier tour, le pilote Red Bull a également dû baisser pavillon devant Alonso à Silverstone et a fini 4e au Nürburgring à domicile. Son pire résultat de la saison. Seule une victoire à Valence est venu sauver les meubles. Malgré tout, il reste le grand favori du week-end hongrois. Mais de plus en plus la concurrence sent qu’il y a l’opportunité de venir le challenger. En qualifications justement, si Vettel en 2010, avait signé la pole avec près d’une seconde d’avance, cette année, il ne la signe qu’avec un petit dixième de mieux que Hamilton. Surtout avec la pluie inattendue qui tombe, juste avant le Grand Prix, les incertitudes sont nombreuses. Car les McLaren sont en forme dans ce type de conditions.
Ainsi au départ sur piste humide et sous une fine bruine, Hamilton va mettre la pression à Vettel. Et quand celui-ci est attaqué, il peut commettre des erreurs. Comme au 5e tour, ou trop large, il vire hors-piste au virage 2. Ceci permet à Hamilton de prendre la tête. Puis 10 tours plus tard, c’est Button qui dépasse Vettel. Les McLaren prennent alors le commandement des opérations. Mais le pilote Red Bull n’est pas le seul à se faire piéger, en témoigne par exemple Jérôme d’Ambrosio, qui réalise un tête-à-queue dans les stands au moment où il voulait s’arrêter. Autre moment fort également, la Lotus de Nick Heidfeld qui prend feu, en sortie des stands. Michael Schumacher part aussi à la faute derrière Massa. En réalité, le Hungaroring est piégeux pour les pilotes et pour les stratégistes : une fine pluie qui s’arrête, qui se remet à tomber et qui stoppe de nouveau. Difficile de savoir quels pneus chausser entre les slicks (pneus secs) ou les intermédiaires. C’est d’ailleurs au moment le plus fort des hésitations stratégiques que la course va basculer en faveur de Jenson Button jusqu’alors bien caché juste derrière son coéquipier. Au 48e tour, Hamilton effectue un tête-à-queue dans la chicane, Button passe devant. La manière d’ailleurs dont le natif de Stevenage repart lui coûtera une pénalité. Mais toujours plus offensif, celui-ci redouble deux tours après son coéquipier. Et au 54e tour, il s’arrête chausser des pneus intermédiaires tout comme Mark Webber. Un changement peu payant, au point qu’il se réarrête peu après pour mettre des pneus secs à nouveau. Puis de nouveau en pneus slicks il double Massa et Webber en quelques minutes seulement.
Mais face à lui, Hamilton à l’exemple ultime du calme et de la sérénité, son coéquipier Jenson Button. Sans se précipiter même face à la rapidité de son rival, Button ne stoppera pas. Ce qui va lui permettre de garder la tête jusqu’au bout. Avec son flair légendaire pour sentir la bonne stratégie en fonction des conditions de piste. Comme au Canada, comme à 2 reprises en 2010, comme en Hongrie en 2006, lieu de sa première victoire, le play-boy anglais est le plus fort sous la pluie et sous une météo variable. Un 200e départ en Formule 1 qui est gagnant. La patience a une fois de plus triomphé sur les offensives vaillantes de Hamilton. Une autre course exceptionnelle gagnée par Button, devant Vettel qui pour une fois aussi a su rester calme. Alonso presque invisible finit malgré tout 3e. L’expérience a payé.
78 – Grand Prix Australie 2002 : Un Schumacher qui rit, un Schumacher qui fait strike
Vainqueur : Michael Schumacher (Ferrari) devant Juan Pablo Montoya (Williams-BMW) et Kimi Raïkkönen (Mclaren-Mercedes)
Avec Mika Hakkinen parti en année sabbatique, on ne voit pas vraiment en ce début d’année 2002, qui a la capacité d’aller contrer Michael Schumacher qui vise en cette 52e année de championnat du monde, le record de titres de Juan Manuel Fangio. Avec une F2002 pas encore prête, c’est l’ancienne F2001 qui est alignée pour cette course, les rouges préférant la fiabilité et assurer plutôt qu’un gain de performance marginal à aller chercher mais à hauts risques. Les adversaires se nommeront probablement Ralf Schumacher et Montoya chez Williams ou David Coulthard vice-champion en titre avec les Flèches d’argent en 2001. Mais en qualification la surprise est énorme, dans une séance d’une heure à moitié sur le sec, et à moitié sous la pluie. C’est en effet Barrichello qui devance son coéquipier de quatre millièmes et signe la pole position. Peut-être le signe enfin de son affirmation chez Ferrari ? Le lendemain prouvera malheureusement que la poisse ne l’a pas lâchée.
On le sait, les premiers départs de la saison sont toujours les plus tendus. Et Melbourne, avec son 1er virage serré, ne fait que rarement exception à la règle. Si Michael Schumacher prend un bon départ, Barrichello patine un petit peu mais surtout Ralf Schumacher prend un départ fulgurant. Et lorsque Barrichello se décale un petit peu, le pilote Williams surpris décolle pour finir au fond du bac à gravier du premier virage. Barrichello doit abandonner. Surtout derrière dans un nuage de fumée Fisichella, Massa, Heidfeld, Button, Panis, McNish. Coulthard lui en profite pour prendre la tête devant l’incroyable Jarno Trulli qui partait 7e, Montoya et Michael Schumacher. D’un coup ce GP qui semblait écrit dans son scénario devient totalement incertain et fou. Mais à la relance après 7 tours derrière la Safety Car, Trulli part en tête à queue et tape la barrière et Michael Schumacher double Montoya. C’est cependant une nouvelle voiture de sécurité qui vient interrompre la course. Et à cette seconde relance, c’est Coulthard qui commet une erreur en sortant trop large. C’est alors une bagarre Montoya-Schumacher qui démarre. L’Allemand persévère et finit par trouver la faille au 17e tour. C’est alors la leçon du Baron Rouge qui peut commencer.
A l’issue de ce 17e tour, d’ailleurs, seuls dix pilotes sont encore en piste. Et avec une Ferrari et une Williams en moins, ceci laisse la place aux surprises. Les voitures les plus fiables marqueront des points, en se classant dans les six premiers. C’est ainsi que dans une fin de course plus calme, Mika Salo et sa Toyota qui dispute sa 1ere course en F1, Mark Webber et sa Minardi, écurie qui n’avait plus marqué de points depuis 3 ans, termine 5e, à domicile qui plus est, pour son 1er GP. Il s’offre ainsi le luxe, invité par les organisateurs de monter sur le podium. Mais tout cela très loin de Michael Schumacher vainqueur, avec 20 secondes d’avance sur Montoya et 25 sur Raïkkönen, là aussi son premier podium en F1. A l’issue d’une course qui avait pourtant tout du piège parfait pour les rouges. Le signe annonciateur d’une suprématie totale pour Schumi.
77 – Grand Prix de Malaisie 2013 : Vettel affirme son autorité
Après un Grand Prix d’Australie qui a vu Kimi Raïkkönen et sa Lotus ouvrir la saison 2013 en grandes pompes, c’est l’heure pour les Red Bull, championnes en titre, de répondre lorsque les pilotes se rendent en Malaisie pour le deuxième rendez-vous de l’année. Le week-end commence avec des qualifications qui se déroulent entre les gouttes, et une 38ème pole pour Sebastian Vettel lorsque le temps s’éclaircit sur le circuit de Sepang. Les Ferrari sont en embuscade. Mais à l’extinction des feux, sous une piste mouillée, c’est un premier coup de théâtre qui va arriver et sera le tout premier tournant de ce Championnat : Fernando Alonso, en prenant un bon départ derrière Vettel, va casser son aileron avant en percutant la Red Bull. Le tour suivant, l’aileron casse totalement et l’Espagnol va devoir abandonner sur le gravier. Et pourtant, ce ne sera pas l’événement le plus important du Grand Prix.
Au gré des arrêts aux stands qui s’étendent sur cette course, c’est Mark Webber qui en sort en tant que leader devant son coéquipier Vettel : c’est alors que Red Bull gèle les positions et demande aux deux pilotes de modifier leur cartographie moteur pour assurer le doublé, le fameux ‘’Multi 21’’. Mais Vettel ne l’entend pas de cette oreille, et attaque Webber au 46ème tour de la course, pour prendre la tête et remporter son 27ème succès en carrière. Gros malaise chez les Taureaux, une grosse tension qui entraînera une ambiance glaciale sur le podium entre les deux pilotes Red Bull, Webber rappelant à l’Allemand qu’il ne devait pas attaquer. Ce dernier s’excusera plus tard dans les médias, mais cette affaire brisera la relation des deux pilotes pour de bon et sera déterminante dans le choix de Webber de prendre sa retraite à l’issue de la saison 2013. Un véritable iceberg à Sepang, l’ironie du sort quand on connaît les températures…
76 – Grand Prix d’Angleterre 2019 : Un bonbon signé Verstappen et Leclerc
Vainqueur : Lewis Hamilton (Mercedes) devant Valterri Bottas (Mercedes) et Charles Leclerc (Ferrari)
Rendez-vous pour la 10ème manche du Championnat 2019, à Silverstone, l’un des circuits les plus prestigieux de l’année. Le week-end s’ouvre avec une pole de Valtteri Bottas, sur les terres de Lewis Hamilton avec un écart extrêmement faible de seulement… SIX millièmes de seconde sur ce dernier. Hamilton a donc envie de revanche et va le faire comprendre le lendemain.
Au départ, Bottas prend un bon envol et résiste aux attaques de l’Anglais pendant les seize premiers tours de ce Grand Prix. Mais cela n’ira pas plus loin pour le pilote Mercedes, qui va devoir s’arrêter aux stands pour changer de gommes et laisser la tête à son coéquipier. La sortie de l’Alfa Romeo de Antonio Giovinazzi au 19ème tour, va provoquer la sortie de la voiture de sécurité et sera la clé de la victoire pour Hamilton lorsqu’il sera placé au bon endroit du circuit pour chausser des pneus durs. Mieux encore, ils tiendront toute la course, et même si il a l’avance pour faire un nouvel arrêt, l’Anglais refusera de s’arrêter. Mentalité de Champion.
Dans le peloton, le spectacle est garanti, tenu par la magnifique passe d’armes entre Charles Leclerc et Max Verstappen. Avantage au Monégasque lorsqu’il dépasse le pilote Red Bull à la régulière après la première fenêtre d’arrêt au stand, mais se retrouve entre lui et Pierre Gasly après son second arrêt. La course n’est alors pas finie pour Verstappen, qui est alors à la bataille pour la troisième marche du podium face à Sebastian Vettel à mi-course, qu’il dépasse au freinage de Strowe. Voulant reprendre sa place, Vettel rate son freinage dans la courbe suivante et percute l’arrière de la RB15 de Verstappen. Les deux voitures partent dans le gravier mais arrivent à reprendre la piste. Vettel, jugé responsable, prendra une pénalité de 10 secondes et échouera à la 16ème place, tant dis que Verstappen arrivera à finir dans le top 5. Charles Leclerc lui, profite de la situation pour terminer sur le podium juste derrière Gasly qui marque le meilleur résultat de son aventure avec Red Bull.
En remportant ce Grand Prix, Lewis Hamilton signe un sixième succès dans son Grand Prix national, ce qui constitue un nouveau record. God Saves The King.
75 – Grand Prix de Hongrie 2003 : L’éclosion du duo Alonso-Renault
Vainqueur : Fernando Alonso (Renault) devant Kimi Raikkonen (Mclaren-Mercedes) et Juan Pablo Montoya (Williams-BMW)
C’est sur une piste rénovée, et en fin d’été d’une saison brûlante, que ce GP de Hongrie est positionné dans le Calendrier 2003. Il s’agit de la 13e manche sur 16 de la saison. La bataille pour le titre est serrée (Schumacher n’ayant que 6 pts d’avance), mais pourtant l’évènement du week-end, sera l’éclosion d’un futur champion, d’une star de la F1. Mais aussi d’une écurie mythique, qui enfin se remet à apprendre à gagner, 20 ans après Prost. Le plus exceptionnel dans tout cela, c’est que la victoire de Renault et d’Alonso sur l’ensemble du Week-End est incontestable. Sur cette piste favorable aux pneus Michelin dont est équipée la Renault, avec les fortes chaleurs, qui ont permis aux “Bleus” d’arracher des podiums en Malaisie, en Espagne ou en Allemagne, Alonso signe la pole position avec plus de quatre dixièmes d’avance. Surtout derrière lui suit notamment un certain Mark Webber avec sa Jaguar en 3e position. L’Espagnol ne le sait pas encore, mais la clé de son 1er succès se tient là
En effet, si Alonso prend un excellent départ, Webber lui double Ralf Schumacher parti en tête à queue. Mais sur ce cIrcuit étroit, peu évident pour dépasser, une sorte de “Petit Monaco”, et avec un rythme bien moins rapide que la Renault devant mais aussi moins rapide que Montoya, la Ferrari de Barrichello et la McLaren de Raikkonen, ce qui favorise l’échappée d’Alonso. Webber a crée un bouchon important. Au bout de 10 tours, il possède 20 secondes d’avance. Peu après le groupe des poursuivants perd un membre important, avec Barrichello qui voit sa suspension se casser au bout de la ligne droite des stands. A mi-course Alonso possède 30 secondes d’avance. Les ravitaillements eux vont avoir la peau du rêve de Webber de signer un premier podium en carrière. Alonso, lui, continue sa démonstration. En maîtrise, en survol, il met un tour à Schumacher, 8e, et en grande difficulté ce jour-là. L’Allemand ne disposant à l’issue de ce GP plus que d’1 point d’avance sur Raikkonen et de 2 sur Montoya au championnat. Mais au bout des 70 tours, la star c’est Alonso. Vainqueur total, il devient le plus jeune pilote à remporter un GP, à 23 ans et 1 mois seulement. Il rapporte la première victoire à Renault depuis 20 ans. Surtout il devient le huitième vainqueur d’une passionnante saison 2003. En ce chaud dimanche d’août, un prince est né…
74- Grand Prix de Monaco 2004 : la chute du Baron Rouge
Vainqueur : Jarno Trulli (Renault) devant Jenson Button (BAR-Honda) et Rubens Barrichello (Ferrari)
Étouffant. C’est le qualificatif que l’on pourrait accoler au début de la saison 2004, écrabouillée par Michael Schumacher. C’est simple, 5 courses ont été disputées, 5 victoires ont été signées par l’Allemand. Un tel départ n’avait plus été vu depuis Nigel Mansell en 1992. Le Britannique avait justement fini par chuter à Monaco au prix d’un duel fantastique avec Ayrton Senna. Le Baron Rouge lui espère poursuivre la série. Car si on se doute déjà du 7e titre de champion du monde, lui rêve d’un pari fou et invraisemblable, le grand chelem, et remporter toutes les victoires de la saison. Mais pour ce faire l’Allemand ne doit pas rater son samedi sur la piste monégasque, ou il peut au passage égaler le record de victoires de Senna (6). A Imola, Button l’avait devancé. A Montmelo il avait signé la pole mais Trulli avait pris la tête au premier virage. A Monaco justement ce sont ces deux hommes qui vont faire la loi le samedi. Trulli devant, pour sa première pole en carrière. Button l’accompagne en première ligne. Schumacher lui n’est que 4e, derrière Alonso. Ses espoirs ne sont certes pas perdus, mais il faudra toute la maestria des rouges pour renverser la situation.
Et même si cela semble compliqué, le début de course extrêmement animé semble laisser penser que le miracle est possible. Sato au 3e tour abandonne dans un immense panache de fumée, son moteur ayant cassé, entraînant la voiture de sécurité après un tonneau effrayant de Fisichella. Schumacher lui avec la force et la rapidité des rouges arrive à doubler Button à l’issue de la première salve de ravitaillement. Il se retrouve derrière les deux Renault qui rêvent d’un exceptionnel doublé à Monaco. Mais lorsqu’au 42e tour, Alonso part à la faute sous le tunnel entraînant une nouvelle sortie de la Safety Car, on se dirige alors vers un duel magnifique entre Trulli et Schumi. Entre l’Italien de Renault qui vise sa première victoire et qui veut faire renverser le colosse, et l’ogre allemand de la Scuderia qui vise un 6/6. Les 30 derniers tours s’annoncent palpitant et la Safety Car est sur le point de s’effacer, et de laisser reprendre la course…. Alors quand au 47e tour, une voiture rouge est montrée aileron cassé et pneu avant détruit au niveau de la chicane du Port à la Télévision, c’est le coup de théâtre de la saison. Il ne s’agit pas de Barrichello mais de Schumacher. Oui, le Baron Rouge a commis une erreur. Oui le Baron Rouge est en difficulté. Oui le Baron Rouge est sur le point d’abandonner. Sous le tunnel en effet, Schumacher fît chauffer ses pneus en zigzaguant de manière assez classique. Montoya, juste derrière lui, surpris, percute Schumacher et l’envoie dans le rail extérieur. Le rêve de Grand Chelem de l’Allemand s’arrête-là.
La voie est alors royale pour Trulli vers la victoire, la première de sa carrière, qui sera aussi la seule. Mais pour l’obtenir il aura dû résister à un ultime retour de Jenson Button qui échoue à moins de 5 dixièmes ! Barrichello complète le podium à plus d’une minute. La fin d’une course épique, à émotion, à rebondissement, l’une des rares de la saison 2004. Car effectivement, même Schumacher n’est pas invincible.
73 – Grand Prix du Brésil 2009 : Button la “feel good story”
Vainqueur : Mark Webber (Red-Bull) devant Robert Kubica (BMW-Sauber) et Lewis Hamilton (Mclaren-Mercedes)
Ce GP du Brésil, placé depuis 2004 en fin de saison, va pour la 5e fois consécutive être le lieu du sacre du nouveau pilote champion du monde. Si 2006, 2007, 2008 ont eu leurs lots d’émotion dont nous reviendrons plus tard dans le classement, cette édition 2009 ne pouvait pas non plus ne pas être dans le classement. Car elle vient couronner indiscutablement le champion du monde le plus surprenant du XXIe siècle. Non pas que Jenson Button n’ait pas le talent d’un champion du monde, ses années chez Mclaren l’ont notamment démontré qu’il l’avait. Mais plutôt car rien en début de saison ne prédestinait le pilote britannique à être couronné. Pourtant après une première partie de saison digne de Schumacher, et une deuxième partie de saison plus difficile, l’Anglais n’a plus que 4 points à prendre en 2 courses. Par rapport à son coéquipier Barrichello qui au crépuscule de sa carrière touche peut-être enfin son rêve et par rapport au jeune Vettel, irrégulier mais victorieux à 3 reprises tout de même. La séance de qualifications est dantesque. 2h41, 3 interruptions au drapeau rouge, la pluie battante et des surprises. Button sera seulement 14e, Vettel 15e. Barrichello signe la pôle pour le plus grand bonheur de Sao Paulo. Son objectif est clair. Offrir à son coéquipier Button une finale à Abu Dhabi. Le tout, en gagnant enfin à Interlagos, une piste maudite pour lui.
Mais le dimanche sera une journée noire pour Rubinho comme tous ceux auxquels il a participé depuis 1994 à Interlagos. Une journée qui pourtant ne débute pas si mal, en gardant la tête au premier virage. Derrière Sutil et Trulli s’accrochent embarquant avec eux Alonso. Une chaude explication s’ensuit au point que 15 jours plus tard, l’Italien arrivera en conférence de presse avec des photos de l’accrochage pour étayer son point de vue et montrer à quel point le pilote Force India est fautif selon lui. Raikkonen lui, rate son ravitaillement au point que sa voiture s’enflamme. Tout cela profite déjà à Button, remonté 7e. Pour Barrichello, la catastrophe va commencer aux alentours du 20e tour. Un ravitaillement trop long d’abord. Ce qui lui fait perdre la tête à l’issue de cette salve, se retrouvant en effet 3e. Button, lui, remonte 4e après la mi-course. Il livre même une petite bataille avec le jeune Kobayashi qui impressionne tout le monde d’ores et déjà, lui le remplaçant de Glock blessé. Pour finir Barrichello subit une crevaison en fin de course. Celle-ci le fait passer derrière Button qui avait déjà fait le nécessaire pour s’assurer du titre. Très loin de Webber splendide vainqueur, de Kubica 2e qui réalise là sa meilleure course de la saison. Quant à Button, cette 5e place finale juste derrière Vettel lui aussi auteur d’une belle remontée, fait taire définitivement ses détracteurs. Il conquiert son titre avec panache. La page de la plus belle histoire de la décennie vient de se refermer. Button est champion du monde pilote, Brawn champion du monde constructeurs. Un succès total.
72 – Grand Prix d’Europe 2005 : une suspension qui change tout
Vainqueur : Fernando Alonso (Renault) devant Nick Heidfeld (Williams-BMW) et Rubens Barrichello (Ferrari)
Le début de saison 2005, ressemble d’ores et déjà à un coup de tonnerre lorsqu’arrive la 7e manche de la saison au Nürburgring. En effet Alonso a triomphé à 3 reprises, Raikkonen par deux fois. Schumacher 0. Et le Finlandais est celui qui a le vent en poupe. Une très large victoire sur les terres d’Alonso en Espagne. Une démonstration à Monaco. Iceman fait enfin valoir ses qualités de la McLaren, qui lorsqu’elle est fiable est la plus rapide cette saison. Mais le samedi, alors que la F1 décide de repasser à un format unique, ce sont les Williams BMW qui s’illustrent. Elles aussi restaient sur une belle performance puisqu’elles avaient réalisé un double podium à Monaco. Heidfeld le jeune allemand signe ainsi la pole position devant son public. La première de sa carrière. C’est également le motoriste BMW à domicile qui est ravi. Surtout que Webber est 3e, Raikkonen s’étant intercalé.
Le départ va accentuer encore plus cette tendance favorable aux Flèches d’Argent. Raikkonen fait un départ de rêve, Montoya aussi. Mais le Colombien ayant un chat noir dans son baquet en 2005, se fait percuter par Webber au 1er virage, les deux hommes partant en tête à queue. Le Finlandais peut alors s’échapper devant. Même si Heidfeld ayant embarqué peu d’essence résiste quelque peu. Derrière Coulthard et Trulli sont pénalisés l’un pour avoir roulé trop vite dans les stands, l’autre car ses mécaniciens étaient présents trop tardivement sur la grille avant le départ. Alonso remonté 3e dépasse Heidfeld suite au ravitaillement. C’est alors sur un fait anodin que le pilote McLaren va relancer la course. Un freinage trop tardif et excessif qui fait que le Finlandais commet un plat sur son pneu. Or en 2005, il est interdit sauf raison de sécurité dû à une crevaison, de changer ses gommes. Raikkonen n’ayant qu’un simple “plat” entraînant des vibrations, ne peut donc s’arrêter pour cette raison.
Un duel énorme s’engage alors avec Alonso durant les 20 derniers tours. Comme enjeu, une 3e victoire de suite et un rapprochement au championnat pour Raikkonen ou alors une victoire psychologique, très importante pour le Taureau des Asturies. Il s’agit du match de l’année. L’Espagnol met la pression, attaque, se rapproche du Finlandais. Obligeant aussi celui-ci à attaquer toujours plus et donc user sa suspension. Au tour 53, l’Espagnol est à 6 secondes. A l’entame du dernier tour il est revenu à 1 seconde et 2 dixièmes, avec pour objectif l’ultime chicane pour tenter un dépassement. Il signe au demeurant le meilleur tour en course. Mais de dépassement il n’en aura pas besoin. Au 1er virage, une épingle en dévers, le freinage de Raikkonen est celui de trop : la suspension finit par exploser, le pneu lâche définitivement et le pilote McLaren finit dans le mur. Par KO, Alonso sort vainqueur de cet affrontement. Au lieu d’avoir un écart de 57 points à 37, c’est finalement sur un 59 points à 27 que les deux hommes quittent le Nürburgring.
Surtout après avoir résisté à Schumacher a Imola, nous y reviendrons, le pilote Renault a su faire craquer Raikkonen. Définitivement le patron du championnat, c’est peut-être ce jour-là que l’Espagnol a mentalement, et comptablement conquis son premier titre de champion du monde…
71 – Grand Prix d’Angleterre 2013 : panique à Silverstone
Vainqueur : Nico Rosberg (Mercedes) devant Mark Webber (Red-Bull) et Fernando Alonso (Ferrari)
Après sept manches, Sebastian Vettel mène le championnat 2013 avec trois victoires à son actif et 36 points d’avance sur Fernando Alonso après le Grand Prix du Canada. Il compte bien alors creuser cet écart lorsque le week-end de Silverstone pointe son nez, mais il ne sera pas la star des qualifications : ce sont les Mercedes de Lewis Hamilton et Nico Rosberg qui prennent le monopole de la première ligne, à une époque où les Flèches d’Argent ne sont pas encore au sommet de la Formule 1. Hamilton n’a pas encore eu de victoire cette année-là, Rosberg ayant déjà remporté le Grand Prix de Monaco plus tôt dans l’année. Les Red Bull partent juste derrière, les Ferrari sont en fin de top 10. Le décor est planté.
Au départ, Lewis Hamilton arrive à conserver la tête devant Vettel et Rosberg, mais cela ne durera que 8 tours car il est alors, la première victime d’une série folle de trois crevaisons coup-sur-coup : Felipe Massa et Jean-Eric Vergne feront aussi les frais, ce qui sémènera l’inquiètude chez les pilotes : la voiture de sécurité et les commissaires sont de sortie pour nettoyer la piste et la FIA avertira les pilotes qu’un vibreur dans le virage Copse est peut-être à l’origine de ces incidents. Mais en vérité, le manufacturier Pirelli sera pointé du doigt après ce Grand Prix, et à partir de cet événement, les pneus vont être un sujet sensible dans les années à venir. Lorsque la course reprend au 27ème tour, Vettel est devant tout le monde et reste leader après les arrêts au stand. Mais sa boite de vitesse en a décidé autrement et c’est un nouveau coup de théâtre dans ce Grand Prix : elle casse en fin de course, Vettel doit abandonner pour la première fois cette année et renoncer à marquer les 25 points de la victoire. La voiture de sécurité sort à nouveau suite à la voiture du pilote Red Bull qui est placée sur la piste, et c’est Nico Rosberg qui profite de la situation pour s’incruster en tant que leader et doit tenir tête à Mark Webber pour la gagne. Au final, il y arrive pour seulement sept dixièmes de secondes. L’Allemand remporte alors sa deuxième victoire de l’année devant Webber et Fernando Alonso. Hamilton terminera quatrième.
A l’issue de cette course, Vettel est vaincu au tapis : 25 points s’échappent, l’écart avec Alonso au championnat est réduit à 21 points. Mais il ne sait pas encore, que ce week-end de Silverstone ne sera que mauvais souvenir, et qu’à ce moment là, la route ne sera que plus belle…
Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour la suite du Top 100, avec les places 70 à 69.
Rédigé par Vincent Chardac et Thomas Bogeard.