Un geste diplomatique qui n’est pas passé inaperçu : lors de son déplacement à Astana en novembre dernier, deux lévriers Tazi nommés Jules et Jeanne furent offerts par le Président Kassym-Jomart Tokaïev à Emmanuel Macron. Or, les deux canidés ont été immortalisés par la photographe officielle du président français sur Instagram le 19 mars dernier, suscitant l’attendrissement des internautes français. Une anecdote révélatrice de la dynamique au beau fixe entre le Kazakhstan et la France.
En effet, depuis la reconnaissance de l’indépendance de la République d’Asie centrale au début des années 1990, les deux pays ont rapidement établi des liens diplomatiques fructueux, concrétisés en 2008 avec la signature officielle d’un « partenariat stratégique ». Un rapprochement déterminant et unique pour la France dans la région, qui déploie une multitude de coopérations industrielles, énergétiques, diplomatiques, institutionnelles ou commerciales avec Astana.
La France s’est ainsi imposée comme l’un des principaux soutiens du Kazakhstan dans le monde, tandis que l’immense pays d’Asie centrale est devenu le partenaire incontournable du Quai d’Orsay, de l’Élysée et des entreprises françaises sur toute la zone eurasiatique.
Visites présidentielles et engagements bilatéraux
La visite du Président Tokaïev à Paris en novembre 2022 – sa première sortie officielle en Europe depuis sa réélection – a été un geste fort de la diplomatie kazakhstanaise. Un déplacement remarqué, symptomatique de la dynamique des relations franco-kazakhstanaises et avec de nombreuses discussion sur le rôle que peuvent jouer les deux nations dans la résolutions des différents points de tensions mondiaux.
Et presque un an plus tard, la visite réciproque de Macron à Astana a encore renforcé ces liens, avec des déclarations publiques confirmant un dialogue régulier et confiant à tous les niveaux. À cette occasion, le chercheur de l’IFRI Michaël Levystone avait déclaré qu’outre les aspects économiques, « Pour la diplomatie française, c’est très intéressant de recevoir Kassym-Jomart Tokaïev aujourd’hui. La diplomatie du Kazakhstan a l’habitude de parler à tout le monde, ils sont excellents dans cet exercice. Avoir un allié stratégique très proche de la Russie qui n’a pas hésité à prendre des positions qui irritent le Kremlin depuis le début de la guerre en Ukraine, c’est quelque chose de très intéressant pour la diplomatie française ».
Lors de cette rencontre de 2023, la plupart des analystes avaient alors convergé sur le fait que la relation bilatérale allait certainement s’approfondir à l’avenir au regard de son intérêt stratégique pour les deux pays. Si la France cherche à développer ses leviers diplomatiques, pour maintenir son statut de puissance majeure et d’équilibre dans un monde en pleine recomposition, le Kazakhstan entend se libérer de l’étreinte de ses deux puissants voisins, aussi utiles qu’embarrassants, la Russie et la Chine.
Engagements futurs et perspectives
Car 2024 sera, à n’en pas douter, une autre année très riche pour la relation entre Paris et Astana. Déjà, Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev ont annoncé en décembre dernier, lors de la dernière COP à Dubaï, le lancement du One Water Summit. Cette séquence, dédiée aux réponses à apporter à la crise mondiale de l’eau, verra la tenue d’un grand sommet conjoint entre les deux pays et organisé en septembre prochain à New York, en marge de la session de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies.
Et autre fait marquant, le Président Tokaïev se rendra en France une nouvelle fois avant la fin de l’année, à l’invitation de son homologue. Il est en effet prévu que le dirigeant kazakhstanais soit l’invité d’honneur de la septième édition du Paris Peace Forum, vaste symposium diplomatique consacré au règlement des crises économiques, climatiques ou diplomatiques par le dialogue et le multilatéralisme.
Particulièrement dynamiques, les relations franco-kazakhstanaises pourraient bien être l’un des moteurs de la politique étrangère des deux mandats du Président Macron.