Avec une note de 4 étoiles pour les spectateurs d’Allociné, le Frankenstein de Guillermo del Toro convainc beaucoup de gens. Paris risqué que de vouloir s’attaquer à ce géant de la culture horrifique. Un monstre créé il y a 207 ans, que l’on connaît sans vraiment savoir d’où il vient.
Dracula, la momie, la créature du lac, le loup-garou, toutes ces figures du cinéma d’horreur des années 50 ne sont pas enterrées. À l’image de Dracula, Frankenstein tire son origine d’un livre. Un vieux livre, puisqu’il date de 1818. Alors que la France est dirigée par Louis XVIII et que Victor Hugo n’a que 16 ans, une autrice de Grand-Bretagne crée ce qui va devenir l’un des monstres les plus connus.
Le cadre familial
Née Mary Wollstonecraft Godwin, le 30 août 1797 à Londres. Elle est la fille de la féministe Mary Wollstonecraft et du philosophe radical William Godwin. Mary Shelley grandit dans un environnement intellectuellement stimulant, mais aussi marqué par l’absence maternelle. Sa mère étant morte peu après sa naissance. Elle n’a pas reçu d’éducation formelle stricte, mais baigne très tôt dans les livres et les débats.
Le tournant : l’été 1816
En 1816, Mary, son compagnon Percy Bysshe Shelley et la belle-sœur Claire Clairmont séjournent près du lac Léman, à la ville Diodatio près de Genève. La météo y est réputée sombre, et lors d’un concours d’histoire de fantôme organisé par Lord Byron, Mary imagine une histoire. C’est ce moment-là, à seulement 19 ans, qui déclenche la création d’un grand classique de la littérature.
Frankenstein : le roman qui défie les genres
Publié anonymement en janvier 1818, Frankenstein mélange roman gothique, la science-fiction naissante et une profonde réflexion philosophique. L’idée : un scientifique, Victor Frankenstein, parvient à donner vie à une créature faite de reste humain, mais pas sans prix. Le roman explore les thèmes du dépassement de la nature, de l’éthique de la création, de la solitude et du rejet.
D’abord édité à 500 exemplaires, son succès en demi-teinte ne va pas conduire à un renouvellement. Ce qui fera la différence, c’est surtout l’adaptation dramatique et théâtrale, Presumption; or the Fate of Frankenstein (1823) qui s’inspire du roman. Un succès qui propulse le titre dans la culture populaire. Une nouvelle édition remaniée (celle de 1831) permet à l’œuvre d’entrer réellement dans la postérité et d’atteindre un plus grand public.
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Au-delà de Frankenstein : une œuvre riche mais méconnue
Mary Shelley ne s’est pas arrêtée à Frankenstein. Elle a écrit d’autres romans comme The Last Man (1826), un récit post-apocalyptique, ainsi que des voyages, des lettres et des journaux. Pourtant, pour longtemps, son œuvre fut éclipsée par celle de son mari et l’icône populaire de Frankenstein. Aujourd’hui, elle est réévaluée comme une figure majeure de la littérature britannique du XIXe siècle.
Plus qu’un livre, ce qu’il reste de Frankenstein, c’est le cinéma. Le film de James Whale, sorti le 21 novembre 1931, marque un tournant pour le mythe de Mary Shelley. Distribué par Universal Pictures, il connaît un succès commercial majeur dès ses débuts. Depuis, la figure de Frankenstein n’a cessé d’évoluer et de se démocratiser. Dernière pierre en date, l’adaptation par Guillermo del Toro. Le film met en scène Oscar Isaac en Dr Victor Frankenstein et Jacob Elordi dans le rôle de la créature, et sera disponible depuis le 7 novembre 2025 sur Netflix.