C’est une mesure amorcée depuis plusieurs semaines désormais : le gouvernement veut augmenter le prix des paquets de cigarettes.
D’abord prévue en deux temps, une augmentation de 20 centimes à chaque fois, en Juillet puis en Octobre, la hausse se fera finalement en une seule fois, « début Juillet » selon Marisol Touraine, la ministre de la Santé.
Une seule hausse, et plus forte, donc, puisqu’elle devrait être de « 30 à 40 centimes », portant le prix des paquets de cigarettes les plus chers à près de 7euros quand les moins chers avoisineront les 6 euros 50.
Déjà augmenté en Octobre dernier de 40 centimes, le prix du tabac avait, semble-t-il, découragé une partie des fumeurs français, la vente de paquets de cigarettes ayant diminuée de près de 9% au premier trimestre 2013 (-8,6%).
Mais si les chiffres ne mentent pas, il convient cependant de les relativiser : si la vente des cigarettes en France reflète bien une baisse du tabagisme, elle cache aussi une autre réalité : l’augmentation constante de la contrebande liée au secteur du tabac. Celle-ci, qui représente 22 à 25% de la consommation totale des cigarettes en France, constitue un double danger puisqu’en plus d’affecter les revenus des buralistes, donc l’économie française, fumer du tabac issu de la contrebande présente un risque de nuire à la santé des consommateurs, la provenance des produits n’étant pas assurée, donc potentiellement dangereuse.
Une hausse soumise à conditions
Cette augmentation du prix des cigarettes, dont l’efficacité n’est donc pas certaine, est confrontée à un autre danger : l’indépendance des cigarettiers. Les entreprises productrices du tabac vendu par les buralistes, telle que British American Tobacco, disposent d’une marge de manœuvre importante qui peut amoindrir l’effet « positif » d’une hausse des taxes voulue par l’Etat. Craignant qu’une trop importante hausse des prix, telle que celle prévue en Juillet, ne décourage les fumeurs à consommer leurs produits, les cigarettiers sont libres de ne pas augmenter d’autant leurs prix pour ne répercuter la hausse de la taxe gouvernementale que progressivement. Ainsi, un paquet de cigarettes, en dépit de la nouvelle taxe rehaussée de 40 centimes, pourrait ne coûter que quelques centimes de plus dans un premier temps, puis d’avantage par la suite, pour que les cigarettiers récupèrent peu à peu leurs marges tout en n’ayant perdu qu’un minimum de clients.
Le gouvernement, par cette énième augmentation du prix des paquets de cigarettes au nom de la « santé publique », augmente encore et toujours la frénésie des taxations, hier au nom de la justice sociale, aujourd’hui au nom de la santé de ces citoyens. Mais si la mesure sera perçue par les plus optimistes comme une mesure anti-tabac, d’autres pourront y voir une source de revenus supplémentaire pour le gouvernement sans pour autant qu’elle permette la réduction du tabagisme en France.