INTERVIEW – À 32 ans, Guido Romero Pierini a lancé Boum! Bang! avec Jérôme Levy en septembre 2011. Des arts plastiques aux numériques, la richesse du site est en passe de devenir une référence de la presse web artistique. Rencontre avec le co-fondateur de la nouvelle bombe arty 2.0.
Guido et Jérôme sont de vieux potes. Rencontrés il y a une dizaine d’année, Clare Mary Puyfoulhoux les a rejoint très rapidement, pour élaborer le webzine consacré à la création contemporaine, il y a déjà un an et demi. Entre analyses d’oeuvres méticuleusement étudiées, esthétique soignée et découverte de nouveaux talents… Boum! Bang! retentit dans le paysage artistique virtuel et s’empreint d’un succès explosif, pour un projet encore très jeune. Le site compte plus de 3000 visites par jour pour 6000 pages vues en moyenne quotidiennement. Une réussite quant à l’audience du site, qui permet aussi l’essor de partenariats, comme celui du Centre Pompidou à l’occasion du Nouveau Festival.
Guido Romero Pierini, le co-fondateur de l’artzine Boum! Bang! © DR
- En quoi Boum! Bang! se démarque-t-il des autres webzines consacrés à l’art contemporain ?
Guido Romero Pierini : Boum! Bang! évoque la déflagration culturelle, l’explosion artistique. L’onomatopée nous semblait importante : elle est accrocheuse, elle se retient bien. Elle est aussi tout à fait décalée pour un site d’art… On joue de ce décalage entre une identité visuelle rétro et foisonnante et une exigence des contenus. On voulait éviter l’esthétique épurée, blanche et aseptisée, récurrente sur la toile.
- Quelle ligne éditoriale adopte Boum! Bang! ?
Guido Romero Pierini : Boum! Bang! propose des articles quotidiens traitant des productions de la jeune garde artistique. Nous nous intéressons à la peinture, la sculpture et la photographie mais également aux arts numériques et graphiques, ainsi qu’à la musique. La ligne éditoriale des articles va à l’essentiel : donner un accès simple et riche à des travaux peu documentés. De courtes vidéos soutiennent par ailleurs cette ambition de refléter l’univers dans lequel les artistes créent. […] Notre mot d’ordre est l’amateurisme, au sens le plus noble du terme. Nous ne prétendons pas être des critiques d’art, mais plutôt des amateurs qui mettons des mots sur nos ressentis de spectateurs.
- Et d’un point de vue déontologique ?
Guido Romero Pierini : Ont été systématiquement refusés tout article sponsorisé ou publicité : les rédacteurs détiennent une certaine liberté qui est d’écrire sur des sujets auxquels ils sont sensibles. Il s’agit de ne soumettre la découverte artistique à aucune injonction autre que la qualité et l’authenticité des sujets traités. […] Les articles publiés sur Boum! Bang! sont de véritables lectures des oeuvres montrées, des analyses en profondeur et en détail. En somme, un magazine lisible par le plus grand nombre sans céder toutefois à la médiocrité des contenus ou des sujets.
- Boum!Bang! connait une belle évolution : multiplication des rubriques, partenariats, … Quelles sont tes attentes, notamment à propos de la nouvelle rubrique « Les Mixtapes » ?
Guido Romero Pierini : Faire dialoguer la musique et l’art. Pas juste une sélection de morceaux exempte de toute recherche artistique. Une sorte de bande originale d’une oeuvre : quand tu regardes un tableau, que ressens-tu, quelles sensations éprouves-tu ? C’est ce qu’on demande aux musiciens, d’exprimer leur sensibilité à travers la musique.
- Comment va évoluer le site dans les temps à venir ? (projets, développement, …)
Guido Romero Pierini : Au bout d’un an et demi, force est de constater que nous avons mis un pied dans le monde de l’art. Par les relations que nous avons instaurées avec les artistes et divers acteurs soucieux de promouvoir la jeune création, nous avons déjà organisé plusieurs expositions. En outre, certains de nos rédacteurs ont été repérés par des journaux grâce à leurs publications sur notre site et nombreux sont les artistes qui voient leur popularité augmenter suite à une publication. En effet, il semble que notre site soit en passe de devenir une référence.
L’esthétique rétro du site rompt avec l’interface blanche traditionnelle. © boumbang.com
En 2013, Boum! Bang! prévoit de belles surprises pour ses lecteurs. Avec le développement de l’application mobile et sur tablettes numériques au cours de l’année, le webzine va enfin transcender les frontières virtuelles pour un numéro papier hors-série. Bien que la date ne soit pas encore communiquée, les internautes peuvent en attendant patienter respectivement jusqu’à avril et septembre pour le lancement d’une galerie et d’un concept-store en ligne.
Boum! Bang! expose deux grands formats inédits de Lou Ros et de Pascal Vilcollet à la galerie Le Chapon Rouge du 14 au 24 mars 2013. Plus d’infos sur la page Facebook
Propos recueillis par Maxime Gasnier