Depuis 2007, Hadmar et Herpoux forment un des duos les plus passionnants de la fiction française pour une œuvre d’une cohérence rare et dont Au-delà des murs est la pierre angulaire.
D’abord un binôme, une cohésion, une même envie de proposition différente. Puis un vrai travail d’écriture, une véritable identité, une empreinte reconnaissable, une noblesse dans la façon de concevoir les choses comme un artisanat, en prenant son temps et en étant adepte des détails minutieux. Deux hommes qui se trouvent professionnellement et dont l’œuvre prend forme jusqu’à devenir petit à petit l’un des fleurons de la fiction française. Des thèmes récurrents mais une manière de transcender la banalité apparente par un traitement visuel toujours original et nimbé d’un regard pertinent. Si tout n’est pas parfait, jamais l’ambition ou l’intelligence ne sont pris en défaut. Hervé Hadmar et Marc Herpoux cherchent, inventent, rêvent ou cauchemardent et laissent libre cours à leur imagination débridée et à leur talent pour nous offrir des séries innovantes et passionnantes. Retour sur leur travail à découvrir ou à redécouvrir séance tenante.
Les Oubliées (2007)
Un véritable thriller oppressant et angoissant, l’histoire d’un homme, Christian Janvier, totalement habité et obsédé par son enquête, l’affaire « des oubliées » qui est dans sa vie depuis plus de quinze ans. Une série psychologiquement forte et troublante à l’atmosphère hypnotique à la fois dans la droite lignée de notre culture du polar mais aussi moderne et envoûtante, jusqu’au vertige. Portée par un époustouflant Jacques Gamblin, le premier coup du tandem Hadmar-Herpoux est un coup de maître.
Pigalle la nuit (2009)
Un thriller à nouveau mais qui quitte la Province pour s’immerger au cœur du quartier parisien emblématique : Pigalle. A la noirceur sous-jacente des Oubliées, Pigalle La nuit oppose son ton et son style, teinté d’onirisme, en racontant la quête de Thomas (Jalil Lespert) qui est à la recherche de sa sœur strip-teaseuse. Mais cette recherche n’est que le point de départ d’une série qui va s’ouvrir à d’autres personnages dont Nadir (Simon Abkarian), patron d’établissements de nuit qui doit faire face à l’arrivée de la concurrence sur son territoire. En soulignant le fantasme du quartier, les auteurs s’éloignent quelque peu de la réalité mais délivrent du coup une série splendide, tournée en 35mn, et où le quartier semble pris sur le vif ce qui contribue à une esthétique et à une identité forte.
Signature (2011)
Un pari osé et gonflé de la part d’Hadmar et d’Herpoux, véritable proposition différente avec une vraie vision d’auteur et une série à l’atmosphère planante et envoûtante, n’hésitant pas à aller hors des sentiers balisés. Formellement splendide et ambitieuse, Signature est pourtant la moins accessible des séries du duo la faute à un duo dissonant entre un excellent Sami Bouajila et une Sandrine Bonnaire en deçà qui empêche d’éprouver une véritable empathie pour son personnage. Série néanmoins riche et intelligente, il en reste une œuvre certes inégale mais véritablement originale.
Les Témoins (2014)
Avec Les Témoins, Hervé Hadmar et Marc Herpoux abordent un nouveau cap dans leur travail. Si d’apparence on est devant un polar traditionnel, très vite l’intrigue sort des sentiers battus grâce à un traitement sans concessions où la forme et le fond se mêlent pour un résultat magnifique et cohérent. Si la force du scénario captive et tient en haleine tout au long des six épisodes et si la tension monte crescendo pour vous prendre à la gorge et ne plus vous lâcher, Les Témoins s’impose également par une mise en scène sans artifices qui restitue une atmosphère étouffante. Grâce à un duo de premier ordre, où la découverte incontestable Marie Dompnier fait des merveilles face à un Thierry Lhermitte sombre et intense, mais aussi par le biais de seconds rôles qui ont de vrais personnages à jouer (Laurent Lucas, Jan Hammenecker…)
Au delà des murs (2016)
Hervé Hadmar et Marc Herpoux (qui s’adjoignent pour l’occasion la collaboration de Sylvie Chanteux) proposent avec Au-delà des murs, une mini-série en trois épisodes qui ose aborder la fiction de genre, ce qui est loin d’être courant dans la fiction française et en l’occurrence le fantastique. Sans plier sous le poids de ses références, Au-delà des murs se créé son propre ton, fait à la fois d’onirisme et de conte en utilisant la lumière, les effets sonores et la majesté du décor pour impressionner et faire peur.
Crédits: France 3/ Canal+/ France 2/ Arte