Je ne suis pas fou, ni réac, ni spécialement conservateur. Pourtant je suis choqué. Choqué de l’exposition portant sur le photographe Helmut Newton, choqué de la vision de la femme, alors qu’il est reconnu comme l’un des plus grands vecteurs de la reconnaissance de leur cause.
Je suis trop idéaliste et j’aime trop les femmes pour me taire, aussi connu et reconnu soit cet artiste. Tout dans sa vision de la femme n’est que nudité, soumission et provocation.
Il dira notamment en 1984 «Je suis très attiré par le mauvais goût, plus excitant que le prétendu bon goût, qui n’est que la normalisation du regard (…), si je cherche la vérité d’un point de vue, je ne vais pas me conformer à ce que l’art accepte ou non. Les mouvements sado-maso par exemple me paraissent toujours très intéressants; j’ai en permanence dans le coffre de ma voiture des chaines et des menottes non pas pour moi mais pour mes photos».
Les femmes sont donc des objets, des animaux, à attacher à un portail avec des chaînes et des menottes? C’est une belle vision. Mais je ne la partage pas. Pour moi une femme c’est un pouvoir, une démarche, un parfum, un mouvement. Pas un morceau de viande accroché un croc de boucher.
Et encore s’il n’y avait que des femmes nues, avec un regard perdu et souffrant. Mais il y a aussi la photo d’un mourant, Salvador Dali, un tuyau blanc dans le nez, et un regard suppliant la mort de venir le chercher.
Mais bon sang, une femme n’est pas seulement un objet qui écarte les cuisses, ouvrez les yeux et admettez. Alors oui ces mots vous paraissent crus, mais ils ne sont que le reflet de cette exposition, du moins le reflet de ce que j’ai ressenti.
Alors je vous vois venir, me disant que c’est de l’art, que c’est un monde particulier qui est sensé faire bouger les choses, que le photographe ne fait que donner une vision de la femme qui n’est pas sensée représenter toute la femme. Certes. Mais diriez vous la même chose si un homme politique posait sur une affiche de campagne avec une femme se faisant sodomiser par un chien (oui c’est ce que l’on voit dans l’exposition du Grand Palais). Pourtant un politique n’est-il pas sensé «faire bouger les choses» et donner une certaine vision? C’est donc le même problème, vu différemment mais qui amène à la même conclusion.
Alors oui, allez voir cette exposition, mais ne vous leurrez pas, et ne sortez pas en vous disant «cet homme était un visionnaire», car c’est faux, arrêtez d’être biens pensants, ce n’est pas parce que le tout-paris se presse pour voir des femmes écartelées dans une douche recevant un jet d’eau sur le vagin, que c’est beau, encore moins bien fait.
Gauthier de Lestrange