Hervé Ghesquière, Stéphane Taponier et leur interprète, Reza Din : enfin libres ! Les conditions de cette libération sont encore floues mais RVL a minutieusement mené l’enquête et les résultats sont incroyables !
547 jours. Enlevés en Afghanistan le 30 décembre 2009, les journalistes et leurs trois accompagnateurs afghans enquêtaient pour un programme de la chaîne nationale France 3 : Pièces à conviction. Ils sont été arrivés à l’Ambassade de France à Kaboul, ce mercredi, « dans un état de santé physique et moral étonnamment bon », selon Pierre Babey, envoyé de France 3 présent sur les lieux. Une délivrance pour les hommes et leurs familles.

« C’est une très grande joie et un immense soulagement » déclare Alain Juppé, ministre des Affaires Étrangères, lors d’un communiqué de presse relatif à leur libération. Retenus dans la province de Kapisa, à 60 km de Kaboul, ils sont attendus sur le sol français dès demain, à huit heures, à l’aéroport de Villacoublay (Yvelines).
Florence Aubenas, marraine du comité de soutien aux otages en Afghanistan participait à Paris, au rassemblement pour les 550 jours de leur captivité quand a éclaté l’annonce de leur libération ; « On vient de vivre une scène incoryable. On était tous émus. On pleurait, on irait, c’était un moment incroyable… On se demandait si c’était vrai ou faux. » L’ex-otage a balayé les difficultés d’adaptation qui risquent d’attendre les deux journalistes à leur retour « Je n’arrive pas à penser à quelque chose d’autre qu’à la joie de les attendre, à la joie de leur dire bienvenue chez vous. »
Elise Lucet, présentatrice de l’émission Pièces à conviction, pour laquelle travaillaient les deux journalistes lorsqu’ils ont été capturés, a partagé sa joie sur BFM TV : « Nous avons été patients pendant dix-huit mois, tout ce qui compte est de les voir descendre de l’avion et de les serrer dans nos bras jeudi matin ». Et de poursuivre : « On savait depuis quelques jours qu’une opération était en cours, mais elle aurait pu capoter comme les autres. Celle-ci n’a pas capoté, ils sont libres, c’est formidable ».
Un peu avant 17h, BFM TV annonce qu’une « rançon de plusieurs millions d’euros aurait été versée » afin de mettre fin à la captivité des deux hommes. La présidence française dans son communiqué de presse n’aura cependant donné aucune précision sur les conditions de cette libération, notamment en ce qui concerne cet éventuel versement aux ravisseurs ; l’Élysée affirme n’avoir versé aucune rançon. Selon un journaliste du Monde, on y explique « qu’il y avait des divergences entre ceux qui détenaient les otages et les niveaux supérieurs de l’organisation ». D’où la durée des négociations. Par ailleurs, les conditions exigées par les ravisseurs auraient été essentiellement politiques, et le système compliqué des talibans n’aurait pas facilité la brièveté des opérations. Alain Juppé déclare que « la France ne paie pas de rançon » en début de soirée alors que la DGSE, responsable de cette libération affirme le contraire.
Nicolas Sarkosy, lui, a remercié le président afghan Hamid Karzaï pour « la gestion de cette crise ainsi que tous ceux qui ont participé à la libération des otages » a indiqué l’Élysée. Gérard Taponier, le père de Stéphane reste sous le choc : « le Quai d’Orsay m’a appris la nouvelle vers 15 heures. Je n’y crois pas encore. Je n’y croirai que quand je verrai mon fils demain à 8 heures ».
Leur détention est la plus longue pour des journalistes français depuis la crise des otages au Liban, dans les années 1980. Les autorités françaises ont à plusieurs reprises cru pouvoir annoncer leur libération imminente avant de devoir déchanter, les négociations se révélant très complexes. La dernière preuve de vie connue des deux hommes, un enregistrement vidéo, datait de novembre 2010. »Cette libération nous fait penser à tous les Français qui sont encore retenus en otages, au Sahel, en Somalie, au Yémen, nous allons oeuvrer avec la même détermination pour obtenir leur libération et j’en profite pour lancer un appel à ceux qui les détiennent », a déclaré François Fillon, appuyé par la déclaration de Frédéric Mitterrand qui fait part de son ressenti dans son communiqué : « Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier nous rappellent à chacun que le droit à la liberté d’expression et d’information n’est pas un principe abstrait, mais une réalité que défendent quotidiennement tous les journalistes professionnels, et avec eux le ministre de la Culture et de la Communication ».
Elsa Segalen.