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Hugo Clément : « Pour être journaliste, il faut être curieux avant tout »

Hugo Clément

Tout Pour Réussir, dix minutes d’interview avec Saad Merzak. Un retour sur la carrière d’une personnalité du monde médiatique, artistique ou économique, et les raisons de son succès. Aujourd’hui Saad reçoit le journaliste Hugo Clément, connu pour son travail dans Le Petit Journal sur Canal +, puis dans Quotidien sur TMC. Désormais il parcourt le monde pour le site d’informations Konbini.

Votre départ de l’émission Quotidien en Novembre dernier, s’est un peu fait dans la précipitation, qu’est-ce qu’il s’est vraiment passé ?

Et bien il s’est passé que Konbini m’a proposé de lancer un nouveau média, qui s’appelle Konbini News, avec une nouvelle équipe et des formats innovants. J’ai eu envie de me lancer dans ce nouveau défi, je n’ai pas vraiment hésité très longtemps, et j’ai donc décidé de quitter l’émission Quotidien pour lancer ce nouveau projet.

Généralement, lorsque les journalistes quittent une émission, c’est plutôt en fin de saison, mais là c’était un peu à mi-chemin.

Oui, j’ai quitté à ce moment-là, parce que c’était à ce moment-là que l’on me proposait le projet. Peut-être que six mois ou sept mois plus tard on ne me l’aurait pas proposé, je n’avais pas envie de passer à côté. C’est vraiment quelque chose que j’avais envie de faire, donc je suis parti en cours de saison.

Aujourd’hui quel bilan faites-vous de vos années Bangumi ?

Et bien c’est un très bon bilan. Le Petit Journal tout d’abord, puis Quotidien, ce sont des émissions dans lesquelles j’ai énormément apprécié travailler, avec des gens que je respecte énormément, Laurent Bon le producteur, Yann Barthès le présentateur et puis toutes les équipes de chroniqueurs, de gens qui préparent l’émission, qui sont tous extrêmement talentueux. Et puis ce sont des émissions (Le Petit Journal et Quotidien) qui m’ont donné ma chance, qui m’ont permis de montrer ce que je savais faire et c’est sûr que je ne serais pas là aujourd’hui sans ces deux émissions là, donc je suis extrêmement reconnaissant.

Êtes-vous resté en contact avec vos camarades, Yann Barthès, Martin Veill, ou d’autres gens de l’équipe ?

Je suis resté en contact avec les amis que j’ai dans l’émission, notamment Martin qui est un ami très proche.

Cela fait quasiment deux mois que vous êtes arrivé à Konbini, comment se passe cette nouvelle aventure ?

Elle se passe extrêmement bien, déjà on est très fiers des contenus qu’on propose, sur le fond d’abord, parce que c’est quand même le plus important, les reportages qu’on a fait au Salvador sur l’avortement, en Russie sur les violences contre les femmes, à Paris sur les réfugiés mineurs, au Honduras sur les militants écologistes assassinés, entre autres. On est très contents d’avoir pu porter ces sujets à la connaissance du jeune publique qui nous regarde sur Konbini et Konbini News, et puis ensuite c’est aussi un succès d’audience puisqu’on a, à peu près en moyenne, un million de vues sur nos vidéos chaque jour sur Konbini News et on est extrêmement contents de ce bilan.

Dans vos reportages justement, vous aimez souvent aller dans des zones isolées, zones à risques ou de conflits… c’est important pour vous, pour pouvoir exercer votre métier, cette adrénaline ?

Ce n’est pas pour l’adrénaline que je le fais, il y a peut-être des journalistes qui le font pour ça, mais en tout cas moi ça ne me plait pas particulièrement d’être dans des zones à risques, je préfère aller dans des zones où il n’y a pas de risque. Mais quand il y a un sujet qui justifie d’aller dans des zones un peu « craignos », il faut y aller quand même. Après j’ai fait beaucoup moins de zones de guerre que mon camarade et ami Martin, qui lui a fait beaucoup de zones de conflits, ce n’est pas vraiment mon cas. J’ai fait effectivement des sujets un peu tendus, parfois, mais quand la thématique de fond le justifie, je pense que ça fait partie du boulot de prendre une légère part de risque.

Oui, parce que vous auriez pu rester journaliste politique ?

Oui, mais je n’avais pas envie, la politique c’est très intéressant et j’ai adoré couvrir la campagne présidentielle mais ce n’est pas ce qui m’intéresse forcément le plus dans le journalisme.

Vous êtes un modèle pour la jeune génération, et on le voit avec vos 566 000 followers sur Twitter, que conseillez-vous aux jeunes qui veulent faire ce métier ?

Alors je ne sais pas si être un modèle ça se mesure au nombre de followers.

Non, pas du tout, ce que je voulais dire c’est que beaucoup de gens vous suivent en tout cas.

Oui il y a des gens qui me suivent. « Que conseillez » dans quel domaine ?

Et bien dans le métier de journaliste, par rapport à votre parcours, à vos expériences…

À des jeunes qui voudraient être journaliste ?

C’est ça exactement.

Et bien d’être curieux avant tout, je pense que la qualité un peu commune à tous les types de journalisme, parce qu’il y a beaucoup de types de journalisme différents, mais il y a une qualité commune qui est la curiosité je pense. Il faut être curieux du monde qui nous entoure, curieux des endroits qu’on ne connait pas, des gens qu’on ne connait pas, des situations un peu obscures qu’on a envie d’éclaircir, je pense que c’est vraiment la qualité principale et quand on a cette curiosité, tout est possible.

Quelles ont été vos meilleures rencontres professionnelles ces dernières années, s’il fallait en choisir deux ou trois ?

Alors la plus récente, ça a été ma rencontre avec David Creuzot et Lucie Beudet, qui sont les fondateurs de Konbini, puisque c’est avec eux qu’on a lancé ce super projet qu’est Konbini News.

Mais alors comment ça s’est passé, ils sont venus vous chercher ?

Oui ils m’ont appelé, ils m’ont dit « Salut Hugo, on aime bien ce que tu fais, on a un projet en tête, on te le présente, qu’est-ce que tu en penses ? ». Puis on a discuté et on est tombé d’accord sur le projet et on a dit « allons-y ». Donc ça c’est la meilleure rencontre la plus récente, et puis il y a des rencontres plus anciennes, notamment avec Laurent Bon, qui est un producteur extrêmement talentueux, qui m’a fait beaucoup progresser. Et puis encore avant, il y a David Pujadas par exemple, à France 2, puisque c’est là que j’ai commencé, qui m’a aussi beaucoup appris, qui m’a beaucoup soutenu. Il y en a des dizaines d’autres que je ne peux pas citer, mais évidemment je suis très reconnaissant de tous ces gens que j’ai rencontrés, qui m’ont soutenu et qui m’ont aidé.

Alors vous parliez de David Pujadas, justement, que pensez-vous de l’ancienne génération, style Elise Lucet ou Bernard de la Villardière ? Quels sont vos modèles de journalistes aujourd’hui ?

Je ne dirais pas que Elise Lucet fait partie de l’ancienne génération, je pense que c’est aujourd’hui la journaliste la plus populaire de France, y compris auprès des jeunes, parce qu’elle fait un boulot incroyable d’investigation, elle n’hésite pas à mettre le pied dans la porte, à porter des sujets avec beaucoup d’énergie. Je pense que c’est, aujourd’hui, ce que les gens attendent des journalistes. Donc je ne pense pas que ce soit une question de générations, je pense vraiment que le plus important est le contenu qu’on produit. On peut être un journaliste de cinquante ans et produire du contenu extraordinaire, on peut être un journaliste de vingt ans et produire du contenu de moins bonne qualité et inversement. De la même sorte je pense qu’il ne faut pas opposer nouveaux médias et anciens médias, je pense que c’est très méprisant de dire « la télé c’est fini, la radio c’est fini », déjà de un c’est faux, il y a des millions et des millions de gens qui regardent toujours la télé et la radio, et puis surtout la télé et la radio et les autres médias traditionnels font partis des nouveaux médias, ils s’adaptent aux supports, ils proposent de nouveaux contenus, ils réfléchissent à des manières d’innover. Je pense que les médias de demain, ce sont des médias comme Konbini évidemment, mais aussi des médias traditionnels qui vont s’adapter et adapter leurs contenus aux nouveaux supports.

Justement c’était ma prochaine question, vous êtes passé de la télévision au web, ce qui est assez rare, vous auriez envie de refaire de la télé prochainement ?

J’en fais toujours un peu quelque part, puisque les reportages que je fais aujourd’hui, sont des reportages filmés, de journalisme incarné, donc c’est quelque part un peu de la télé que l’on mélange avec les codes du web pour donner un produit hybride, nouveau. Mais oui bien sur la télé, c’est quelque chose que j’adore faire et je ne pense pas que la télé soit finie, comme je viens de vous dire. La télé s’adapte et il y a pleins de supers trucs à faire en télé, aujourd’hui on se concentre sur le projet Konbini News parce que c’est pour ça que je suis venu ici etc… Mais quelque part c’est de la nouvelle télé sur le web.

Et alors sur le web, à Konbini, est-ce que vous gagnez pareil qu’à Quotidien financièrement ?

Je ne gagne pas moins.

Vous avez le même salaire que celui que vous gagniez à Quotidien ?

Je ne pense pas que ce soit très important.

Non, mais c’est juste pour que nos auditeurs puissent savoir combien gagne un jeune journaliste comme vous.

Je gagne bien ma vie, voilà, je ne vais pas donner de chiffres, parce qu’après ce sera commenté et repris par tous les sites, y compris les sites people et je ne veux pas alimenter ça, mais je gagne bien ma vie.

Vous le voyez où votre avenir dans les cinq prochaines années ?

Impossible à dire, parce que si vous m’aviez posé la même question il y a cinq ans, je vous aurais répondu exactement la même chose, totalement incapable de prédire ce qu’il se passera dans cinq ans surtout que le monde des médias avance à une vitesse hallucinante donc même savoir où je serai dans deux ans, même pas dans cinq ans, c’est impossible à dire. Qu’est-ce qu’on fera ? Quelle forme on produira comme contenu journalistique ? Bien malin sera celui qui pourra prédire ça.

Début janvier, Libération avait fait un portrait peu flatteur sur vous, où certains de vos collègues disaient que vous aviez un égo, est-ce que cela vous a blessé ?

Non honnêtement, ça ne m’a pas blessé, je ne vais pas vous dire que c’est agréable à lire, c’est forcément désagréable mais ça fait partie du jeu quand on accepte, comme moi, de s’exposer médiatiquement, d’être présent à l’image dans les reportages, d’aller sur des plateaux télé, et bien on accepte ce qui va avec, c’est-à-dire être critiqué. Si ça devient insupportable d’être critiqué, il faut changer de boulot, il faut faire un journalisme qui n’est pas incarné et qui est derrière la caméra, qui nous expose moins, notamment aux critiques.

Finalement quel genre de collègue êtes-vous au travail ?

Il faut demander à mes collègues ! (rires) Non je ne sais pas, c’est très difficile de se décrire aux yeux des autres, il faudrait leur demander. Je pense qu’il y a des moments où je suis difficile à vivre, comme tout le monde, mais voilà pour en savoir plus il faut leur demander.

Et pour finir, dernière question, à quoi ressemble votre quotidien lorsque vous ne travaillez pas ?

Il ressemble à beaucoup de moments passés avec mes amis, qui sont un élément très important dans ma vie, j’accorde beaucoup d’importance à mes amitiés et j’ai besoin de voir très souvent mes amis. Alors ça peut être à Paris, en terrasse à boire des coups, ça peut être en allant au ciné, c’est assez bateau ce que je vous raconte mais c’est ma vie, ça peut être faire du surf à Biarritz, passer du temps avec ma petite copine… Voilà c’est un quotidien assez banal d’un parisien de 28 ans, je pense que tout le monde fait à peu près ce que je fais.

Merci beaucoup Hugo Clément

Merci à vous de m’avoir invité

 

 

Crédits photo : Romain Rigal

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