Le Parlement européen a levé hier l’immunité parlementaire de Marine Le Pen pour les propos qu’elle avait tenus sur les prières musulmanes de rue, comparant ces dernières à l’Occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale.
« Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler pour le coup. C’est une occupation de pans de territoire. Certes, il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais elle pèse sur les habitants. » Voilà les propos qui ont semé la discorde. Le 10 décembre 2010, lors de la campagne interne pour la présidence du FN, Marine Le Pen s’était exprimée ainsi pour évoquer les prières de rue des musulmans. Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) avait alors porté plainte. Réunis en séance plénière hier matin, les eurodéputés ont décidé de lever son immunité parlementaire. La présidente du Front National, qui est aussi députée européenne, n’est donc plus protégée, ce qui pourrait conduire à son renvoi devant la justice. Le parquet de Lyon souhaite l’entendre dans le cadre d’une enquête pour incitation à la haine raciale.
Digne du « Soviet suprême de l’Union soviétique »
Dans un communiqué, son parti a dénoncé une décision qui « exprime la crainte croissante de l’oligarchie face à l’irrésistible montée en puissance d’un mouvement patriote qui porte haut et fort la parole du peuple et propose de réelles solutions aux problèmes des Français ». Bruno Gollnisch s’est exprimé dans l’hémicycle de Strasbourg après la décision et condamne une procédure digne du « Soviet suprême de l’Union soviétique », faisant notamment référence au fait que Marine Le Pen n’ait pas pu s’expliquer sur le fond de l’affaire devant ses pairs. La principale intéressée, elle, assure qu’elle s’attendait à un tel verdict. La veille , elle déclarait : « Oui, ça va arriver parce que je suis une dissidente » mais « je ne le crains absolument pas » et « je m’en moque », estimant que son seul délit est d’avoir « osé dire ce que tous les Français pensent. » Sa réaction hier sur BFM TV suite à la décision va dans ce sens : « Ca ne me surprend pas », assure-t-elle. « Le Parlement a toujours considéré que l’on ne pouvait pas poursuivre un député pour des propos qu’il tenait. Mais moi je suis un cas à part, je ne peux pas être protégée car je suis une adversaire politique. » Elle a ajouté tenir entre ses mains une liste de trente députés européens dont l’immunité a été préservée pour des cas de fraude fiscale, détournement d’argent voire complicité de terrorisme (elle mentionne sur ce dernier point le nom de Daniel Cohn-Bendit).
Quelles suites?
Marine Le Pen a assuré avoir l’intention de se défendre devant la justice, et s’attend même à gagner son procès : «Je vais maintenant me défendre devant le tribunal et je suis absolument convaincue qu’il me donnera raison et protégera mon droit à dire aux Français la vérité sur la situation, notamment, des prières de rue, mais pas seulement. J’assume mes propos, je les défendrai et je prouverai devant le tribunal qu’il ne s’agit là en aucune manière d’une quelconque provocation à la haine ». On n’est donc sans doute loin d’avoir fini d’entendre parler de cette affaire de propos sur les prières de rue.
http://youtu.be/IA1vKVA73NE