Pour prendre une pause dans ses études, le jeune Alessandro Ford a décidé de quitter le Royaume Uni pour la Corée du Nord pendant quelques mois. Dans un entretien accordé au Guardian, il revient sur son étrange choix et partage ses impressions.
Décidément, la Corée du Nord ne cesse de faire parler d’elle ces temps-ci. Après avoir fait la Une en censurant de la musique, puis changé son fuseau horaire, le pays a pour la première fois accueilli un étudiant occidental dans son université de « Kim Il-sung » à Pyongyang. L’heureux élu se prénomme Alessandro Ford, fils d’un ancien député du Labour Party, qui considère la Corée du Nord comme une destination intéressante et atypique, y ayant déjà effectué plusieurs voyages. Le jeune homme aurait sans doute dû prêter davantage d’attention aux remarques (plus ou moins) ironiques de son père « si tu continues comme ça, nous t’enverrons étudier en Corée du Nord », répétait-il. Il semblerait ainsi qu’Alessandro ait légèrement sous-estimé la détermination de son géniteur : tout en précisant qu’il a lui-même choisi la destination de son échange universitaire, sa décision semble toutefois être influencée par les convictions de son père…
Ainsi, pendant tout un semestre passé dans le pays de Kim Jong-un, le jeune britannique a eu l’occasion de découvrir les coutumes locales. Ce qui l’a le plus marqué, confie-t-il au Guardian, c’est « l’absence de sexe de drogue et de rock and roll » – éléments vraisemblablement indispensables à la vie d’un étudiant. De plus, il a déploré une quasi-absence de relations affectives, soulignant la discrétion de ses camarades nord-coréens en ce qui concerne les rapports entre garçons et filles.
Certes, Alessandro rencontrait quelques difficultés à s’exprimer à cause de la barrière de la langue, et communiquait essentiellement en anglais. Les autres étudiants, curieux de savoir comment était la vie en dehors du régime le plus fermé et opprimant du monde, lui posaient beaucoup de questions concernant son pays. Très rapidement, le jeune homme comprit que la politique n’était pas le meilleur sujet pour une conversation amicale : la haine contre les Etats Unis se faisait ressentir, mais « ce n’est pas la faute des américains, ils sont malmenés et trompés par leur gouvernement », disaient-ils. Car si Alessandro s’est retrouvé parmi l’élite sociale du pays, c’est-à-dire des fils et filles de ministres, dit-il, aucun d’entre eux ne comprenait pourquoi Eminem ne chantait pas à propos de sa famille, ou à propos de l’amour qu’il porte pour sa patrie.
La solitude – caractéristique de nos sociétés capitalistes, individualistes et impérialistes – est également un concept que les nord-coréens ignorent totalement : Alessandro ne comprenait pas très bien pourquoi la douche était collective et que personne ne s’isolait pour appeler ses parents.
Cependant, cette expérience ne s’avère pas avoir été si mauvaise, à en juger par les nombreuses recommandations d’Alessandro de visiter le pays. Il assure qu’aujourd’hui, avec un peu de distance, il se rend compte que cette visite a eu un important impact sur sa vie.