Les intempéries de ce week-end en Côte d’Azur ont fait 18 morts et 4 disparus. Les spécialistes dressent un éventail des causes possibles du drame.
Des voitures empilées les unes sur les autres. Des rues dégoudronnées. Des maisons sinistrées par des coulées de boues. Et surtout des vies arrachées. Entre Mandelieu-la-Mapoule et Nice, en passant par Cannes, Antibes, Biot et Vallauris Golfe Juan, personne ne s’attendait à une telle catastrophe.
Une vigilance orange avait pourtant été décrétée par Météo France pour les Alpes-Maritimes le samedi 3 octobre. Mais la colorimétrie s’est avérée trop faible pour estimer ce qui attendait les habitants du littoral.
Après le drame, les sinistrés se demandent comment une telle crue a pu se produire. Les spécialistes passent au crible l’hypothèse du réchauffement climatique et dénonce également l’urbanisation à outrance du littoral azuréen qui rend les sols imperméables.
Phénomène naturel
Les orages se produisent fréquemment dans la région des Alpes-Maritimes et sur tout l’arc méditerranéen au début de l’automne et n’ont donc rien d’exceptionnel.
« Sous l’effet d’une dépression qui vient de la péninsule ibérique, un air chaud chargé d’humidité remonte vers l’Europe en provenance de la Méditerranée, explique au Monde Philippe Dobrinski, directeur de recherches au CNRS et coordinateur du projet HyMex. Il se heurte aux barrières montagneuses des Alpes, du Massif Central et des Pyrénées. Quand il remonte ces reliefs, l’air monte et se refroidit, entraînant la formation de précipitations. Cela déclenche des orages répétés et de fortes accumulations de pluie. »
Ce qui est moins courant en revanche, c’est l’intensité exceptionnelle qu’a pris ce phénomène. Ce week-end, 107 mm d’eau sont tombés sur Cannes, dépassant largement le record précédent de la région (70 mm).
Réchauffement climatique : « on manque encore de recul »
Vu l’ampleur exceptionnelle et la fréquence de ces crues qui ont frappé les littoraux français depuis une dizaine d’années, beaucoup de gens font le rapprochement avec le réchauffement climatique. Mais les scientifiques affirment manquer de recul pour valider une telle hypothèse.
Mais si le réchauffement n’est pas a priori la cause directe de ces phénomènes naturels, il peut constituer un facteur aggravant, comme l’affirme au Monde l’hydrologue Ghislain de Marsily. « Les climatologues nous disent qu’il faut s’attendre à ce que ce genre de phénomènes extrêmes soit plus fréquent avec le réchauffement. »
Ce qui expliquerait dans ce cas, non pas la survenue de la crue en Côte d’Azur, mais son caractère exceptionnel.