Après la diffusion de la saison 5 d’Engrenages sur Canal +, Caroline Proust remplace au pied levé une comédienne dans «Un été à Osage County ». Elle a néanmoins trouvé le temps de nous parler de sa vision de la place des femmes dans le monde.
Caroline Proust, la semaine dernière se terminait la diffusion de la 5ème saison d’Engrenages sur Canal +. Votre personnage, Laure Berthaud, tombe enceinte. Est-elle enfin devenue une femme ?
Mon personnage a toujours été une femme ! Une journaliste a écrit un jour : « Laure Berthaud a enfin un rôle de femme », alors que je ne l’ai jamais dit comme ça ! Laure Berthaud est bien une femme et ce n’est pas un homme qui s’est fait opérer.
Certes, il est difficile pour ce personnage de lier vie privée et vie professionnelle. Mais, malgré tout, elle a une vie amoureuse très poussée, comme par exemple avec Samy dans la saison 4 (NDLR : Le policier détaché à la DPJ, le service de Laure Berthaud).
Enfin, il est très plaisant de jouer le fait qu’elle soit enceinte, ca met mon personnage dans une émotivité et une fragilité particulière qu’on ne décelait par forcément auparavant.
Pensez-vous que les femmes ont les mêmes capacités que les hommes dans la Police ?
Hé bien, la police est évidemment un milieu masculin, on doit être musclé, autoritaire. Mais les femmes apportent autre chose, une psychologie différente. Cela sans pour autant dire que les hommes ne sont pas sensibles mais les femmes ont toute leur place dans la Police maintenant.
Voyez vous votre rôle comme un acte militant, pour la défense du féminisme ?
Mon rôle ? Il n’a pas forcément changé les choses. Je me dis juste que ca fait longtemps que les femmes essaient d’accéder à des postes importants et qu’elles doivent y arriver.
Or, les femmes n’ont pas les même chances que les hommes. Par exemple, elle ne sont pas payées autant car ce sont des femmes. Je suis scandalisée.
Vous engageriez-vous en politique pour cette cause ?
Non. Si on me pose des questions, je réponds volontiers à la presse, mais je ne ferais pas de politique non plus.
Et dans le monde du spectacle, ça se passe comment ?
C’est compliqué d’être une femme. On nous renvoie toujours à l’objet sexuel que l’on représente. Alors qu’on a envie d’être considérées comme des individus à part entière.
Par exemple, j’ai entendu un metteur en scène dire d’une actrice ( NDLR : enceinte pour la 3ème fois ) qu’elle était maintenant plus une mère de famille qu’une comédienne, qu’elle n’avait plus envie de jouer si elle faisait des enfants. J’ai été choquée. Si on décide de faire des enfants on nous stigmatise.
C’est la caricature de la femme dans les années 60.
Je pense qu’aujourd’hui la femme doit pouvoir lire le journal en fumant sa pipe pendant que le mec cuisine !
Laure Berthaud, cette femme-flic a-elle créé des vocations dans la police auprès de la gente féminine ?
Je ne sais pas trop. Mais je me souviens qu’une fois, j’ai eu le témoignage d’une femme qui m’a dit qu’elle hésitait entre avocate ou flic et qu’elle s’était déterminée en voyant mon personnage.
Des vocations chez vos enfants ?
Pas forcément… J’ai deux filles qui se positionnent très différement. L’une aime beaucoup et regarde avec intérêt chaque épisode de la série. Mais l’autre ne supporte pas, et je ne comprends pas pourquoi. Cela reste énigmatique.
Photo : © Caroline Dubois / Son et Lumière / Canal+