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Interview – Empire : « Dès que l’on touche à quelque chose de sensible, il faut le faire dans toute dans sa réalité et sa brutalité »

La saison 4 du plus musical de tous les soaps, Empire, a démarré hier soir (aux Etats-Unis et toujours sur Fox) et, à l’occasion de la dernière édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo, nous avons eu la chance de rencontrer l’aussi talentueux que sympathique Jussie Smollett (Jamal), dont l’implication envers la série et son personnage dépasse définitivement le « simple » cadre du petit écran…

Déjà quatre saisons de Empire et Jamal reste le personnage préféré de bien des fans de la série… Comment ce rôle est-il venu à vous ?

J’ai toujours voulu incarner Jamal. En fait, c’est ma sœur qui m’a fait suivre le lien de l’annonce parue dans Variety… précisant que Danny Strong et Lee Daniels se lançaient dans la création d’une série musicale hip-hop. J’ai immédiatement appelé mon agent en lui disant : « Heu… Hello ! Une comédie musicale hip-hop doit très certainement nécessiter la présence d’acteurs/chanteurs noirs, non ?! » (Rires). Il m’a obtenu le scénario et m’a demandé de le lire en réfléchissant à quel personnage je préférerais interpréter. Mais fallait-il réellement se poser la question ?! Naturellement, je voulais Jamal… Qui d’autre ?! Quand je suis allé passer l’audition, j’ai tout simplement dit que j’étais Jamal. Je suis chanteur, danseur, auteur, musicien… Il fallait qu’ils me laissent être Jamal. Je me suis senti immédiatement connecté à lui. Il y a des moments dans la vie où vous savez juste que vous êtes au bon endroit. En toute humilité… On le sent au plus profond de nous-même. Je savais que ce rôle était le mien.

Pour quelles principales raisons ?

Il y a certaines choses qui sont évidentes et d’autres beaucoup moins. Par exemple, je peux m’identifier à l’idée d’être un outsider… d’être incompris ou de devoir faire face aux préjugés… Jamal n’est pas quelqu’un de parfait. Ce n’est pas un personnage manichéen. Il est tout en nuances de gris. Comme chacun d’entre nous, finalement. C’est pour ça que tant de gens peuvent s’identifier à lui. Allez au-delà de la sexualité, de la race, de la culture, du genre ou même de l’âge ou de la religion… Nous venons tous d’endroits très différents et ça ne nous empêche pas de nous attacher à tous et à chacun. D’un certain point de vue, j’aime être sous-estimé. Car, ainsi, je peux surprendre. Mais mon principal point d’encrage avec Jamal reste son sens de la loyauté. Tout le reste peut être propice à débat. Même la notion de talent peut être subjective… Mais, pour moi, mon niveau de loyauté en amour, tout comme le sien, est indiscutable.

Tout n’est pas que chants et danses dans Empire… Jamal connait bien des épreuves. Comme être victime d’un coup de feu, par exemple. Avez-vous fait des recherches spécifiques pour ces arcs narratifs ?

Pour la scène d’impact proprement dite, oui, j’ai rencontré des personnes s’étant réellement fait tirer dessus. Je ne voulais pas risquer de surjouer et de virer au mélodrame excessif (rires). Pour aller plus loin, pour le début de la saison 3, lorsque Jamal connait des crises de stress post-traumatique et d’anxiété qui le conduisent à son problème d’addiction aux médicaments, j’ai passé pas mal de temps avec des gens souffrant de ces syndromes. Avant cela, j’avoue que j’étais plutôt ignorant en la matière… Je pensais que ce problème concernait surtout les hommes et les femmes militaires de retour de combats… où les victimes d’attentats. Mais, en fait, recevoir une balle est loin d’être une expérience minime ! J’en ai parlé avec vraiment beaucoup de monde… Des personnes fantastiques. Y compris des membres de l’équipe de la série à qui c’était arrivé. C’est terrible de voir à quel point cela peut affecter votre vie, vos relations… Je ne voulais vraiment pas que des personnes concernées se retrouvent devant la série et se disent que tout cela sonne faux. Oui, nous sommes un soap-opera. Oui, nous sommes sur une grande chaîne de divertissement. Mais dès que l’on touche à quelque chose de sensible, il faut le faire dans toute sa réalité. Sa brutalité.

La saison 4 sera pour vous l’occasion de passer également derrière la caméra en qualité de réalisateur. Que pouvez-vous nous révéler de cette nouvelle expérience ?

C’est quelque chose que je demande depuis la saison 2. Je les suppliais même (rires) ! J’ai fini par leur envoyer le vidéo-clip que j’avais réalisé pour ma chanson « F.U.W. » et ça les a convaincus de me donner ma chance. Je mettrai donc en scène le treizième épisode de cette saison 4 et j’avais particulièrement à cœur d’avoir la bénédiction de l’ensemble du cast… Et tout spécialement du Roi et de la Reine, Terrence Howard et Taraji P. Henson (rires). Ce qu’ils m’ont très gentiment accordé. Il ne faut juste pas que je me loupe à présent (rires)… Bref, je suis très excité et je compte bien profiter au maximum de chacune des opportunités que m’offrira Empire. En tant qu’artiste, je suis résolument conscient que tout ne sera pas toujours comme ça et je veux pouvoir travailler le plus possible. Ça compte énormément pour moi.

Au cours de la saison 3, Empire se déplaçait à Las Vegas…

Là, vous réveillez des plaies encore ouvertes (rires) ! En fait, nous avons tourné à Chicago. Nous étions tous surexcités à l’idée de partir pour Vegas quand nous avons reçu le script… Alors, quelle désillusion (rires) ! Mais bon, ceci dit, je crois que l’on parle de nouveau de Vegas pour la saison 4… Peut-être que cette fois-ci sera la bonne ?!

Que pouvez-vous nous dire du passage d’Eva Longoria dans la série ?

En fait, en comparaison avec les autres comédiens qui n’ont pas cette chance, je peux me vanter d’avoir l’opportunité de chanter avec beaucoup de formidables guests au fil des saisons. Mais je n’ai pas eu celle de directement travailler avec Eva Longoria… Et ça m’a fait mal (rires) ! Elle est tellement gentille et agréable. Elle est, indubitablement, l’une des plus grandes vedettes que nous ayons accueillies et elle a été particulièrement simple et formidable. Absolument toute l’équipe l’a adorée.

Que pensez-vous de l’impact que peut avoir, sur certaines personnes et dans le contexte social actuel, un personnage comme Jamal ?

Il y a une rencontre que je n’oublierai jamais et qui illustre bien ce sentiment. C’était à l’occasion d’une séance de dédicaces pour la sortie du premier album regroupant les chansons de la série… Est arrivée cette jeune femme, blanche et lesbienne, détails que je ne précise que parce que, au regard des standards de la société, c’est l’exact opposé de ce que je suis ; à savoir un homme noir et gay. Elle s’est approchée et m’a expliqué qu’elle n’avait encore, jusqu’à il y a peu, jamais regardé Empire. Elle en avait entendu parler mais n’avait pas encore eu l’occasion de voir la série. En fait, elle était sur le point se mettre fin à ses jours… Elle m’a montré ses bras et j’ai vu qu’elle se scarifiait. La vieille de sa tentative de suicide, elle surfait en ligne et a vu mon interview backstage chez Ellen… Elle a alors enchaîné toute la première saison d’Empire et, suite à ce visionnage, décidé de ne pas se tuer. J’en tremble encore… Des moments comme celui-là balayent tout ce que vous avez jamais pu entendre de négatif à propos de votre travail. Si ce que je fais a permis, d’une façon ou d’une autre, à sauver cette personne… C’est suffisant pour moi.

Propos recueillis et traduits par Vivien Lejeune à l’occasion de la 57ème édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo (2017).  

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Journaliste spécialiste des musiques de films et de séries sur VL
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