Sans remettre en cause l’objectif de déficit, Rome réduit ses dépenses publiques pour baisser les impôts et relancer l’économie transalpine. À moins que …
Sans tambour ni trompette, le Conseil des ministres a adopté hier le “Document de programmation financière“ (DEF) qui contient ses engagements à l’égard de Bruxelles pour les trois prochaines années. Au programme : 10 milliards d’euros de baisse d’impôts sur les ménage, auxquels s’ajoutent 2,5 milliards d’euros de baisse de taxes sur les entreprises pour « mettre dans les poches 1000 euros en plus (sur un an) et relancer la consommation » a claironné Matteo Renzi.
Il faut dire que l’enjeu est de taille pour le premier ministre italien, qui se doit de faire repartir l’économie, affaiblie par sept trimestres de récession et un taux de chômage des jeunes dépassant 42,4%.
Relance d’une part, contraction de l’autre
Revers de la médaille, ces cadeaux fiscaux exigent 12,5 milliards d’euros d’économies, si l’Italie veut rester en-dessous des 3% de déficits publics exigés par la Commission européenne. Parmi les principales sources d’économies visée par le DEF : la baisse des achats dans l’administration publique pour 1,5 milliards d’euros, la réduction des budgets de fonctionnement des ministères à hauteur de 100 millions d’euros chacun et dans la fonction publique, 85000 allégements de postes.
Si l’objectif affiché est de relancer l’économie italienne pour sortir du spectre de la déflation, las, il en sera autrement. S’il parvient à sortir l’économie transalpine de la récession par les baisses d’impôts, Matteo Renzi, en réduisant les dépenses pour financer cette mesure, annulera l’effet positif des baisses de taxe. « Derrière ces dépenses publiques, il y a des salaires et de l’investissement qui profitent directement au secteur privé et donc à l’activité, explique Christophe Ramaux – maître de Conférence au Centre d’Economie de la Sorbonne et membre du collectif des Economistes Atterrés. De fait, car la dépense publique est créatrice de richesse, ce qui est donné d’un côté par les baisses d’impôts sera annihilé, de l’autre, par la baisse des dépenses publiques. » En somme, c’est le serpent qui se mord la queue.