Les élections présidentielles avançant à grand pas, le parti républicain accueille le frère de George W. Bush les bras grands ouverts. Jeb Bush, contraction de John Ellis Bush, a débuté lundi sa campagne en amont des élections présidentielles. Petit portrait d’une fils Bush, mais pas n’importe lequel.
Faire la différence, mais pas trop
A l’âge de 62 ans, Jeb veut pouvoir se démarquer des deux George, son père et son frère – tout deux anciens présidents républicains des Etats-Unis – tout en restant un Bush. Programme contradictoire ? Pas forcément si l’on considère Jeb comme un maillon novateur dans la lignée Bush. En effet, marquer une certaine singularité de son personnage politique lui permet de se mettre en avant, premièrement, vis-à-vis de la dynastie Bush, secondement, vis-à-vis du parti républicain se plaçant de plus en plus à droite de la droite. Aussi, n’oublions pas que Jeb Bush est lié et redevable à sa famille à qui il doit aujourd’hui sa place privilégiée en politique. Jeb Bush est avant tout un fervent conservateur et héritier d’une culture de WASP.
Élevé dans une famille conservatrice, il va suivre les mêmes débuts que son père dans la très sélect Phillips Academy dans le Massachusetts. A 27 ans, il commence en Floride une carrière dans l’or gris, le béton de l’immobilier, amassant ainsi des millions de dollars. Depuis, il ne quittera presque plus la Floride, Etat qui lui a permis de voir décoller ses succès professionnels puis politiques. Mais une autre raison y est pour quelque chose: sa femme, Columba Garnica Gallo, qu’il épousera à l’âge de 21 ans. D’origine latino, c’est elle qui marquera le changement de politique de Jeb Bush ; il ira jusqu’à simplifier son parcours par cette expression qui lui est connue : « before Comumba/after Columba ». C’est également pour sa femme qu’il décidera de rester à Miami, ville où les Latinos peuvent retrouver l’ancrage d’un univers hispanophone du à la diaspora cubaine.
Après 1994, année où il décide de se convertir au catholicisme sous l’impulsion de sa femme, Jeb Bush n’est plus le parfait Wasp qu’on avait connu. Déjà considéré comme le rebelle de la famille en épousant une latino, le nouveau politicien Bush se démarque avant tout par sa vie privée.
L’évolution d’une politique conservatrice
La vie politique elle, le suivra dès que son père, George H. W. Bush, sera élu Président des Etats-Unis en 1989. Dès lors, la politique deviendra un univers familier pour lui. Le bureau Ovale, le Secret Service ou l’Air Force One, Jeb Bush saura tout du fonctionnement de la Maison Blanche. Mais c’est avant tout la défaite de leur père face à Bill Clinton en 1993 qui lancera deux des enfants Bush à marcher sur les traces de la dynastie Bush. Pour George Walker Bush, de sept ans son aîné, ce sera le poste de gouverneur du Texas, alors que Bill favorisera sa terre de prédilection, la Floride.
Dès lors, le jeune Bush se fera remarquer par des réformes économiques telles que la réduction des programmes d' »affirmation action » dont les Afro-Américains bénéficiaient et celle du nombre de centres médicaux pratiquant l’avortement. Aussi il veut s’affirmer en tant que protecteur de la liberté de choisir son école, de détenir des armes – loi dite « Stand your ground », « défendez votre territoire » -. Jusque là le fils prodige respecte la ligne de conduite de son clan, familial comme politique.
Mais le 18 février dernier, date de son premier discours de politique étrangère, Jeb Bush déclare « j’aime mon père et mon frère, mais moi c’est moi ». En parallèle d’un glissement à droite de la part du parti républicain, le candidat à la présidentielle de 2017 s’affiche comme un conservateur « moderne », plus ouvert sur la politique d’éducation et d’immigration. L’ancien dogmatique se veut davantage centriste au même moment où il est dans son intérêt d’élargir sa base électorale et de rayer sa réputation de radical.