Une jeune mannequin a défié les autorités en postant une vidéo d’elle marchant dans les rues d’Ushayquir, en Arabie Saoudite… en mini-jupe.
Dimanche, une jeune mannequin nommée « Khulood » a posté une vidéo d’elle sur Snapchat, dans laquelle elle portait une mini-jupe et un tee-shirt laissant apparaître son nombril.
Depuis, la vidéo de six secondes, également partagée sur Twitter, fait sensation. Pourquoi ? Parce que la jeune femme est Saoudienne et porter une mini-jupe est interdit dans son pays.
En effet, en Arabie Saoudite, toutes les tenues révélant les jambes ou le nombril sont jugées « indécentes ». Ces six secondes de vidéos sont donc à elles seules considérées comme scandaleuses par les autorités saoudiennes. D’autant plus que la mannequin déambulait dans le fort historique du village d’Ushayqir, une région particulièrement conservatrice du pays dans la province de Njad. Là-bas, les femmes sont obligées de porter des longues tuniques noires connues sous le nom de « abayas » et de couvrir leur visage et leurs cheveux si elles sont musulmanes. Elles sont aussi interdites de conduite et doivent être séparés des hommes qui ne font pas partie de leur famille.
La mannequin a reconnu avoir visité le site historique avec un gardien mâle mais a affirmé que les images avaient été diffusées sur les réseaux sociaux sans qu’elle le sache, d’après un porte-parole de la police cité par des journaux en ligne saoudiens.
Débat sur les réseaux sociaux
La vidéo a donc créé un énorme débat sur les réseaux sociaux. Si certains saoudiens défendaient la jeune femme pour son « courage », d’autres ont appelé à son arrestation pour avoir bravé le code vestimentaire strict de ce pays musulman. Ils pensent ainsi qu’on doit respecter les lois du pays. « En France, le niqab est interdit et les femmes ont une amende si elles le portent. En Arabie Saoudite, porter un abayas et des vêtements modestes fait partie des lois du pays », a-t-on pu lire.
Le journaliste et philosophe Wael al-Gassim, lui, a déclaré qu’il était « choqué de lire tous ces tweets effrayants » écrits par des gens « énervés ». Il a aussi ajouté : « je pensais qu’elle avait tué quelqu’un ou lancé une bombe. L’histoire était finalement sur sa jupe, qu’ils n’ont pas aimée. Je me demande comment la Vision 2030 peut être un succès si elle est arrêtée », la Vision 2030 étant le programme de reforme proposé l’année dernière par le nouveau Prince d’Arabie Saoudite Mohammed bin Salman.
D’autres ont aussi pris la défense de la mannequin en soulignant que la femme de Donald Trump, Melania, et sa fille, Ivanka, avaient choisi de ne pas porter d’abayas ni de foulards autour de la tête lors de leur visite en Arabie Saoudite en mai dernier.
Fatima al-Issa a écrit : « Si c’était une étrangère, ils loueraient la beauté de sa taille et l’enchantement dans ses yeux… Mais puisqu’elle est saoudienne, ils appellent à son arrestation. »
Des poursuites ?
Lundi, le journal Okaz a annoncé que les autorités d’Ushayqir avaient encouragé le gouverneur de la province et la police à prendre des actions contre la jeune femme. La police religieuse, le Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, ont écrit sur Twitter qu’ils avaient eu vent de la vidéo et qu’ils étaient en contact avec les autorités. Ils décrivent son crime comme étant : avoir pris « des photos alors qu’elle portait de habits indécents, manquant ainsi de respect et violant les enseignements de l’islam, ainsi que les traditions du pays. »
Khulood doit maintenant être transférée devant un représentant de la justice qui décidera de la détenir ou de la libérer et d’engager ou non des poursuites contre elle.
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