Le finaliste déchu de la primaire a fait savoir aujourd’hui à Bordeaux qu’il ne serait pas « une solution de repêchage ». Si Fillon renonce à sa candidature, à cause du scandale de corruption qui l’éclabousse, Les Républicains seront dans l’obligation d’improviser.
Non, Alain Juppé ne sera pas le candidat de secours du parti Les Républicains (LR) ! Le maire de Bordeaux a fait savoir à la presse locale, avant la réunion du Conseil de Bordeaux Métropole, qu’il ne se considérait pas comme « une solution de repêchage » en cas de retrait du candidat François Fillon de la campagne présidentielle. Selon Juppé, cette « polémique est préoccupante mais cela ne change rien à ma décision, parce que la primaire a eu lieu et que les électeurs se sont prononcés. »
Malgré tout, l’ex-ministre des affaires étrangères a prévu de se rendre à Paris dimanche pour soutenir Fillon lors de son meeting qui se tiendra à la Porte de la Villette. « Je l’écouterai avec beaucoup d’attention. Il faut que la campagne commence sur le fond, maintenant » a-t-il affirmé.
Si Alain Juppé a décidé de remettre les pendules à l’heure de cette façon, c’est parce que certains de ses anciens militants s’étaient mis à rêver qu’il pourrait redevenir le candidat légitime LR pour la présidentielle de 2017. Rappelons tout de même que François Fillon est dans la tourmente face aux accusations de corruption de la part du Canard Enchaîné. L’affaire concernerait sa femme, Pénélope, qui fut son attachée parlementaire pendant presque huit ans (de 1998 à 2007). Un poste qu’elle n’aurait jamais occupé mais pour lequel elle aurait quand même empoché entre 500.000 et 600.000 euros au total. Une coquette somme pour un emploi fictif.
Des accusations que Fillon a réfuté hier soir, au 20h de TF1, arguant que son épouse n’avait jamais occupé d’emploi fictif. Fillon n’a pas écarté un possible retrait toutefois : « La seule chose qui m’empêcherait d’être candidat, c’est si mon honneur était atteint, si j’étais mis en examen ».
Que se passera-t-il en cas d’«empêchement» de Fillon ?
Sachant que l’hypothèse d’une mise en examen est tout à fait plausible, que se passera-t-il si Fillon renonçait à être le candidat des Républicains ? Thierry Solère, le député LR des Hauts-de-Seine qui présidait le comité d’organisation de la primaire, a admis avoir été questionné à plusieurs reprises par des parlementaires sur ce qui se produirait en cas de retrait du candidat élu. Chacun aura obtenu la même réponse : « Rien ! »
En effet, le règlement de la primaire ne prévoit pas que le gagnant ne puisse pas se présenter à la présidentielle. Si Fillon est mis en examen et décide d’abandonner, Les Républicains devraient alors improviser. Le problème est qu’organiser une autre primaire dans des délais aussi courts semble être une mission impossible. Surtout que les élus qui parrainent les candidats à la présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 23 avril prochain, doivent déposer leurs formulaires remplis le 17 mars au plus tard, la liste des candidats étant close le 20 mars.
Malgré les déclarations de Solère, la principale solution pour Les Républicains serait de désigner un autre volontaire. Pour Juppé, c’est un non clair et définitif. Quid de Sarkozy ? Joint par nos confrères du Figaro, son entourage s’est relevé tout aussi catégorique, affirmant que « la question ne se pose pas, basta ». On imagine quand même que l’idée lui trotte dans la tête …