A l’occasion de la sortie de la série Les enfants sont rois, nous avons pu échanger avec Kévin Deysson, directeur des productions originales de Disney+.
Les enfants sont rois arrive sur Disney+ et est déjà une production très attendue et qui a fait sensation lors du dernier Festival de la Fiction. Une fiction importante adaptation du roman éponyme de Delphine de Vigan.
Quand une petite fille de 6 ans est kidnappée en plein jour, l’onde de choc dépasse son cercle familial car la fillette – Kimmy – est une star dont les vidéos postées quotidiennement sont suivies par des millions de spectateurs. L’enquête est confiée à Sara Roussel (Géraldine Nakache), chef de Brigade au SDPJ. Pour tenter de sauver la petite fille, Sara va devoir plonger dans un monde dont elle ignore tout et entrer dans l’intimité de cette famille qui a appris à vivre sous le regard de leur communauté. Tandis que les “fans” de la petite fille mènent leur propre enquête, établissent des théories et désignent leurs coupables, Sara se rapproche irrésistiblement de Mélanie (Doria Tillier), la mère de la petite. De confidences en confidences, cette mère de famille va dévoiler ses secrets et ceux de son entourage jusqu’à semer le doute sur le véritable coupable…
De quelle manière Les enfants sont rois s’inscrit dans la politique de Disney+ en matière de fiction française ?
Kévin Deysson : On a lancé l’écriture de cette série il y a 3 ans avec la volonté de toujours avoir une vraie diversité de contenus. Nous avons aussitôt été intéressé par le genre de la série – le thriller – et j’avais beaucoup aimé le livre de Delphine de Vigan. Quand j’ai appris que Fanny Riedberger avait acquis les droits, on s’est appelés et on s’est retrouvés parfaitement alignés sur la manière d’adapter la série. Cela nous permet donc de poursuivre cette recherche de pluralité dans les contenus : on a fait du drame, de la dramédie, de la comédie et c’est la première fois que l’on propose un thriller. On a aussi aimé que ce soit une série contemporaine qui prend place dans une arène nouvelle, que l’on a peu vu jusque là, celle des réseaux sociaux et des enfants influenceurs. Enfin, c’est une série très centrée sur ses personnages car ce n’est pas seulement une enquête, c’est aussi une série sur l’intime, sur ce qui se cache derrière cette famille.
Comment gardez-vous la spécificité de la plateforme (ce pourquoi on vient chez Disney+) tout en recherchant une singularité des programmes ?
Kévin Deysson : On s’est vraiment positionnés en complémentarité de nos studios que l’on connaît. Et toutes nos productions européennes s’adressent plutôt à un public adulte. On ne cible plus un public familial avec nos créations originales européennes comme on l’a fait au début. Depuis Oussekine, nos productions se tournent vers notre cible, les 18-49 ans. L’idée est donc d’amener un nouveau public sur la plateforme qui viennent compléter nos studios.
Notre singularité ne repose pas seulement sur le positionnement sur une cible, on réfléchit beaucoup en terme de diversité de genre, mais aussi dans la manière dont on travaille avec les producteurs, avec les talents. On veut des projets qui vont se distinguer par les auteurs qui y sont associés, par les sujets ou les thématiques abordés. Ou encore par le fait que ce sont des séries de personnages car c’est avant eux qui vont déterminer que l’on s’attache ou pas à la série (Tout va bien, Irrésistible, …). On recherche donc des concepts forts, lisibles, dans des genres assez identifiés. C’est important aujourd’hui d’avoir une lisibilité dans les contenus proposés car il y en a beaucoup et il faut que le public s’y retrouve. Une fois qu’on est lisible dans nos contenus, il faut contenir du désir sur nos contenus. Ca peut venir de l’adaptation de best-sellers comme ici avec Les enfants sont rois, ça passe aussi par le casting (on a la chance d’avoir un casting exceptionnel ici aussi), et enfin ça passera par l’angle que l’on choisit. Enfin on doit aussi surprendre grâce à une narration qui tient le spectateur.
Quand vous choisissez une série, vous avez aussi envie de « casser » l’image que l’on a de Disney aussi ?
Kévin Deysson : Ce n’est pas forcément comme ça que l’on réfléchit. Disney est une maison qui a 100 ans, qui est vraiment installée avec des marques fortes tournées vers les enfants. Donc c’est certains que quand on arrive avec des séries plus adultes, ça peut surprendre. Je pense que depuis le lancement de nos séries françaises – entre Oussekine, Tout va bien, Irrésistible – on a prouvé qu’elles étaient autre chose que des séries familiales, du Disney tel qu’on peut l’imaginer. Et au-delà de ça, n’oublions pas les autres séries sur la plateforme diffusées notamment cette année comme Shogun ou The Bear qui ont elles aussi montré que l’on était plus cette image. On assume s’inscrire dans la tradition de ce qu’est Disney par la qualité des textes, par la production value, par nos relations aux talents, aux auteurs, … Mais encore une fois, on cherche à surprendre dans la narration : on veut une narration différente, qu’on a pas forcément vu dans une aurtre série française.
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Vous avez de nouveau instauré la diffusion des séries avec un épisode par semaine … sauf avec les séries françaises. Pourquoi ?
Kévin Deysson : C’est amusant que vous disiez ça car moi j’ai grandit avec des séries dont je découvrais un épisode par semaine. La question du rendez-vous était pour moi quelque chose de très important. Mais les habitudes changent et le public a pris l’habitude de bingewatcher et peut ressentir une frustration à devoir attendre la suite. Après on a gardé la diffusion à la semaine pour les productions Marvel, Star Wars, … Mais on se pose la question quasiment à chaque fois selon le projet du mode de diffusion. Dans le cas de Les enfants sont rois, les rebondissements sont nombreux et la série peut facilement se regarder dans une soirée.