Bonne année, bonne santé, tous mes voeux de survie. Hier soir lorsqu’il a fallu fêter la fin de 2011, le coeur n’y était pas. Puis à la réflexion cette année passée ne pouvait être que meilleure que celle qu’elle précède.
Et en se forçant un peu, dans une ville a priori épargnée de la tourmente mondiale, au coeur de l’insouciance, j’ai oublié. Oublié la récession mondiale qui
pointe, oublié la montée inexorable de la misère et de la violence, oublié l’anniversaire raté de l’Euro, jusqu’en oublier même la perspective d’un quelconque avenir ici ou ailleurs. C’était sans compter ce matin la gueule de bois intellectuelle.
Nous n’avons pas beaucoup de chance, nous aurions pu naître 30 ans plus tôt, ou dans ces époques dans lesquelles tout semble faisable même l’impossible. Ici j’ai beau voir, beau chercher je ne vois rien que la perspective de la douleur et des larmes.
Cette semaine, ces mois prochains nous resterons sages, immobiles et fixés devant nos écrans de télévision, d’ordinateurs, de tablette ou de smart phone, en attendant patiemment l’éclat d’une minuscule source de lumière tandis que s’accumuleront les lot de mauvaises nouvelles et leurs désastreuses conséquences. Les chiffres de l’emploi catastrophiques, les perspectives de croissance nulles, l’augmentation du nombre de suicides, l’augmentation des taux d’intérêts, l’effondrement des changes, l’endettement,les pertes. J’en viens à comprendre le candidat Bayrou qui renonce à dresser le bilan de l’année passée pour ne pas déprimer des Français qui n’arrivent plus vraiment à sourire.
L’Horreur du cycle dans lequel nous nous trouvons réside dans l’absence apparente de l’esquisse même d’une solution, une impression qui se renforce au fur et à mesure que les sommets de la dernière chance se succèdent. J’ai une bonne nouvelle, nous sommes à l’horizon d’une époque culturellement enrichissante, ou enfin chaque citoyen parlera parfaitement grec, et connaitra la culture grecque sur le bout des doigts. La mauvaise nouvelle c’est qu’aujourd’hui nous sommes tous Grecs, ruinés, asservis par des cures d’austérité inefficaces. Je dis Grecs mais nous pourrions aussi être Espagnols et subir un plan d’austérité supplémentaire puisque les objectifs de réduction budgétaire ne sont pas atteints. Et il semble que plus nous sommes rigoureux moins nous remboursons…Triste Europe entraînée dans la spirale du désespoir.
Car au fil des plans d’austérité, nos économies se contractent et les gains substantiels espérés d’une croissance rendue impossible par l’austérité ne peuvent pas servir à rembourser la dette, alors on fait un plan d’austérité supplémentaire.
Evidemment je ne veux pas vous faire l’affront de vous demander qui supporte l’austérité… et on assiste impuissant au démantèlement de tout ce que à quoi on a cru, ou aimé tout en sachant très bien que les chances de réussite sont nulles. Prochainement on nous proposera une nouvelle solution , améliorer la compétitivité, adopter le modèle allemand et réduire les salaires. Mais quelle compétitivité alors que partout la demande se contracte, quel besoin de ne jurer que par l’exportation alors que partout les gens ne consomment plus. D’ailleurs l’Allemagne a peur, elle aussi, son modèle de réussite reposant sur la consommation des autres est probablement condamné prochainement à subir le même sort que ses voisins.
Voici notre constat d’échec. J’aimerais croire que nous pourrions sortir de cette crise « inouïe » mais je n’y crois pas, j’aimerais me mentir et oublier, mais c’est inutile car le réveil est encore plus douloureux.
Pourtant il y aurait bien quelques pistes, une perspective d’espoir, le lancement d’investissements majeurs dans l’avenir, la recherche, l’uniformisation fiscale dans un sens plus juste, des sacrifices oui, mais sans pour autant accabler ceux qui souffrent déjà tellement.
L’Europe n’a plus besoin d’austérité, plus de sommets, plus que jamais elle a besoin de courage, et d’espoir dans un avenir réaliste mais non pas condamné. Puissions-nous en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard…