Et je vous vois venir, criant au Loup, mettant le holà : Stop jeune idéaliste ! Pourtant si seulement des politiques dévoués à notre cause existaient… ils nous diraient : « le pouvoir est une drogue puissante, dont je me méfie ». Ils existent, mais en Tunisie, cette phrase et celle de son président de transition, Moncef Marzouk. En France, une soudaine envie de vomir me prendrait si j’entendais les principaux candidats à la présidence de la république la prononcer. Aujourd’hui, l’éclat de la politique s’effondre à mesure que les politiciens s’effondrent dans la médiocrité.
Evidemment je vais vous parler de grands noms, de grandes figures, bien sûr probablement pas toutes impeccables, mais il est nécessaire de les évoquer pour prendre conscience du désastre ambiant. Je vous propose pour en être sur de revoir les débats présidentiels qui ont opposé des grands hommes politiques tels que F.Mitterand ou Valéry Giscard d’Estaing pour ne citer qu’eux. Déjà nous pourrions étudier la qualité de la langue utilisée, un maniement parfait, une langue riche mais aussi incisive, des mots qui touchent et qui frappent. Il ne s’agissait pas alors de jouer sur l’image, mais sur la raison, et tenter par tous les moyens de la rhétorique et de l’argumentation de paraître l’homme qui sera le plus apte à gouverner le pays. C’était l’époque des présidents littéraires, cultivés, subtils et fins.
Ces hommes là, ont fait carrière sur leur engagement pour un pays, des idées, et des valeurs à une époque ou ce mot n’était pas dénaturé. Evidemment la possession du pouvoir était une ambition évidente, mais nous ne pouvons ici qu’applaudir la finesse d’un Mitterand.
Dès lors lorsque des hommes comme lui qui éclaboussait de son génie une génération de politiques, ou comme le général de Gaulle qui brillait d’harmonie entre l’homme et ses idées, étaient au pouvoir il y avait fusion entre l’homme et la fonction : ils étaient la France car ils étaient les plus à même de la représenter, ils étaient présidents car à leur manière ils étaient la France.
Triste pays ou la recherche de l’excellence à succomber à la volonté non pas d’être plus proche des Français, mais à la volonté de ressembler au plus abruti d’entre eux afin disent-ils de mieux les représenter. De la présidence on est passé à la beaufitude. Mon coeur est brisé mes oreilles sortent écorchées. Je ne veux pas d’une France Sarkozy, je ne veux pas d’une France Hollande. Je veux un Président qui soit l’image de la France.
Je n’en vois plus, pour moi aucun ne la mérite, et on leur donne bradée. J’aimerais tellement trouver, j’aimerais tellement, mais je ne trouve pas. Sinon du côté de l’académie, ou de quelques octogénaires.
S’il n’y a plus de présidents qui méritent la présidence, supprimons la ! Un pouvoir aussi puissant ne peut pas être laissé aux mains de quelqu’un qui ne le mérite pas.
Il est temps de supprimer cette institution qui n’était faite que pour des hommes de la trempe d’un De Gaulle, Giscard, Mitterand et même d’un Chirac. Ceux qui volaient au dessus de la mêlée et qui n’étaient pas cette mêlée, des renards admirés et craints, la séduction du pouvoir. On peut être socialiste et penser qu’Hollande ne fait pas l’affaire comme être de droite et se dire que Sarkozy président, ça a été la plus grande farce de l’histoire de France. Ce n’est pas une critique facile, mais un constat. Le seul moyen de sauver la présidence, le statut de l’Etat c’est de supprimer la présidence, ou du moins de remodeler complètement ses attributions.
Dans ma conception, le président de la République, resterait le chef de l’Etat mais verrait ses attributions modifiées. Tout d’abord il serait élu par l’Assemblée Nationale sous proposition des différentes Académies, sa première fonction serait non l’exercice du pouvoir, mais la représentation de celui-ci. Chef des Armées, garant de la constitution il serait président du conseil constitutionnel, mais se verrait dans l’interdiction la plus totale de s’exprimer sur la politique intérieure à moins qu’une situation d’urgence le nécessite. Son mandat de 7 ans serait non renouvelable et essentiellement honorifique, même s’il aurait un rôle primordial à jouer dans la politique extérieure. De cette manière il ne serait pas acteur, ni protagoniste,et encore moins magouilleur mais simplement spectateur de la lutte politicienne. Il ne pourrait pas dissoudre l’Assemblée Nationale, ni le Sénat, et ne pourrait être destitué que si 2/3 du parlement le décide. C’est à ces conditions là qu’il serait vraiment l’incarnation de la nation, le garant de la superbe de l’Etat et d’un sentiment de justice.
D’ailleurs il en va de même pour beaucoup de choses, je ne veux pas d’un politique qui ressemble ou fait tout pour ressembler à un imbécile, je ne veux pas d’un piètre comédien, autant faire moi de la politique ! Et d’ ailleurs, il est j’en suis sûr primordial désormais que les citoyens participent plus activement dans la vie politique de leur pays. En cela il est nécessaire de remplacer les sondages, par l’organisation de consultations populaires régulièrement afin de redonner aux français le sentiment de maîtriser leur destin. Dès lors la politique serait obligée de retourner à ses racines, et la recherche absolue du pouvoir céderait un petit peu de place à la volonté de convaincre ses compatriotes de ce qui est le meilleur pour eux. La limitation de la durée des mandats, si elle est en ce sens un premier pas est clairement insuffisante.
Pour moi les réformes institutionnelles à mener sont urgentes, de la suppression de la fonction présidentielle telle qu’elle existe à la démocratisation effective de l’exercice du pouvoir, en passant par l’indépendance totale de la justice. La France vit une crise de conscience, il est temps pour elle de se remettre en question totalement. Il ne s’agit pas non plus d’appeler de ses voeux l’instabilité du pouvoir, seule une demi-proportionnalité pourrait être introduite du moins pour l’une des deux chambres… Il s’agit de construire une république moderne et démocratique ou enfin la recherche du consensus et le débat d’idées remplacerait la cour de récréé…