Peut-être que vous vous demandez pourquoi les politiques s’acharnent sur l’abattage rituel, sur le voile et autres broutilles, mais êtes-vous demandés rien qu’une fois si ce n’était pas l’aveu d’une terrible impuissance ?
Montesquieu était attaché à l’équilibre des pouvoirs, il serait probablement désolé de voir l’omniprésence du pouvoir économique et la cinglante défaite du politique.
Aujourd’hui alors que la France se transforme en friche industrielle et que le chômage atteint des records, la Chine et l’ouvrier chinois que l’on montre comme l’odieux responsable de ce désastre connaissent une situation tout à fait effrayante : 400 milliardaires chinois possèdent 459 milliards de dollars (selon un classement Forbes) tandis que 150 millions de petits chinois vivent avec moins d’un dollar par jour . Au-delà de toute idéologie, désirons nous vraiment un tel système ?
Ca y’est c’est fini, je ne crois plus à cette main invisible qui pourtant porte si bien son nom. Je ne crois pas que l’autorégulation du marché permette non pas une stricte égalité mais tout simplement l’assurance du bien être pour le plus grand nombre…
D’après le rapport 2010/2011 du rapport mondial sur la sécurité sociale de l’Organisation Internationale du Travail. » Si l’on tient compte des personnes ne faisant pas partie de la population active, on évalue que seulement 20 pour cent de la population mondiale en âge de travailler ont réellement accès à une protection sociale complète et adéquate. »
Alors pitié qu’on m’explique je ne demande que ça, comment le développement de la libre entreprise, le retrait du politique et la non intervention de l’Etat est un facteur de prospérité ? Evidemment ces vieilles problématiques nous semblaient bien éloignées, très éloignées, dignes d’un Germinal du XIXème siècle, pourtant à l’heure de la mondialisation et des licenciements fréquents, la menace d’une paupérisation massive nous guette plus que jamais.
Je m’accuse consommateur occidental stupide de causer ma propre perte en étant un inconditionnel d’Apple.
La logique de la mondialisation a projeté les économies développées en face de leurs responsabilités, l’abaissement des taxes douanières initié à la fin de la guerre par le GATT (General Agreement on Tarif and Trade ) a certes permis l’essor du commerce international et un développement rapide et assuré des économies engagées dans le libre-échange. Cependant il consacre aussi l’abandon du contrôle du tarif douanier et le renoncement donc à ce que certains appelleraient « un protectionnisme intelligent ». Non n’hurlez pas, pitié, je ne crache pas sur les bienfaits de cette politique : le consommateur a vu son pouvoir d’achat augmenté, et les entreprises ont pu accéder facilement à de nombreux marchés.
Malheureusement l’ouverture des marchés occidentaux a entrainé une violente compétition entre les différentes économies, alors oui une concurrence peut être saine, seulement quand elle est loyale. Tout le drame repose sur ce constat : La concurrence est-elle loyale ?
Un ouvrier français peut-il rivaliser avec un ouvrier chinois ?
Alors ma question est simple peut-on imaginer que la non intervention de l’Etat, la libre régulation du marché permet d’encadrer cette concurrence, ou au contraire si cela profite à l’exploitation des failles du système ?
C’est très simple alors que la mondialisation économique s’est concrétisée, que le pouvoir économique et financier n’a plus de frontières, le politique lui est toujours réduit au seul territoire national, et maintenant la concurrence s’exerce à coup de compétitivité drastique : baisse du coût du travail, remise en cause du système social etc. Le politique reste donc impuissant quand il ne favorise lui-même pas le dépouillement, l’exploitation des autres, pour le profit de quelques uns… L’idole même des modèles libéraux, le modèle allemand avec ses 2,5 millions de salariés précaires est un échec, et un échec cuisant.
Je ne crois pas, je ne pense pas que l’on peut imaginer la mondialisation du libéralisme économique sans avoir auparavant mondialiser les normes sociales.
Avant que l’on ne m’accuse de communisme facile (je n’appelle pas à la collectivisation des moyens de production, juste à un peu plus de régulation), ou de protectionnisme on peut se demander si le système actuel est économiquement viable ? Je remarquerais une seule chose : si on estime que l’accroissement des revenus du travailleur est un moyen d’élargir le marché des potentiels consommateurs, pourquoi s’acharne-t-on, alors, à vouloir produire à bas coût : l’effet de la crise est là, alors que l’Europe se paupérise, la Chine voit son exponentielle croissance diminuer justement à cause d’un marché européen qui se contracte.
Non définitivement tout cela ne semble pas sérieux…