Le printemps érable au Canada a surpris tout le monde, les québécois les premiers. Quelle idée nous dira-t-on de se lancer dans une sévère contestation étudiante et sociale pour une augmentation des frais de scolarité (325 $ dollars canadiens par année sur 5 ) somme toute modeste diront certains. Pourtant c’est oublier le malaise des étudiants québécois, c’est sous estimer la souffrance d’une jeunesse qui peu importe où elle se trouve semble promise à tout sauf à un avenir meilleur.
La génération Apple, Y, ou X, celle pourrie par l’individualisme, ne devait jamais se réveiller, trop satisfaite par ses petits caprices, elle devait rester docile, malléable, sage : c’est oublier que c’est la jeunesse qui donne le dynamisme d’une société.
Compter sans elle, c’était compter sur l’ordre établi, celui qui a fait ses preuves, celui qui doit absolument être conservé et à n’importe quel prix.
Peu importe la passion, peu importe l’espoir, peu importe les rêves, rien ne doit changer au nom de la réussite verrouillée de certains.
Il faut étouffer dans l’oeuf les mouvements qui troublent le vieux malade qui agonit.
C’était sans compter la résistance farouche, de plusieurs peuples d’insoumis qui comme à leur habitude s’imposent par leur courage et leur audace. Je veux parler de la noblesse et la vaillance des indignés espagnols, je veux parler du courage de la jeunesse grecque lorsque celle-ci ne tombe pas dans les égarements de l’extrême droite, je veux parler de la folie des étudiants québécois.
Voilà des jeunes, des étudiants, qui laissent de côté leur apparent confort personnel, leurs petites occupations, voilà des élèves qui donnent au monde une leçon d’humanité et de politique.On ne leur imposera pas ce dont ils ne veulent pas, on ne fera pas sans eux, la politique de demain, puisque justement ils sont les seuls à proposer une véritable vision de leur pays.On les traite de fainéants, de pourris gâtés, je vois des résistants qui n’hésitent pas à défier dans l’immense majorité pacifiquement les forces de l’ordre qui malheureusement deviennent parfois les forces du désordres, de la discorde. Les tambours face aux matraques, les sourires contre la fermeté d’un visage serré.
Il y a la bas en Amérique du Nord comme il y a ici en Europe, de fiers villages qui luttent contre l’envahisseur qui a conquis l’ensemble du monde connu excepté le coeur de ces jeunes gens, et ces coeurs battent violemment et se battent paisiblement face à ces tentatives de les faire taire.Et ils ont raison même si l’augmentation peut sembler modeste au Quebec, même si la dette peut sembler colossale en Grèce et en Espagne, on ne peut pas, on ne doit pas compter sans eux, on ne peut pas, on ne doit pas, les museler.
Ou alors c’est le risque à prendre d’une réaction bien plus violente encore.
Jean-Noël Galve de Rochemonteix